Arnaud Durandeau : apprivoiser l'instabilité
LAVAL – « N'écoute pas ce qu'il dit, c'est un menteur », chuchote Lias Andersson à notre oreille en passant devant le casier d'Arnaud Durandeau. Les deux s'échangent un sourire complice avant que le coquin Suédois ne sorte du champ de vision de son coéquipier.
La scène, cocasse, illustre bien les bienfaits de cette nécessaire patience dont les organisations sportives doivent faire preuve lorsqu'elles prennent la décision d'injecter du sang neuf à leur effectif.
Il y a quelques semaines, fraîchement arrivé à Laval après une transaction avec les Comets d'Utica, Durandeau oubliait le nom d'Andersson dans une entrevue en direct à RDS. Aujourd'hui, il le surnomme amicalement « Andy » et, plus important encore, il pourrait avoir démontré qu'il est en mesure de lui donner la réplique sur la patinoire.
Quand il n'était pas carrément laissé dans les gradins, Durandeau était surtout employé au sein d'un quatrième trio avant qu'une blessure à Brandon Gignac n'incite Jean-François Houle à le muter dans un rôle plus offensif samedi contre les Thunderbirds de Springfield. Son entraîneur espère sans doute que sa réponse constituera un point tournant dans une saison qui arrive à sa conclusion.
Jumelé à Andersson et Mitchell Stephens, Durandeau a marqué ses deux premiers buts dans les couleurs lavalloises en plus d'être crédité d'une passe décisive. Le travail de son trio a été au cœur d'une importante victoire de 7-4.
« C'est sûr que ça fait du bien de marquer, mais encore plus de pouvoir aider l'équipe à gagner et à continuer la course aux séries, a commenté le Montréalais après l'entraînement de lundi. C'est sûr que ça donne un coup de confiance. J'espère continuer ça. »
L'ADN de Durandeau est résolument offensif. Il a amassé 55 points en 68 matchs la saison dernière avec les Islanders de Bridgeport. Son rendement lui a valu un rappel et un stage de quatre matchs dans la Ligue nationale.
Mais depuis l'automne dernier, les points lui viennent moins facilement. Il n'avait marqué qu'une fois en douze matchs quand les Islanders l'ont échangé à Utica en novembre. Après une carrière junior intégralement passée à Halifax et cinq saisons amorcées dans l'organisation qui l'avait repêchée, le choc a été réel.
« C'était vraiment une surprise, relate-t-il. On n'était pas proche de la date limite. J'avais été repêché par eux, joué ma première partie dans la LNH avec eux. Je connaissais tout le monde là-bas, j'étais bien là-bas. »
Pour des raisons sur lesquelles il préfère rester vague, ça n'a pas mieux fonctionné dans l'État de New York. « Ce n'était pas vraiment un fit pour moi », conclut-il en repensant à son essai de 26 matchs avec le club-école des Devils du New Jersey.
Le voilà maintenant dans l'organisation du Canadien, sans contrat à la fin de la saison et devant une fenêtre limitée pour retravailler sa carte de visite.
« C'est sûr que les échanges, c'est pas facile des fois, ça prend un petit ajustement. [...] C'est un nouveau système, de nouveaux coéquipiers, de nouveaux compagnons de trio, un nouvel entraîneur... tout est nouveau. Mais on est des pros et il y a des bons joueurs partout. Les entraîneurs m'ont fait de la vidéo, j'ai appris le système, j'ai appris comment les joueurs jouent ici. Faut juste que j'apporte ma propre couleur à tout ça. »
« Arnaud, ça a toujours été un joueur avec du potentiel, a fait remarquer Houle. Il a pas mal de skills, il est capable de la mettre dedans. Il a démontré ça dans la Ligue américaine. On l'a mis dans une position où il pouvait avoir du succès et il nous a démontré qu'il est capable. Avec la perte de Gignac, c'est sûr que ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui est capable de la mettre dedans. »
Houle a affirmé que Gignac, son meilleur marqueur, serait du voyage à Cleveland pour les deux matchs du Rocket cette semaine. Il n'a toutefois pas précisé s'il était suffisamment remis de sa blessure au bas du corps pour contribuer de manière concrète sur la patinoire.
Dans un cas comme dans l'autre, il y a fort à parier que la plus récente performance de Durandeau lui vaudra un autre coup d'œil dans un rôle plus offensif. À lui d'y imprimer les bonnes images.