Mondial junior : une équipe, une réputation et la gestion de la pression
GÖTEBORG, Suède – Quatorze joueurs de l'équipe suédoise qui disputera la finale du Championnat mondial junior ont remporté l'or au Mondial des moins de 18 ans il y a deux ans. Ce groupe qui compte dix choix de première ronde dans la Ligue nationale a toujours été destiné à accomplir de grandes choses.
Le temps est maintenant venu de se montrer à la hauteur de ces ambitieuse attentes. Comme l'a déjà dit Yvon Deschamps, « on veut pas le savoir, on veut le voir ».
C'est une chose de remporter un tournoi plus ou moins suivi dans l'anonymat d'un amphithéâtre allemand. C'en est une autre de répéter l'exploit au plus grand rendez-vous du hockey junior, à la maison de surcroît, devant une foule emballée mais exigeante.
Au Mondial junior, les Suédois ont souvent peiné à se défaire d'une réputation peu enviable, celle d'une équipe dominante dans les parties sans grande signification, mais effacée quand ça commence à compter. Le pays n'a gagné que deux médailles d'or depuis la création du tournoi en 1974. Onze fois il a dû se contenter de la médaille d'argent, plus que n'importe quelle nation rivale.
« Pas vraiment, nous contredit le défenseur Axel Sandin-Pellikka. On adore la foule depuis le début du tournoi, elle est comme un sixième joueur pour nous. On le voit juste comme un avantage. »
« Nope », a répondu Jonathan Lekkerimäki, un homme de peu de mots, lorsqu'on lui a demandé s'il ressentait le poids des attentes. « C'est juste du hockey. C'est le fun. »
La Suède a gagné deux fois l'argent dans des tournois dont elle était l'équipe hôtesse. En 1993, l'équipe qui comptait sur Peter Forsberg et Markus Näslund avait été coiffée par le Canada au fil d'arrivée. En 2014, à Malmö, elle avait été défaite en finale par ses rivaux finlandais.
« On en a beaucoup parlé entre nous, dit Sandin-Pellikka, un choix de première ronde des Red Wings de Detroit. Seulement deux médailles d'or en 45 ans, je pense? C'est spécial d'avoir la chance d'en gagner une troisième à la maison. C'est une occasion incroyable et on fera de notre mieux demain pour la saisir. »
« On va être extrêmement motivés, anticipait Noah Östlund. Je me souviens de la dernière conquête de l'or quand j'étais jeune, je n'ai jamais oublié ça. Ça aurait une grande signification de pouvoir faire la même chose. »
Östlund avait 7 ans quand Filip Forsberg, William Karlsson et Mika Zibanejad ont triomphé à Calgary en 2012.
« Ça fait quelques années, non? Tellement que les détails m'échappent, a rigolé l'entraîneur suédois Magnus Havelid. C'est bon pour le pays d'être de retour en finale, bon pour tous les entraîneurs qui travaillent dans les académies. Ça nous donne confiance qu'on travaille de la bonne façon, qu'on s'en va dans la bonne direction. »
La faiblesse de Hrabal, le tir de Lekkerimäki
Après s'être offert une sacrée frousse contre la Suisse en quarts de finale, les Suédois ont attendu la troisième période jeudi pour se distancer sérieusement des Tchèques. La générosité du gardien Tomas Hrabal, qui a cédé sur deux tirs de loin du côté de sa mitaine, leur a permis d'atteindre le deuxième entracte à égalité.
« On nous donne toujours des informations sur les gardiens adverses et oui, les rapports aujourd'hui disaient qu'il était un peu plus faible avec le gant, a admis Sandin-Pellikka, l'auteur de l'un de ces buts. On a essayé d'exploiter ça et ça a fonctionné.
Le but gagnant, le premier d'une rafale de trois buts inscrits en 7:48, est venu du bâton de Jonathan Lekkerimäki, un espoir des Canucks de Vancouver, qui a poussé un plomb précis lors d'un avantage numérique à la 46e minute.
Lekkerimäki a fermé les livres en doublant sa contribution sur un violent tir sur réception de l'enclave. Le meilleur pointeur des Mondiaux U18 en 2022 a maintenant neuf points, dont six buts, en six matchs. Avant le début de la deuxième demi-finale, seul l'Américain Cutter Gauthier avait été plus productif.
« C'est un tireur d'élite, a dit Östlund, son complice sur le dernier filet. J'adore jouer avec lui, il est un gros atout pour notre trio et sur le jeu de puissance. »
« Tout le monde peut voir que son tir est exceptionnel. J'ai eu une mention d'aide gratuite aujourd'hui juste en lui donnant la rondelle », appréciait Sandin-Pellikka.
Les Suédois sont souvent arrivés à court au Mondial junior. Reste à voir s'il ont gardé des munitions pour le match le plus important.
« Nos 2004 ont gagné l'or il y a deux ans, nos 2005 ont perdu en finale [au U18] l'an passé. Ils ne sont pas satisfaits avec une demi-finale, a promis Havelid. J'espère qu'on pourra jouer notre meilleur match demain. »
« On croit vraiment en nos chances, a clamé Östlund. Si on joue comme on l'a fait aujourd'hui, je crois que nos chances sont excellentes. »