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RÉSULTATS

Connor Hughes : 80% à Laval, 20% à Montréal

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LAVAL – Ce que devait se dire Connor Hughes lorsqu'il a accepté l'offre de contrat du Canadien est encore plus vrai aujourd'hui : il n'a jamais été aussi près de la Ligue nationale.

La recrue de 28 ans embauchée pour faire équipe avec Jakub Dobeš chez le Rocket de Laval n'aurait pu rêver à une transition plus en douceur vers le hockey professionnel nord-américain. La victoire qu'il a signée samedi dernier à Rochester – 25 arrêts dans un gain de 4-1 – était sa sixième consécutive. Sa moyenne de buts alloués de 1,85 est la troisième meilleure de la Ligue américaine. Son taux d'efficacité de ,935 le place au sixième rang parmi ses confrères.

Ce début de saison fulgurant est à l'opposé de ce que traverse Cayden Primeau à Montréal. Le second de Samuel Montembeault a alloué onze buts à ses deux dernières sorties. Jamais il n'a été battu moins de trois fois dans un match cette saison. Sa moyenne de buts alloués s'élève à 4,38, son taux d'efficacité est exécrable à ,845.

La possibilité d'une permutation, ne serait-elle que temporaire, semble bien réelle. Et lorsqu'on connaît l'histoire de Hughes, qui n'a jamais joué au niveau junior majeur et qui a roulé sa bosse avec des résultats inégaux pendant sept ans en Suisse avant d'avoir sa chance en Amérique du Nord, il est difficile de ne pas s'emballer pour lui.

Hughes lui-même n'est pas à l'abri de ces calculs et de leurs implications. « Avec les réseaux sociaux et les médias en général, c'est difficile de s'en éloigner », confesse-t-il. Mais règle général, il s'estime habile pour bloquer le bruit qui pourrait affecter négativement son travail.

Ça n'a pas toujours été le cas.

« C'est assurément quelque chose que j'ai dû apprendre, raconte le sympathique gaillard dans un entretien avec RDS. Ça date probablement de ma dernière saison à Fribourg [en 2022-2023]. C'était la dernière année de mon contrat et je venais de connaître une très mauvaise saison. À ce moment-là, je me disais que j'avais peut-être été le plus loin que je pouvais au top niveau. »

Hughes a lâché prise. Il a arrêté de s'en faire avec les possibles ramifications associées à ses performances et s'est contenté d'essayer d'arrêter les rondelles, préférablement dans le plaisir. Ça a fonctionné. Cette première saison complète dans un rôle de titulaire en première division suisse a été un moment charnière de son ascension. « Ça a changé ma façon de penser », retrace-t-il aujourd'hui.

Cette mentalité l'a aidé à rester sain d'esprit quand il a subi une blessure sérieuse l'année suivante, avec Lausanne, une semaine après avoir appris qu'une équipe de la LNH l'avait à l'œil. De retour au jeu en séries éliminatoires, il a maintenu une moyenne de 1,91 et un taux d'efficacité de ,933 en 18 départs. C'est après le troisième match de la finale que l'intérêt du Canadien lui a été communiqué.

Cette année, malgré la proximité d'un rêve qui lui était jusqu'à tout récemment complètement utopique, il maintient ses bonnes habitudes et continue d'en être récompensé.

Est-il facile de s'éloigner de la tentation? « Non, répond-il sèchement. J'ai mes moments de faiblesse où je retourne me perdre dans mes pensées. Tu vois ce qui se passe à Montréal, tu aimerais être là. Mais je dirais que 80% du temps, je suis pas mal concentré sur ce que j'ai à faire ici. »

L'autre 20%, il le met sur le dos de la nature humaine. Qui oserait l'en blâmer?

Préparé par Aebischer et Huet

Son équilibre mental bien pris en charge, c'est sur des réglages d'ordre physique que Hughes s'est attardé en vue du grand saut qui l'attendait cette année. « Je n'étais pas nerveux, je savais de quoi j'étais capable, mais on peut dire que j'étais intrigué. Je me demandais quelles seraient les différences dans le style de jeu et comment je m'y adapterais. »

Après un peu plus d'un mois sur le terrain, il note principalement trois points sur lesquels il ne devait pas nécessairement s'attarder dans son ancienne vie.

« Celui auquel je ne m'attendais pas, c'est à quel point le jeu est physique devant moi. Ça ne m'a pas vraiment affecté, mais je l'ai assurément remarqué, témoigne le cerbère de 6 pieds 4 pouces. Les gars qui sont dans cette ligue aspirent tous à monter un autre échelon. Ils travaillent fort pour gagner le moindre petit avantage devant le but et affecter ma vision. J'ai l'impression d'accorder plus de buts sur des tirs de loin avec des adversaires devant moi qui agissent comme un écran. »

Hughes constate aussi une différence dans la vitesse du jeu. « Les joueurs ne sont pas nécessairement plus vite, mais ils gardent beaucoup moins longtemps la rondelle sur la lame de leur bâton. Le jeu se déplace plus latéralement, alors je dois rester plus alerte. »

Finalement, Hughes remarque que la dimension de l'aire de jeu influence la prise de décision des joueurs adverses. Un exemple : en Suisse, un tir en provenance du long de la rampe, à la hauteur du point de mise en jeu, n'est pratiquement jamais une option. « Ici, je ne dis pas que c'est une chance de marquer, mais tu peux espérer provoquer quelque chose avec ça », nuance-t-il. C'est un détail qu'il ne peut se permettre d'oublier dans le cours du jeu.

Pour se préparer à ces subtilités, Hughes a passé l'été en Suisse. Il a pu utiliser les installations de son ancien club et profiter des conseils des anciens gardiens du Canadien David Aebischer et Cristobal Huet. Le premier avait été son entraîneur à Fribourg, l'autre à Lausanne.

« Ils avaient déjà vécu la même transition que je m'apprêtais à faire et en plus, les deux me suivent depuis des années, ils me connaissent très bien. Ça a été un très bel été. »

Pendant son séjour, Hughes a pu utiliser l'appartement qu'il avait habité durant sa saison mémorable à Lausanne. Il a remis les clés avant de venir s'installer à Montréal. S'il continue sur cette lancée, il n'aura plus à se chercher un logement en Europe.