Olivier Galipeau : l'émergence d'un travailleur de l'ombre
LAVAL – La composition de la brigade défensive du Rocket suscitait enthousiasme et curiosité avant le début de la saison.
Les premiers coups de patins de Logan Mailloux et de Jayden Struble chez les professionnels étaient attendus avec impatience. William Trudeau et Mattias Norlinder avaient fait bonne impression au camp du Canadien et laissaient miroiter une belle progression. Gustav Lindström, une nouvelle acquisition, intriguait. Dans les conversations un peu plus nichées, le retour du Tobie Bisson était applaudi et le potentiel de Nicolas Beaudin était débattu.
Pendant ce temps, Olivier Galipeau faisait sa petite affaire sans attirer l'attention. Rien d'anormal là, remarquez. L'arrière de 26 ans avait passé une partie de la saison précédente et la majorité de sa carrière professionnelle dans la ECHL. Il était neuvième dans la hiérarchie des défenseurs du Rocket à la fin du camp d'entraînement. Il a passé les cinq premiers matchs de la saison dans les gradins.
La Ligue américaine étant ce qu'elle est, les rappels, les blessés et les contre-performances ont fini par libérer une place à Galipeau. Il l'a prise comme si elle lui revenait d'emblée. Depuis le 3 novembre, il n'a été laissé de côté que pour un seul match et l'entraîneur qui lui annoncera sa prochaine exclusion de la formation pourra difficilement la lui justifier.
« C'est un peu ce que j'essaie de faire depuis le début de l'année, disait l'ancien champion de la Coupe Memorial après un récent entraînement. C'est sûr que quand ta place dans la formation est toujours incertaine, c'est un peu plus dur mentalement, mais il faut garder le focus pour que quand l'opportunité se présente, tu livres la marchandise. »
L'entraîneur-adjoint Kelly Buchberger, qui était exceptionnellement mandaté pour rencontrer les médias lundi en l'absence de Jean-François Houle, a confirmé que les bonnes choses qui arrivent présentement à Galipeau ne lui sont pas tombées du ciel.
« On aime tous Gals, s'est-il exclamé. Il fait très peu d'erreurs et c'est un vrai pro. Même quand il était à l'écart de la formation, il était celui qui travaillait le plus fort aux entraînements. »
Il y a des choses qui ne surprennent guère, donc, au sujet de l'actuelle émergence d'Olivier Galipeau, mais il y en a d'autres qui arrivent un peu du champ gauche. On pense surtout ici à son apport dans le secteur offensif.
Le natif de L'Assomption nous avait habitués à de pimpantes statistiques vers la fin de son parcours junior. Dans l'ECHL, chaque équipe qui l'a embauché a profité de sa contribution plus qu'honnête en attaque. Or, avant cette année, cette partie de son identité ne s'était pas encore transposée à la Ligue américaine.
L'an dernier, Galipeau avait cumulé neuf points en 42 rencontres. D'où la surprise de voir huit points à sa fiche dans un échantillon de seulement dix matchs cette saison. « Et il n'a pas encore touché au jeu de puissance », fait remarquer Buchberger.
Galipeau accueille cette remarque avec la sobriété qui caractérise son jeu. « C'est relativement juste une passe à nos attaquants et puis ça marche, ça roule », tente-t-il de minimiser. Pourtant, on a souvenir d'un but au Manitoba où il s'est aventuré entre les cercles pour recevoir une passe de Sean Farrell et attendre patiemment qu'une ouverture se présente. Ou d'un autre contre Belleville où il a converti une passe de Brandon Gignac après s'est joint à la contre-attaque.
« Je suis un peu plus confiant avec la rondelle, je vois les gars un peu plus rapidement, finit-il par concéder. Je n'essaie pas non plus de changer ma game complètement. Ça se fait naturellement, je pense, par mon jeu défensif. J'essaie de garder un bon écart avec le porteur du disque, de tuer des jeux et de faire une relance rapide. En ce moment, ça marche. Je le prends pendant que ça passe. »
On ne peut pas dire qu'Olivier Galipeau brûle les étapes depuis qu'il a signé son premier contrat professionnel. Il avance d'un pas lent, mais assuré. C'est un rythme qui a souri à d'autres avant lui. Buchberger a ressorti le nom d'Alex Belzile lundi pour rappeler qu'un joueur peut toujours se permettre d'espérer.
Pour s'inspirer, le numéro 44 peut aussi regarder à sa gauche dans le vestiaire du Rocket. Son voisin de casier, Tobie Bisson, n'a lui non plus jamais été repêché et a lui aussi gravité dans la ECHL. Ça ne l'a pas empêché de signer un contrat de la LNH avec les Kings de Los Angeles à l'été 2022.
« Avec son éthique de travail et sa façon de se comporter, il emmène les jeunes dans son sillage, observe Buchberger. C'est un pro jusqu'au bout des ongles. On veut tous le voir jouer dans la LNH un jour. »
« J'y crois encore, j'ai encore la flamme de vouloir monter, ça reste un rêve de jeunesse, affirme celui qui a obtenu sa première chance dans l'organisation des Bruins de Boston. Je n'ai pas eu le parcours le plus facile depuis mon début pro, mais avec tout le travail que j'ai mis, si ça peut débloquer, tant mieux. »