Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Mondial junior : après une fin prévisible, la vérité sort

Publié
Mise à jour

GÖTEBORG, Suède – Personne n'a eu à récupérer sa mâchoire au sol quand les joueurs d'Équipe Canada junior se sont alignés sur leur ligne bleue, les joues humides et la mine basse, après avoir été éliminés par la Tchéquie. Les signes annonciateurs de cette déconvenue étaient clairs depuis longtemps.

Dans son premier match du tournoi contre la Finlande, le Canada avait eu besoin de la contribution de ses spécialistes défensifs, des attaquants supposés fournir énergie et paix d'esprit, pour l'emporter. Rien d'anormal là. Chaque année, des joueurs sortent de la marge pour inscrire leur nom dans les annales de la compétition.

Le suivant a été plus accompli, mais contre la Lettonie, on ne s'attendait à rien de moins. Et encore là, le gros du travail avait été accompli par le plus jeune joueur de l'équipe. Un autre indice.

Contre la Suède, les bons moments ont été trop rares, les efforts trop dosés. Sans quelques gros arrêts du gardien Mathis Rousseau, le pointage aurait sans doute été un meilleur indicateur de l'écart qui existait entre les deux puissances. Deux jours plus tard contre l'Allemagne, le Canada a attendu à la 49e minute avant d'inscrire le but vainqueur. Ce sont les deux buts de Celebrini, encore lui, qui ont retenu l'attention.

En quarts de finale, ceux dont le réveil était attendu n'ont qu'à moitié montré leur visage. Tout a été fait pour remonter la pente dans les deux dernières périodes, mais le mal avait été fait. Les mêmes problèmes qui avaient été identifiés dans les jours précédents ont continué de plomber l'équipe.

Prêté par les Bruins de Boston, Matthew Poitras n'a pas fait la différence comme on l'en croyait capable. Il a mis du temps à s'adapter à son nouvel environnement et n'a marqué que deux buts, dont un dans un filet désert.

« Je sentais que je tenais mon bâton trop serré, je ne pouvais pas trouver le fond du filet. Je ne sais pas, c'est poche. J'ai l'impression d'avoir laissé tomber les gars, d'avoir laissé tomber mon pays », s'est-il désolé après l'élimination.

Expulsé dès le début du match contre l'Allemagne, Conor Geekie a terminé son voyage avec deux buts inscrits contre la Lettonie. Matthew Savoie, le neuvième choix du repêchage de 2022, a été limité à une mention d'aide.

« Notre exécution a fait défaut, on n'a pas profité de nos chances, a dit Savoie. On s'est offert beaucoup de chances, mais ça ne voulait pas rentrer. La ligne est mince entre la victoire et la défaite. »

Depuis que les voyants lumineux avaient commencé à s'allumer autour de sa formation, l'entraîneur-chef Alan Letang avait protégé ses poulains des critiques. La défaite ultime lui a fait l'effet d'un sérum de vérité. Pour la première fois, de subtiles reproches sont apparues dans son discours.

« On n'était pas prêts ou on n'a pas su se créer assez de deuxième et de troisième chances autour des filets adverses. Les équipes avec de gros défenseurs, les équipes qui jouaient lourd nous gardaient loin des zones dangereuses. Il aurait fallu être un brin plus déterminés, un brin plus désespérés pour entrer à l'intérieur. »

« Les joueurs qui reviendront l'an prochain seront probablement plus déterminés, plus acharnés, plus conscients de ce que ça prend pour jouer dans ce tournoi. »

Les regrets de Rousseau

Mathis Rousseau avait été l'un des piliers du parcours canadien avant ce match sans lendemain contre la Tchéquie. Son arrêt miraculeux contre la Finlande avait directement mené au premier but canadien dans le tournoi. Il avait ensuite blanchi la Lettonie et gardé le fort avec aplomb contre la Suède. Les trois buts qu'il avait accordés contre l'Allemagne l'avaient été alors que son équipe se défendait en désavantage numérique.

Contre la Tchéquie, le gardien des Mooseheads de Halifax a démontré ses premiers signes de faiblesse. Les deux buts qu'il a accordés en première période étaient à sa portée. Il s'est racheté un arrêtant un tir de punition, mais ça n'a pas suffi.

Il ne s'est pas défilé et a assumé la part du blâme qui lui revenait.

« Je suis déçu de ma performance en tant que telle. C'était un gros match dont les gars avaient besoin. Il y a des moments où j'ai répondu, mais les deux premiers buts, c'était assez faible. C'est sûr que ce n'est pas mon meilleur match. J'ai essayé de donner les meilleures chances à mon équipe. »

« J'en retiens que rien ne t'es donné. Même si tu domines un match, ça prend un ou deux bonds et tu peux perdre quand même. C'est une bonne expérience pareil, c'est un gros tournoi. Perdre de cette manière-là, c'est plate. »

Rousseau, qui n'a jamais été repêché par une équipe de la Ligue nationale, pouvait espérer utiliser sa participation au Mondial junior pour laisser une belle carte de visite.

« C'est oui pis non, a-t-il conclu. J'ai eu un bon début de tournoi, fait des arrêts importants. Mais il y a des moments aujourd'hui où j'aimerais ça me reprendre. J'ai quand même été capable de montrer que j'étais capable d'être ici, mais c'est sûr que j'aurais voulu en montrer plus. »