J.-F. Houle voit Sean Farrell au coeur des ambitions du Rocket
LAVAL – Probablement au courant du penchant de Sean Farrell pour l'autoflagellation, Jean-François Houle a tenté cette réponse lundi lorsqu'on l'a interrogé sur le récent retour au jeu de sa jeune recrue : « Il a sûrement lui-même dit qu'il avait été pourri? »
Farrell n'avait pas été aussi sévère, non, mais on avait quand même flairé la litote quand, quelques minutes plus tôt, il avait suggéré qu'il n'avait « pas été excellent » dans les deux défaites du week-end contre les Marlies de Toronto.
La vérité se trouvait-elle quelque part entre les deux?
« Il a été juste correct, a finalement conclu Houle. Ce n'était pas facile... mais c'est tout à fait normal. »
Normal dans un contexte où Farrell rechaussait les patins dans un cadre compétitif pour la première fois en sept semaines. C'est le temps qu'il lui a fallu pour soigner une blessure subie au début du mois de janvier, un contretemps qu'il lui a fait rater 17 matchs.
C'était la deuxième fois de la saison que Farrell devait s'absenter pour une longue période. Il avait aussi dû déclarer forfait pendant une séquence de huit rencontres en décembre. À part pour quelques matchs ici et là durant sa première saison à l'Université Harvard, jamais les blessures n'avaient affecté à ce point sa réalité d'athlète de haut niveau.
L'expérience a été éprouvante, d'autant plus que Farrell s'était bien relevé de sa première mise au rancart. En six matchs entre ses deux diagnostics, il avait récolté cinq points et sentait qu'il n'avait rien perdu de l'élan qu'il s'était donné avant d'être frappé par la malchance. La deuxième convalescence a été un peu plus difficile à accepter.
« C'est dur sur le moral, témoigne Houle. Tu en vois d'autres qui te dépassent, qui se font rappeler [dans la Ligue nationale] avant toi. »
« Ça a été pas mal décevant, a confirmé Farrell au sujet des conséquences de sa chute malchanceuse du 7 janvier à Utica. Je me sentais bien, je me sentais moi-même sur la glace. J'avais trouvé une bonne chimie avec mes compagnons de trio. Ça a été dur à avaler, mais j'ai dû l'accepter et trouver une façon de continuer à m'améliorer malgré tout. »
Farrell a trouvé sa consolation dans le gymnase, où il s'est attardé sur le bas de son corps.
« C'est le genre de choses que je fais habituellement durant l'été. Ça s'intègre moins bien dans notre horaire quand on joue trois matchs dans une semaine, mais là j'ai l'impression d'avoir retrouvé la force que j'avais quand je suis arrivé au camp et qu'ont tendance à affecter les rigueurs de la saison. »
L'attaquant de 22 ans aura besoin de toute la puissance que peut générer sa musculature pour ce qu'il reste de sa première saison chez les professionnels. Déjà, le programme double contre Toronto lui a fait réaliser que le hockey qui se joue lorsque la neige commence à fondre a un petit quelque chose de différent que celui qu'on pratique autour du temps des Fêtes.
« L'enjeu est différent, ça se sent. Ça brasse plus après les sifflets, les gars sont plus rapidement dans ta face. Le jeu est un peu plus physique qu'à l'habitude », a-t-il remarqué. Et l'intensité ne risque que d'augmenter à mesure que rétrécira l'échantillon d'une vingtaine de matchs qui sépare présentement le Rocket d'une qualification potentielle aux séries éliminatoires.
Qui sait dans quelles conditions le club-école du Canadien livrera cette bataille pour une troisième participation consécutive aux séries? Peut-être que du renfort arrivera à la date limite des transactions. Peut-être qu'un Joshua Roy ou qu'un Jayden Struble réapparaîtra à Laval pour le dernier droit. Peut-être qu'un certain choix de première ronde arrivera de l'Europe pour solidifier la ligne bleue.
Pour toutes ces questions, une certitude : Jean-François Houle veut placer Sean Farrell au cœur des ambitions de son équipe.
« Je le vois comme un pilier à l'attaque pour nous d'ici la fin de la saison », n'hésite pas à dire l'entraîneur au sujet de celui qui a amassé 17 points en 26 parties.
« Je pense qu'il est capable d'en montrer encore plus. Ce qu'il a montré à date, c'est juste le bas. Son plafond, il est encore pas mal plus haut. »