Recordman, Connor Bedard délivre ÉCJ en marquant en prolongation
HALIFAX – Connor Bedard avait la possibilité d'inscrire son nom dans l'histoire d'Équipe Canada junior lundi soir, à Halifax, et il n'allait pas laisser filer une si belle occasion.
Il a même fait bien plus que cela, en délivrant son pays avec 4:43 à jouer en prolongation, dans un quart de finale chaotique contre la Slovaquie.
À trois contre trois, Bedard a tricoté entre les joueurs slovaques avant de déculotter le gardien Adam Gajan et de sauver in extremis les champions en titre.
Le Canada décroche par le fait même son billet pour une demi-finale prometteuse face aux États-Unis, duel qui sera disputé dans deux jours, également à Halifax.
Le but d'anthologie de Bedard, réussi sur le 57e tir de la soirée du Canada, est survenu quelques instants après que Thomas Milic eut sauvé les meubles en réalisant un arrêt de la mitaine alors qu'il était en déséquilibre.
Impassible en entrevue d'après-match comme c'est souvent le cas, Bedard semblait avoir tourné la page assez vite, malgré l'héroïsme dont il venait de faire la preuve.
« J'ai vu qu'un premier joueur fonçait sur moi en échec-avant et je l'ai déjoué. Alors je me suis présenté devant un deuxième et quand j'ai réussi à le contourner, je ne voulais pas rater une telle chance », a raconté le no 16.
« Ce match est déjà du passé et je dois me prouver encore une fois, a-t-il poursuivi. C'est ma mentalité. Que je joue bien ou mal, je veux me prouver à nouveau dans le match suivant. »
En début de période de temps supplémentaire, ÉCJ avait cogné à la porte lors d'un jeu de puissance à quatre contre trois auquel il restait 1:26, mais le tir du capitaine Shane Wright en provenance du bas de l'enclave a abouti sur la barre horizontale.
Tandis que le dénouement du duel ne tenait plus qu'à un fil, chaque joueur vivait des émotions fortes en voyant alterner les contre-attaques, les unes après les autres.
« J'ai participé à beaucoup de matchs serrés dans ma vie. Mais je peux dire que celui-là, c'était le plus stressant. On était tous nerveux. Ça aurait pu tourner d'un bord ou l'autre. Le défi était de rester en contrôle de nos émotions », a admis l'attaquant québécois Joshua Roy.
Aussi nerveux que pouvaient être les joueurs d'ÉCJ, ç'a été la délivrance la plus totale lorsque Bedard a fait parler son immense talent.
« Ça remporte la palme pour les émotions en ce qui me concerne. Tous les gars ont sauté de joie, et avec la foule, on ne s'entendait même plus parler! », s'est-il émerveillé.
Milic mérite des fleurs
Évidemment redevable à Bedard pour ses prouesses renouvelées, l'entraîneur-chef Dennis Williams a encensé Thomas Milic.
Ce dernier a effectué 24 arrêts aux dépens des Slovaques, mais ce serait réducteur de ne regarder que son pourcentage d'arrêts.
Le produit des Thunderbirds de Seattle a été confronté à des tirs de grande qualité, et sans son brio dans le dernier tiers, le match aurait pu se terminer en temps réglementaire.
« Sans Thomas Milic devant notre filet, on n'est même pas là [pour assister au but victorieux] », a lâché Williams après le match.
Avant le but héroïque, le record
Bedard avait précédemment marqué dès la 7e minute de jeu, devenant ainsi le meilleur pointeur de l'histoire canadienne au Championnat mondial de hockey junior.
Grâce à son 7e but de la présente compétition, sur un jeu préparé par Logan Stankoven, le prodige âgé de 17 ans a fait d'une pierre deux coups en début de match.
D'une part, il est devenu le meilleur buteur de l'histoire d'ÉCJ, sa 15e réussite le faisant passer devant ce que Jordan Eberle a totalisé, en 2009 et 2010.
En engrangeant ses 32e, 33e et 34e points, Bedard chipait, d'autre part, le sommet de la colonne des pointeurs à Eric Lindros, qui avait mis 21 matchs pour obtenir 31 points, entre 1990 et 1992.
Bedard, lui, aura eu besoin de 13 parties et des poussières pour abaisser cette marque.
Comme si ce n'était pas suffisant, le phénomène originaire de North Vancouver a également ravi la première place à Jaromir Jagr pour pour le plus grand nombre de points par un patineur de moins de 18 ans dans un seul CMJ.
Il en compte désormais 21 depuis le coup d'envoi de la compétition, soit dix de plus que son plus proche poursuivant, Logan Cooley, des États-Unis.
Bien que sa deuxième moitié de troisième période fut peu rassurante, le Canada est demeuré invaincu en 17 confrontations face aux Slovaques chez les moins de 20 ans.
Dans son histoire, l'unifolié a gagné 16 rendez-vous contre la formation slave, et n'a concédé qu'un verdict nul; c'était en 1998.
Après être resté quelque peu sur sa faim à l'issue des 20 premières minutes de jeu – l'avance n'était que de 1 à 0 –, ÉCJ a ajouté un deuxième but à 5:02 du deuxième vingt, s'appuyant une nouvelle fois sur la qualité de son unité d'avantage numérique.
Bedard a remis vers Brennan Othmann, qui a servi une superbe passe transversale pour Dylan Guenther, qui a dégainé pour son 5e but – tous sur le jeu de puissance – dans le tournoi.
La troupe dirigée par Dennis Williams amorçait ce match avec une efficacité carrément absurde de 57,4 % avec un homme en plus.
Ce même Guenther a toutefois été envoyé au cachot pour avoir critiqué un appel de hors-jeu d'un officiel qu'il jugeait fautif.
Seulement trois petites secondes après le début du jeu de puissance slovaque, Libor Nemec a redirigé un lancer de la pointe du capitaine Simon Nemec.
On aurait pu être tenté de croire que Zack Ostapchuk aurait remis le vent dans les voiles du Canada lorsqu'il a riposté, 2:02 après le premier but slovaque, grâce à une belle percée sur l'aile droite ponctué d'un tir des poignets précis du côté éloigné.
Mais la Slovaquie ne s'est pas laissé décourager, et la belle patience démontrée par Peter Repcik derrière le filet de Thomas Milic lui a permis de trouver Robert Baco fin seul, et ce dernier a complété la mise en scène avec aisance.
Ce deuxième but des négligés survenait 4:18 après celui d'Ostapchuk, et c'est avec cette marque de 3 à 2 au tableau indicateur que les deux clubs ont retraité au vestiaire.
Déjà aux commandes 34-15 à la colonne des lancers, le Canada a entamé la troisième en cadrant plusieurs rondelles sur la cage d'Adam Gajan, mais celui-ci a fermé la porte à répétition.
L'occasion de marquer la plus nette pour ÉCJ de restaurer sa priorité de deux buts est survenue en début d'engagement lorsque Zach Dean s'est amené en échappée.
Gajan a toutefois étendu la jambe devant la feinte du revers de Dean, et touché la rondelle avec le bout de la lame de bâton, changeant légèrement sa trajectoire.
Cet arrêt a assurément eu pour effet de réénergiser la Slovaquie, qui s'est mise à appliquer davantage de pression en zone offensive.
Soudain, ce sont les favoris de la foule qui jouaient sur les talons, tandis que les visiteurs convergaient vers le filet de Milic avec régularité.
Le portier canadien a préservé la mince avance de façon miraculeuse grâce à un arrêt à bout portant, à plat ventre et la jambière suspendue dans les airs, devant Adam Sýkora.
Mais à force de cogner à la porte, les Slovaques ont fini par la défoncer. Et c'est Filip Mešár qui a été central au but égalisateur, le deuxième du match de Libor Nemec.
Posté derrière le filet, Mešár a attendu le moment parfait pour profiter d'une couverture défensive ratée et déposer la rondelle sur la lame de bâton de son compagnon de trio.
Un troisième vingt déjà enlevant a ensuite donné lieu à plusieurs autres occasions pour les deux clubs de prendre les devants, mais des deux côtés, les joueurs ont semblé serrer le bâton devant l'importance du moment.
Mešár avait les yeux rougis au moment de se présenter devant les membres des médias, après le match. La déception était visible sur le visage de l'espoirs des Canadiens.
« Ce groupe de gars était tissé serré, a-t-il souligné. Nous avons de quoi être fiers de notre performance contre une équipe aussi solide que le Canada, mais il manquait la victoire. C'est passé proche. C'est dur à prendre, mais il faut en tirer du positif. »