« On ne les aime pas, et eux non plus ne nous aiment pas! » - Rutger McGroarty
GÖTEBORG, Suède – Les rivalités les plus acrimonieuses ne sont pas toujours celles auxquelles on aurait le réflexe de penser en premier. Celle entre les États-Unis et la Suède, par exemple. Sachez qu'au Mondial junior, ce n'est pas l'amour fou entre ces deux pays.
Si vous hésitez à nous croire, laissez Rutger McGroarty vous convaincre.
« Je vais le dire : on n'aime pas ces gars-là et ils ne nous aiment pas non plus », a dit l'attaquant américain après une victoire de 3-2 sur la Finlande qui mettait la table pour une grande finale entre les Américains et l'équipe hôtesse vendredi à Göteborg.
L'histoire remonte au printemps 2022. Au championnat mondial des moins de 18 ans, la Suède et les États-Unis se sont retrouvés dans le dernier duel du tableau. Les Américains avaient tout arraché sur leur passage, débutant le tournoi avec une victoire de 8-3 sur le Canada et remportant leurs quatre parties suivantes par un écart moyen de six buts. La Suède avait quant à elle été battue par la Lettonie et avait dû vaincre la Finlande deux fois, de peine et de misère, pour se qualifier pour le match décisif.
Les Américains ont dominé la finale, cadrant 51 tirs et n'en concédant que 15. Mais le gardien suédois Hugo Havelid avait été magistral et la Suède l'avait emporté 6-4.
« Je m'en rappelle comme si c'était hier, a dit Cutter Gauthier, le regard perçant. Ces gars-là ont arraché la médaille d'or qui était à notre cou et on l'a encore sur le cœur. On a tous ce goût amer en bouche. »
Le programme américain a savouré sa revanche l'année suivante. Les joueurs nés en 2005, dont font partie Gabriel Perreault, Will Smith, Ryan Leonard et le gardien Trey Augustine, ont battu la Suède en prolongation dans le match ultime du Mondial U18 disputé en Suisse.
Mais les garçons de la cohorte précédente ont encore le sentiment qu'ils ont des comptes à régler. Gauthier, qui a inscrit le but vainqueur avec 3:13 à jouer jeudi, est l'un des 12 joueurs américains présents cette année à Göteborg qui ont vécu l'affront de 2022. Ils retrouveront 14 de leurs anciens rivaux dans le clan adverse en finale.
« Ça fait deux ans que je rêve à ça, a lancé Gauthier, le cinquième choix du repêchage de la LNH en 2022. On a l'occasion de se venger dans leur propre pays. Il n'y aurait pas de meilleur sensation que de leur faire vivre ça ici. »
Les Américains devront apprendre à nager dans une marée jaune s'ils souhaitent obtenir satisfaction. Le Scandinavium peut contenir un peu plus de 10 000 spectateurs et les partisans locaux, avec l'aide des nombreux supporteurs canadiens qui ont fait le voyage, ont laissé peu de siège vides pour les grands rendez-vous du tournoi.
Le dernier match à l'horaire entre certainement dans cette catégorie.
« J'espère qu'il y aura beaucoup de huées, a lancé le défenseur Lane Hutson. On adore les huées et on veut donner à cette foule une bonne raison de nous détester. »
« Ça va vraiment être personnel, ça va être un match chargé en émotions, il faudra garder notre calme. Ça va être vraiment le fun », prévoit McGroarty.
L'entraîneur américain David Carle a dit ne pas s'inquiéter des conséquences d'un excès d'hormone chez ses poulains, qu'il a félicités pour leur discipline depuis le début du tournoi.
« L'adversaire m'importe peu, a minimisé Carle, qui en est à sa première année au sein du programme national. C'est un match pour la médaille d'or. Ce qui nous excite, c'est qu'il opposera ce que nous croyons être les deux meilleures équipes du tournoi, deux équipes qui ont mérité d'être là. »
Certains de ses joueurs le savent toutefois trop bien. Ce genre de match ne tourne pas toujours en faveur du plus méritant.