Une improbable mission accomplie pour Ridly Greig, William Dufour et Joshua Roy
EDMONTON – On doit être prêt à tout pour le bien du collectif quand on répond à l'appel d'Équipe Canada. Après avoir commencé le Mondial junior à gauche du premier trio, Joshua Roy s'est retrouvé à l'extérieur de sa zone de confort lundi dans le dernier match de la ronde préliminaire.
« Je crois que c'était la première fois que j'étais sur une "shutdown line" », réfléchissait à voix haute le Beauceron, un mélange d'amusement et de fierté dans la voix, après la victoire de 6-3 du Canada contre la Finlande.
On s'attendait à une confrontation directe entre les deux meilleurs trios du tournoi pour ce duel entre les deux meilleures formations du groupe A. L'entraîneur-chef Dave Cameron a finalement sorti un joker qui a causé la surprise à l'intérieur de son propre vestiaire en envoyant le trio pivoté par Ridly Greig plutôt que celui de son capitaine Mason McTavish contre la dangereuse combinaison d'Aatu Räty, Joakim Kemell et Roni Hirvonen.
« On ne pensait pas que ça allait être ce trio-là qui allait contrer le premier trio de l'équipe adverse, a candidement avoué Nathan Gaucher. Mais ils ont fait de l'excellent travail. À 5-contre-5, ils ont assurément eu le dessus sur eux autres. »
Räty et Kemell étaient respectivement les deuxième et troisième meilleurs pointeurs du tournoi avant la rencontre. Ils n'ont pas été un facteur contre Greig, Roy et William Dufour, l'autre ingrédient de la recette secrète de Cameron. Les trois principales armes finlandaises n'ont cadré aucun tir dans les deux premières périodes. Ils en ont généré cinq au troisième engagement, au cours duquel leur équipe a joué pendant plus de huit minutes en avantage numérique.
La seule tache à leur dossier aura été un but accordé à Kemell – dans des circonstances atténuantes – au début de la troisième période.
« "Gregger" a été extraordinaire depuis le début du tournoi. Will et Josh ne sont pas piqués des vers non plus. Ensemble, ils apportent un bon mélange de pesanteur, d'intelligence et un bon positionnement de bâton », apprécie Cameron.
« On a gardé les choses simples, on a envoyé la rondelle dans le fond au lieu d'essayer des jeux aux lignes bleues et défensivement on a été à notre affaire, a énuméré Roy. On a fait les petits détails, on a bloqué des tirs. Je pense que c'est ce qui a fait en sorte qu'ils n'ont presque pas eu de chance. »
« Je pense qu'à chacune de nos présences sur la glace, la ligne à Räty était là de l'autre bord, calculait Dufour. On a fait un excellent travail contre eux. Je pense même qu'on a eu plus de chances de marquer qu'ils n'en ont eu. »
Greig montre l'exemple
Dufour amenait un bon point. Son trio ne s'est pas contenté de contrecarrer les attaques des vedettes finlandaises, il leur a aussi fait la leçon dans le département offensif.
Dufour a lui-même pris ses jambes à son cou sur deux échappées. Il a fini la rencontre avec quatre tirs cadrés, le deuxième plus haut total des siens derrière les huit de Kent Johnson, et un but dans un filet désert. Roy a récolté une passe décisive en faisant dévier un tir dans l'enclave sur le but de Greig.
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Ce dernier a d'ailleurs montré l'exemple avec l'une des performances les plus achevées dans le clan canadien. Son effort individuel sur le but de Tyson Foerster en début de match et son sens du sacrifice lors d'un long désavantage numérique de cinq minutes en troisième période auront notamment marqué les esprits.
C'est d'ailleurs lui qui a reçu le titre de joueur du match attribué par les dirigeants de son équipe.
« Sa polyvalence m'impressionne, a louangé Dufour. Il est capable de marquer. Il y a eu son but à une main dans le premier match et sa passe aujourd'hui sur le but à Foerster, c'était un move incroyable. Après, il s'en va bloquer deux, trois lancers sur le 5-contre-3. En plus, il est allé en ramasser un sur le banc des Finlandais... Il fait tout sur la glace. »
Plus tôt dans le tournoi, Cameron avait décrit McTavish comme « un joueur de la Ligue nationale ». Le confrère Mark Masters de TSN lui a demandé après la victoire contre la Finlande s'il pensait que Greig, un choix de première ronde des Sénateurs en 2020, s'approchait de ce niveau.
« Disons que j'aimerais être son agent », a répondu l'entraîneur sans broncher.