Le Rocket ne recule pas devant le jeu physique
Le jeu physique de la Ligue américaine a parfois été sans pitié pour les équipes rapides et talentueuses, mais le Rocket de Laval n'est aucunement intimidé depuis le début de la saison.
Les percutantes mises en échec alimentent assurément le spectacle, mais ce n'est pas nécessairement ce qui vient en tête lorsque vient le temps d'analyser le jeu de certains espoirs offensifs du Canadien de Montréal.
Malgré tout, les Joshua Roy, Owen Beck, Filip Mesar et Jared Davidson, pour ne nommer que ceux-là, ont adhéré à la mentalité intense et physique de l'entraîneur-chef Pascal Vincent depuis son arrivée en poste. Aussi, ils s'efforcent de l'appliquer de match en match, même si ça n'est pas exactement leur rôle primordial.
« Il y a des moments sur la glace au cours desquels ce n'est plus une question de système de jeu. C'est toi ou ton adversaire. Ton travail, c'est d'aller récupérer la rondelle. Ce n'est pas obligé d'être une grosse mise en échec. Tout le monde est capable de se mettre devant le joueur adverse, de barrer son bâton et de récupérer la rondelle. Les joueurs ont acheté ce concept et nous sommes une équipe physique », a observé Vincent, mardi, après un entraînement à Laval.
Le Rocket s'était déjà bien tiré d'affaire depuis le début de la saison, mais quelques matchs en décembre ont semblé cimenter cette mentalité.
L'équipe a bien répondu devant le jeu physique des Marlies de Toronto, lors de leur passage à la Place Bell il y a environ un mois, et elle a tenté de garder son sang-froid lors d'un match haut en émotions face aux Senators de Belleville, quelques semaines plus tard.
Cet affrontement contre les Senators a d'ailleurs montré à quel point il n'est pas facile de valser entre l'intensité et l'indiscipline. La jeune formation lavalloise a écopé 62 minutes de pénalité pendant ce match et elle est actuellement la plus punie de la Ligue américaine, avec 562 minutes décernées.
Bien qu'il aimerait une meilleure maîtrise de la part de ses hommes, Vincent n'a pas l'impression que ce total donne un portrait complet de la situation.
« Nous avons demandé aux gars d'être impliqués dans toutes les batailles. Ils le font, mais ça nous coûte quelques pénalités. Ce ne sont pas des pénalités de paresse, mais plutôt d'agressivité. Parce qu'ils veulent la rondelle. Il faut maintenant trouver une façon de corriger ces pénalités de bâton. Cette maîtrise des émotions vient souvent avec l'expérience », a-t-il affirmé.
La Ligue américaine permet évidemment de développer les habiletés individuelles et de préparer à la LNH, mais elle est souvent le premier regard pour les jeunes joueurs sur l'aspect très physique du hockey professionnel.
La transition du junior aux professionnels a donné des maux de tête à certaines recrues et les joueurs de talent se rendent vite compte qu'il y a moins de place pour manœuvrer avec la rondelle. Pour le défenseur William Trudeau, qui était déjà robuste dans la LHJMQ et qui l'est encore depuis son arrivée avec le Rocket, le travail à l'extérieur de la patinoire peut être une piste de solution pour un passage moins ardu.
« C'est sûr que tu dois t'habituer au jeu physique. Quand tu passes du junior à la Ligue américaine, il y a des joueurs de 30 ans qui sont plus gros. Si tu gagnes un niveau de plus dans le gymnase, tu es plus fort et plus en confiance. À un certain moment, tu réalises que tu es capable de compétitionner contre ces gars-là, que ce soit dans les batailles pour la rondelle ou le jeu physique en général », a-t-il expliqué.
Dans le cas du Rocket, les joueurs de talent sont aussi épaulés par des coéquipiers qui n'hésitent pas à appliquer de solides coups d'épaule.
Même si ce sont des recrues, Luke Tuch et Florian Xhekaj ont jeté les gants à quelques occasions déjà depuis le début de la saison. Le capitaine Lucas Condotta est taxant en échec-avant et le long des bandes, alors que le vétéran Vincent Arseneau impose le respect sur la patinoire.
Arseneau, un favori de la foule, prend d'ailleurs très au sérieux son rôle de protecteur et d'instigateur d'une mentalité physique au sein de l'équipe.
« En tant que plus vieux de l'équipe, c'est mon rôle de m'assurer que tout le monde embarque dans ça. La Ligue américaine, c'est une ligue difficile. Si tu veux gagner des matchs, tu dois amener un côté physique. Ce ne sont pas toujours de grosses mises en échec, mais d'être dans la face de ton adversaire, ça provoque des revirements », a-t-il déclaré.
Vincent a rapidement noté que la présence d'Arseneau sur le banc permettait aux autres joueurs de jouer plus librement sur la patinoire, tout en calmant les ardeurs des équipes adverses. C'est ce qui contribue à rendre encore plus déchirante la décision de le laisser quelques fois de côté.
« Vincent est un super bon coéquipier. Quand il est sur la glace, tout le monde se sent protégé et l'équipe adverse sait que si ça déraille, il est là. Il est capable de jouer au hockey et il est capable de s'assurer que l'équipe se fasse respecter. Aucun club ne vient nous déranger ou nous défier devant notre banc », a souligné l'entraîneur-chef.
Après un week-end émotif contre les Monsters de Cleveland, au cours duquel les Lavallois ont amassé trois points sur quatre de façon convaincante, la discipline sera à considérer contre les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton, qui seront de passage à la Place Bell mercredi soir.
Les Penguins ont gagné le premier duel 5-3, à la fin-novembre, grâce notamment à trois buts en avantage numérique.
« C'est une bonne équipe et ils vont bien dernièrement. Ils sont très dangereux en zone offensive. Il y aura un élément de discipline, mais en même temps, je ne veux pas changer la mentalité de mes gars », a insisté Vincent.
Cayden Primeau défendra la cage du Rocket, qui est encore privé de l'attaquant Brandon Gignac et du défenseur Joshua Jacobs.