Les premiers pas de Jakub Dobeš chez les pros
LAVAL – Jakub Dobeš en doit déjà une à Simon Payette, le gérant de l'équipement du Rocket de Laval.
Au terme de sa première séance d'entraînement avec le club-école du Canadien de Montréal mardi, le gardien tchèque était convié comme tous ses nouveaux coéquipiers à participer à une séance photo devant servir durant un hypothétique parcours en éliminatoires.
Le temps de faire un arrêt au vestiaire et de troquer son chandail de pratique pour un uniforme de match, il était prêt à en sortir pour s'aventurer dans les dédales de la Place Bell et aller à la rencontre du photographe quand il a été stoppé net par un son indésirable. Celui causé par le contact de sa lame de patin avec le sol de ciment du couloir dans lequel il s'apprêtait à s'engager. Il avait oublié ses protège-lames.
« Je sais, c'est pas fort », préférait-il en rire après coup avec quelques journalistes témoins de la scène. « Je ne sais pas où ma tête était à ce moment. Je vais parler à Simon et probablement lui acheter quelque chose, lui expliquer. »
Parions que Payette et son personnel sauront pardonner la recrue pour cet aiguisage de patins supplémentaire. Car après tout, Dobeš débarque à Laval après avoir vécu une semaine pas comme les autres.
Le 26 mars dernier, le choix de 5e ronde du Tricolore en 2020 (136e) a vu sa deuxième saison universitaire prendre fin à la suite de la défaite de 4-1 des Buckeyes d'Ohio State en quarts de finale du Championnat national de la NCAA contre les Bobcats de l'Université Quinnipiac. Le lendemain s'amorçait sa réflexion.
Faire le saut chez les professionnels maintenant ou jouer au moins une autre de ses deux années d'admissibilité restantes dans la NCAA.
« Après notre défaite, je sentais que j'avais encore du hockey dans le corps et que je pouvais me joindre à une autre équipe. Je n'avais jamais été dans cette situation auparavant. C'est triste de quitter, mais je devais aller de l'avant et prendre la meilleure décision pour mon avenir. Le lendemain, ma décision était pas mal prise. »
Quatre jours plus tard, le Canadien annonçait avoir offert un contrat d'entrée de deux saisons à l'imposant portier de 6 pi 5 po et 197 livres.
« Je pensais simplement que j'étais prêt à faire le saut, je voulais un nouveau défi, explique-t-il. Je voulais affronter de meilleurs joueurs et m'améliorer en tant que joueur. Je pense qu'avec ma famille, on a pris une bonne décision et ça fera de moi un meilleur joueur de hockey. »
Dobeš s'amène dans l'organisation du Canadien avec une feuille de route éloquente. À sa première campagne dans la NCAA après avoir été repêché par le CH, le hockeyeur originaire d'Ostrava a affiché un dossier de 21-12-2, une moyenne de 2,26 et un taux d'efficacité de ,934 qui ont fait de lui le gardien de l'année dans la division Big Ten et un finaliste pour le trophée Mike Richter, remis chaque année au meilleur joueur à évoluer à cette position dans la NCAA.
Cette année, Dobeš a été encore plus occupé, jouant chacun des 40 matchs des Buckeyes, un sommet dans le circuit universitaire américain. Celui qui a montré une fiche de 21-16-3, tout en maintenant une moyenne de 2,37 et un taux d'efficacité de ,918, n'a laissé que 37 minutes de jeu à ses deux adjoints.
À quand un départ?
S'il dit avoir besoin d'encore une ou deux journées pour retrouver ses aises sur une patinoire, Dobeš s'estime prêt à faire ses débuts chez les professionnels très prochainement.
« C'est aux coachs de décider. Je viens tout juste d'arriver. Je vais faire de mon mieux et je serai prêt quand on fera appel à moi », jure-t-il.
Ça ne risque toutefois pas d'être lors du prochain match du Rocket, vendredi à la Place Bell, face à des Monsters de Cleveland que les Lavallois tentent à tout prix de distancer dans la lutte pour une place en éliminatoires.
« Ça va dépendre de ce qui va arriver, s'est limité à dire l'entraîneur-chef Jean-François Houle, tout en soulignant que Dobeš, comme tout autre joueur arrivant de la NCAA, doit d'abord s'acclimater à son nouvel environnement de travail.
« C'est sûr qu'on bataille pour les séries éliminatoires, mais tout peut arriver. Il peut y avoir des blessés et on utilise les gardiens de but qu'on a. C'est une possibilité, mais en ce moment on se prépare comme si [Kevin] Poulin était le prochain à rentrer dans le filet », a précisé Houle, qui est pour l'instant privé des services de Cayden Primeau, rappelé par la maison-mère pour affronter les Red Wings de Detroit mardi soir.
D'ici à ce qu'on lui offre du temps de jeu, Dobeš sera laissé aux bons soins de l'entraîneur des gardiens du Rocket, Marco Marciano.
« Quand les gars arrivent de même de l'Université, c'est important pour nous de les guider, a rappelé Houle. C'était la même chose pour [Jayden] Struble. C'est important d'avoir une structure professionnelle. C'est vraiment différent de l'école. Struble est arrivé à 9 h ce matin pour la pratique qui commençait à 10 h. Les pros arrivent un p'tit peu plus de bonne heure que ça. »
Âgé d'à peine 21 ans, Dobeš a encore bien du temps devant lui pour apprendre les rouages du métier et idéalement consolider sa place dans la liste des candidats potentiels à la succession de Carey Price.
« Je ne sais pas c'est quoi la situation avec Carey. C'est un gardien extraordinaire et je souhaiterais qu'il puisse jouer pour encore beaucoup d'années, mais je viens à peine d'arriver. Je tâche pour l'instant de m'ajuster. On verra ce que l'avenir m'amènera, mais je ferai de mon mieux dans l'espoir que je jouerai un jour pour le Canadien. Avec Carey ou n'importe qui d'autre. »