Rocket : les points invisibles de Sean Farrell
LAVAL – Le nom de Sean Farrell n'apparaissait nulle part sur la feuille de statistiques après le match de mercredi dernier entre le Rocket et les Comets d'Utica. Il ne fallait toutefois pas y voir une soirée perdue.
Le club-école du Canadien a marqué un seul but ce soir-là, mais Farrell y a contribué d'une manière peut-être encore plus importante que s'il en avait lui-même été l'auteur. Parce qu'on sait que Farrell est capable de marquer. Il l'a fait au niveau junior, dans les rangs universitaires et sur la scène internationale. Les annonceurs maison ont prononcé son nom sur trois continents.
Ce qui soulevait davantage d'interrogations lorsqu'il a fait sa transition vers le hockey professionnel, c'était sa capacité à tenir son bout dans les zones de turbulence. Mesurer 5 pieds 9 pouces et peser 175 livres est une combinaison qui ne vous donne pas nécessairement une longueur d'avance dans ce département. Mais, la séquence du but des siens contre Utica vous le démontrera, Farrell fait des progrès. Décortiquons-la ensemble.
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Au début de la troisième période, le Rocket s'immisce en zone offensive quand Xavier Simoneau, longeant la rampe, transporte la rondelle au-delà de la ligne bleue. Avant qu'un rival n'ait le temps de fondre sur lui, Simoneau envoie le disque dans le coin opposé, où une confrontation se dessine entre son coéquipier Farrell et l'attaquant des Comets Graeme Clarke. Ce dernier possède une ou deux enjambées d'avance sur le joueur ciblé et est donc avantageusement positionné pour tuer la menace dans l'œuf.
Ce n'est pas ce qui se produit. Farrell feint de vouloir déborder Clarke vers sa gauche, accélère pour revenir vers sa droite et lève le bâton de son adversaire au moment où celui-ci cherche à lui appliquer un coup d'épaule. Pivotant sur lui-même, Farrell aperçoit la rondelle à ses pieds et la pousse en deux touches vers son allié Brandon Gignac, devançant l'intervention du défenseur qui arrivait en support.
Gignac rebondit sur Simoneau, qui à son tour repère Jayden Struble seul entre les cercles de mises en jeu. But. Avec discernement, vitesse et ruse, la recrue du Rocket a compensé pour son petit gabarit et exécuté le genre de jeu qui lui fera gagner beaucoup de points, du genre qui ne sont pas visibles sur Hockey DB, auprès de ses patrons.
« C'est un aspect de mon jeu sur lequel je savais que j'aurais à travailler, a reconnu Farrell vendredi matin. C'est une façon de générer de l'attaque qui est vraiment non-négligeable dans cette ligue et je m'applique jour après jour à y être meilleur. Ça commence par donner tout ce que j'ai lorsqu'on le travaille dans les entraînements. À force de pratiquer, ça finit par rapporter dans les matchs. »
« Cette une ligue très exigeante, a enchaîné l'attaquant de 22 ans. Les gars ne vous donnent pas un pouce, ils ne lésineront pas sur les double-échecs pour s'assurer de bloquer l'accès au devant du filet. Il faut se battre pour chaque petit espace qu'on veut prendre. Et comme je l'ai dit, ces batailles sont tellement importantes. Si je veux produire, je dois en gagner plus que j'en perds. »
Farrell croit que la force physique de ses antagonistes représente la plus grande partie du défi, mais reconnaît que les astuces emmagasinées par les hockeyeurs de métier auxquels il se frotte désormais entrent dans le calcul du coefficient de difficulté.
« L'expérience ne nuit certainement pas. Les gars sont bons pour réduire les espaces, ils savent quand et comment provoquer le duel au moment qui les avantage. Ils connaissent plein de petits trucs et s'en servent pour être vraiment, vraiment bons défensivement. À chaque soir, c'est un défi pour moi. »
La façon dont Farrell aborde et relève ces défis a retenu l'attention de Jean-François Houle. En ce début de saison compliqué pour ses troupes, le pilote du Rocket ne se gêne pas pour souligner les ratés des joueurs qui en arrachent. Il s'est assuré de ne pas inclure Farrell dans ce groupe lorsque questionné à son sujet.
« Il s'améliore. Je pense qu'il a cinq points en [huit] matchs, c'est raisonnable. Et puis tu vois qu'il commence à prendre du galon, il commence à comprendre la game professionnelle. Il gagne ses batailles et quand il gagne ses batailles, il a des chances et il peut ramasser des points. Il fait beaucoup de bonnes choses, Sean Farrell. Quand vraiment tu prends le temps de le regarder à tous les matchs, tu t'aperçois que c'est un bon joueur de hockey. »