Blanchis, mais « pas 'shakés' pour une 'cenne' »
GÖTEBORG, Suède – Lors de notre visite à Ängelholm, la veille du match entre le Canada et la Suède, Adam Engström racontait à quel point il regrettait ne pas pouvoir être à Göteborg pour le Mondial junior. L'espoir du Canadien a eu 20 ans en novembre et n'était donc pas admissible à représenter son pays pour une deuxième année consécutive.
Il aimait bien les chances de ses anciens coéquipiers – huit joueurs avec qui il a vécu l'expérience à Halifax il y a un an sont de retour avec la sélection – et disait s'attendre à ce que ça se joue entre l'équipe hôtesse, les Américains et les Canadiens. Lorsqu'on lui a dit que le Canada faisait figure de négligé cette année, le jeune homme a écarquillé les yeux et laissé tomber sa tête légèrement vers l'arrière.
Le Canada négligé, vraiment?
C'était effectivement le mot qui circulait depuis les balbutiements du tournoi. Et vendredi, on a bien vu que ce n'était pas une exagération.
Contre une équipe hôtesse appuyée par une bruyante foule partisane, les doubles champions en titre n'ont pas fait le poids. Ils se sont inclinés par la marque de 2-0, un pointage trompeur qui ne reflète pas avec justesse l'écart qui existait entre les deux rivaux durant ces 60 minutes.
Ce résultat assurait à la Suède le premier rang du groupe A. Le Canada confirmera sa deuxième en récoltant un point contre l'Allemagne la veille du jour de l'An.
De la frustration? Il y en avait certainement dans le camp perdant après une telle correction. Mais Maveric Lamoureux a fait de son mieux pour mettre les choses en perspective.
« Ça arrive une défaite. L'an passé, ils ont perdu en partant contre la Tchéquie. Ça ne veut rien dire. Ça ne nous a pas shakés pour une cenne. On a une très bonne équipe et je pense qu'on est encore vraiment en confiance. »
En première période, les Canadiens ont survécu à la perte temporaire de Denton Mateychuk, leur meilleur défenseur, et ont purgé avec brio une pénalité de quatre minutes décernées à Fraser Minten. L'effort était louable, mais on sentait que ça allait prendre plus.
Les signes annonciateurs d'une prise de contrôle suédoise se sont confirmés dès le retour de l'entracte. Tom Willander a fait mouche dès la deuxième minute de l'engagement médian. L'avance a été doublée par Noah Östlund à la mi-match. Dans les deux cas, le manque d'engagement des attaquants canadiens dans leur territoire a été exposé.
Et on ne parle pas ici de cas isolés. Esseulé derrière un collectif confus et dépassé, Mathis Rousseau a dû se surpasser pour garder l'adversaire à une distance raisonnable.
Auteur d'un superbe arrêt du bout du patin droit en première période, le gardien québécois s'est démené pour limiter les dégâts en deuxième et a stoppé Fabian Wagner sur une échappée pendant un jeu de puissance canadien en troisième.
« Ce qui nous a fait mal, c'est qu'on n'a pas joué pendant 60 minutes, n'a pas caché Lamoureux, le joueur le plus sollicité de l'Unifolié (26 :20). C'est ça qui nous a coûté le match. En deuxième, ils ont été meilleurs que nous, on n'était pas prêts pour cette période-là. Ils ont été opportunistes et ça a changé toute la game. »
« Je crois qu'on a mal géré le long changement en deuxième période, a constaté l'entraîneur-chef Alan Letang. On a laissé trop de distance entre nous. Quand ils retraitaient vers leur territoire pour réinitialiser leur attaque, on tournait et retraitait en zone neutre plutôt que de leur faire la vie dure en appliquant la pression. Ça leur a permis de prendre leur erre d'aller. »
La performance de Rousseau n'a rien changé au résultat final. En étant blanchie, l'attaque canadienne a subi le même sort que celles des Lettons et des Allemands avant elle. La Suède, qui compte dix choix de première ronde au sein de sa formation, n'a toujours pas accordé un but depuis le début du tournoi. Ses deux gardiens n'ont jusqu'ici été défiés que par 56 tirs cadrés. Hugo Havelid a réalisé 21 arrêts pour être crédité du jeu blanc vendredi.
« On n'a pas rentré vers l'intérieur, on ne s'est pas donné de chances de première qualité, ne s'est pas gêné pour dire Lamoureux. On a joué en périphérie. Ils ont été bons défensivement, mais il fait vraiment trouver un moyen pour rentrer et avoir de meilleures chances. »
Faux espoirs et confusion
Le Canada croyait bien se voir offrir une chance inespérée de remonter la pente en fin de troisième lorsqu'Owen Beck a semblé être victime d'une mise en échec par derrière.
Après une longue réflexion devant la reprise vidéo, les officiels ont toutefois jugé qu'il n'y avait pas matière à pénalité sur la séquence.
« On regardait sur notre iPad et on pensait qu'il avait été frappé dans le dos, mais on ne peut rien changer à ce qui a été décidé, a philosophé Letang. Les officiels vont rendre la décision qu'ils croient être juste et il n'y a rien que je puisse dire ou penser qui soit plus pertinent que ça. »
Comble de malheur, une bourde inusitée a ensuite anéanti les derniers espoirs canadiens. Rappelé au banc à la faveur d'un sixième joueur, Rousseau a exécuté les ordres avant de prendre l'initiative de retourner dans la mêlée en voyant qu'aucun coéquipier ne prenait sa relève. Il n'a pas eu le temps de se rendre à son filet que les officiels signalaient un surplus de joueurs canadiens.
Rousseau a eu l'impression d'attendre dix interminables secondes avant de revenir sur ses pas. Letang a parlé d'un « léger délai ».
« Il doit avoir pensé que quelque chose clochait, je ne suis pas trop sûr, a commenté Letang. On contrôlait la rondelle. On ne voit pas souvent un gardien décider de retourner sur la glace. »
« J'aimais mieux revenir dans mon but, ne pas prendre de chance que ça fasse 3-0. C'est juste une erreur mentale. Il y a quelqu'un qui n'a pas fait sa job », a interprété Rousseau.