Le prodige se met en marche
Mondial Junior samedi, 27 déc. 2014. 19:56 samedi, 27 déc. 2014. 22:20MONTRÉAL – Ne vous posez plus de question : la main droite de Connor McDavid est guérie et officiellement prête à subir les rigueurs du Championnat du monde de hockey junior.
McDavid a finalement marqué son premier but du tournoi samedi, le premier d’une victoire de 4-0 d’Équipe Canada aux dépens de l’Allemagne. Voilà ça de réglé.
En soi, la séquence qui a mené à cette réalisation attendue n’a rien prouvé. McDavid a surgi devant le filet, s’est acharné sur le retour de son propre lancer et l’a finalement poussé derrière la ligne rouge. Aucune dextérité particulière exigée, rien à soumettre à un concours de beauté.
Le véritable test est plutôt survenu dans les instants qui ont suivi, quand McDavid a célébré son premier filet depuis le 11 novembre en se précipitant vers le coin de la patinoire et en cognant de toutes ses forces sa paume affaiblie contre la baie vitrée.
Une nation entière a retenu son souffle. McDavid s’est retourné, a recraché son protecteur buccal et, à travers la grille de son casque, a laissé entrevoir un timide sourire de satisfaction.
La Terre pouvait recommencer à tourner. Équipe Canada junior avait retrouvé son jeune prodige.
« Je crois qu’il a voulu vous envoyer un message subtil pour vous faire comprendre que vous n’aviez plus de raison de vous inquiéter », a lancé son compagnon de trio Curtis Lazar en exhibant le sourire qui fait sa marque de commerce.
« Pas besoin de chercher une explication en profondeur pour ça. Ce n’est qu’une célébration », a toutefois laconiquement répliqué McDavid, qui semble apprécier beaucoup plus son temps sur la patinoire que devant les caméras.
« On va lui demander qu’il ne fasse plus ça! », a lancé à la blague l’entraîneur canadien Benoît Groulx, qui ne semblait pas trop préoccupé par les élans d’enthousiasme de son talentueux joueur de centre.
McDavid, qui avait dominé la colonne des tirs au but avec six la veille, a terminé sa soirée de travail avec ses trois premiers de la compétition. Huit minutes après avoir ouvert le pointage en tout début de match, il a alimenté Curtis Lazar et observé le capitaine canadien déjouer Kevin Reich côté biscuit. Il a aussi récolté une autre passe sur le but de Madison Bowey en fin de match.
« Il nous fallait être patient avec lui. Il a trop de talent et on savait que tôt ou tard, il trouverait le moyen de faire la différence, a rassuré Groulx. Ce soir, dès le début du match, il a trouvé le fond du filet et ça lui a visiblement donné beaucoup de confiance. Il n’est pas habitué d’être menotté pendant deux ou trois matchs, mais il a réagi de la bonne façon et ce soir, il a montré à tout le monde à quel point il est bon. »
« Après le match d’hier, on n’était pas satisfaits de notre performance. On est rentrés à l’hôtel et on ne s’est pas dit grand-chose. On est des athlètes dévoués et déterminés. Ce soir, Connor a répondu de brillante façon », a vanté Lazar.
Tous les points de McDavid ont été obtenus en avantage numérique. Le Canada a marqué trois fois sur cinq jeux de puissance tout en sachant neutraliser celui de l’Allemagne, qui a été déployé à six reprises.
« Il n’y a pas de doute que ce soir, les unités spéciales ont fait la différence pour nous », a souligné Groulx.
Nic Petan a quant à lui amassé trois points dans un deuxième match de suite.
Max Domi a complété la marque en milieu de troisième période, se permettant d’admirer pendant une seconde la sublime passe que venait de lui envoyer Sam Reinhart avant de pousser le disque dans une cage béante à mi-chemin au dernier tiers.
« Ils nous ont déstabilisés »
Au lendemain d’une dégelée de 8-0 infligée à la Slovaquie, le Canada n’a pas exécuté le carnage attendu par plusieurs. L’Allemagne a mieux paru que bien des adversaires mieux cotés récemment passés dans le tordeur par ÉCJ.
Et aussi longtemps que ce mince espoir reposait sur ses épaules, le gardien Kevin Reich leur a permis d’y croire. Parmi ses 27 arrêts, le cerbère germanique en a réservé deux superbes à Domi en première période. Jake Virtanen a également été volé par la rapide mitaine du portier.
« Ils nous ont sans l’ombre d’un doute déstabilisés, a avoué Groulx, mécontent du rendement des siens au deuxième vingt. Après une période, on a peut-être pensé que ça serait un match qui ressemblerait à celui d’hier. C’est une erreur qu’il ne faudrait pas refaire. »
Devant le filet canadien, Eric Comrie a copié l’exploit réalisé 24 heures plus tôt par Zachary Fucale en stoppant tout ce que les Allemands ont envoyé en sa direction. Et donc, pour la troisième fois de son histoire et la première fois depuis 2010, Équipe Canada junior a amorcé son tournoi avec des jeux blancs consécutifs.
Comrie a été l’auteur de 17 arrêts. Son plus beau est survenu en deuxième quand un mauvais changement dans la brigade défensive canadienne a permis à Marc Michaelis de s’échapper. Le Canada menait alors 2-0 et Comrie s’est assuré que cette avance subsiste.
« Cet arrêt a changé l’allure du match. Dans une rencontre comme celle-là, où les Allemands sont parvenus à tenir en échec pendant les deux premières périodes, ça a été un gros jeu de sa part », a constaté Petan.
« Leur attaquant a reçu une belle passe pour s’échapper. Il s’est approché, a pris un lancer bas, je me suis penché et j’ai fait l’arrêt. C’est tout », a décrit Comrie, à qui il semble en falloir beaucoup plus pour s’émerveiller.
L’intrigue est toujours entière quant à l’identité du gardien qui affrontera la Finlande lors du prochain match du Canada lundi.