Mailloux à -9 après 7 matchs : « parfois c'est ma faute, parfois ça ne l'est pas »

RDS et RDS.ca présenteront le match entre Utica et le Rocket, mercredi à 19 h.

LAVAL – Le point de presse de Jean-François Houle a duré 8 minutes et 59 secondes mardi. Durant cette rencontre avec les journalistes, l'entraîneur-chef du Rocket de Laval a prononcé 14 fois les mots « jeune » ou « jeunesse ».

Exactement comme il l'avait prédit au début du camp d'entraînement, Houle gère un début de saison « rock and roll » à la barre du club-école du Canadien. Le Rocket a signé une seule victoire à ses sept premières parties. Son taux de succès de ,214 est le pire de la Ligue américaine.

Les dures défaites de la fin de semaine, à Rochester et Syracuse, ont laissé filtrer un début de grogne en provenance du vestiaire. L'effort insuffisant et le manque d'imputabilité ont été relevés. Le coach a tout entendu et en a même rajouté. La jeunesse ne devrait pas tout excuser, a-t-il lancé comme message après le plus récent entraînement des siens.

Mais le thème général demeure le même.  

 « Il n'y a rien qui change. Ce sont des jeunes qui essaient d'apprendre. On essaie de trouver une chimie aussi en même temps. On a plusieurs nouveaux visages, des joueurs qui n'ont pas beaucoup d'expérience. C'est ça, avoir une jeune équipe en apprentissage. Alors oui, c'est rock and roll et ça va l'être encore pendant un petit bout de temps. »

L'une des recrues qui peinent le plus présentement à Laval est aussi l'une de celles qui y sont débarquées sous le plus grand battage. Titularisé pour tous les matchs des siens depuis son arrivée dans la Ligue américaine, Logan Mailloux affiche présentement un différentiel de -9, un bilan peu reluisant qu'il partage avec le vétéran Philippe Maillet.

Si cette statistique est évidemment désuète et insuffisante pour brosser un portrait précis du rendement d'un joueur, elle est ici assez frappante pour donner des indices de difficultés réelles.

« Il a encore beaucoup de millage à faire, a corroboré Houle lorsqu'appelé à la commenter. Oui, c'est un bon joueur. Oui, il est projeté pour être un très grand joueur. Mais je pense que ça commence à la base et il a beaucoup de choses à améliorer, comme tous les autres jeunes aussi. »

Rencontré dans les coulisses de la Place Bell, Mailloux a d'abord pris la situation avec humour.  

« Ce n'est certainement pas un objectif que je visais, ça je peux te le dire. Au golf, ça me vaudrait probablement le veston vert ou quelque chose du genre! Mais l'été est fini depuis longtemps », a badiné le grand défenseur, qui n'a aussi produit que deux points en attaque.

Plus sérieusement, Mailloux a mis ses nombreuses présences sur la patinoire pour des buts de l'adversaire sur le dos de quelques bonds malchanceux. « Si on regarde ces buts plus attentivement, parfois c'est ma faute, parfois ça ne l'est pas », a-t-il lâché comme pour tempérer toute exagération que la lecture de sa fiche personnelle pourrait inciter.

Une nuance justifiée

Les chiffres déterrés par les analystes de la firme Sportlogiq invitent aussi à la nuance.

De façon générale, les données plus approfondies commandées par RDS confirment que Mailloux n'apparaît pas sous son plus beau jour depuis ses débuts dans la Ligue américaine. Parmi les six défenseurs qui ont été les plus utilisés chez le Rocket depuis le début de la saison, l'Ontarien vient au cinquième rang au niveau des buts attendus pour, mais aussi pour les buts attendus contre. « Par tranche de 60 minutes de jeu à forces égales, quand Mailloux est sur la glace, on s'attendrait à voir le Rocket marquer environ trois buts, mais en accorder quatre en retour », verbalise Sportlogiq.

Au volume, le Rocket décoche autant de tirs qu'il n'en donne lorsque Mailloux est en action, mais les chances de marquer qu'il concède en provenance du bas de l'enclave sont plus nombreuses et s'avèrent surtout plus coûteuses. En sept matchs, le quintette dont fait partie Mailloux a donné 15 tirs venant de cette zone critiques. Cinq d'être eux ont trouvé le fond du filet.

« On a deux jeunes gardiens, il faut les aider, disait justement Houle sans toutefois viser un joueur en particulier. Il faut donner moins de chances dans les zones dangereuses, de l'enclave. En améliorant notre défensive, on va peut-être aider nos gardiens à avoir moins de lancers dangereux. »

Le rapport que nous avons obtenu permet de conclure que Mailloux a « encore du travail à faire défensivement », mais aussi qu'il a été « victime de malchance aux deux extrémités de la patinoire ». En effet, le choix de première ronde a été sur la glace pour trois buts de son équipe contre treize de l'adversaires. Le modèle de Sportlogiq le place toutefois sur la patinoire pour un total de 5,35 buts attendus en faveur des siens et 7,05 buts attendus au profit de l'adversaire.

Bref, le jeu de Mailloux lui vaut d'être dans le rouge, mais pas dans des teintes aussi foncées que celles qu'on voit présentement.

Houle mentionne souvent à quel point il est fréquent de voir un jeune joueur tomber des nues en prenant la véritable mesure du calibre de la Ligue américaine, une ligue « sous-estimée » selon l'entraîneur. Lorsqu'on lui demande si cette réalité s'applique présentement à Mailloux, l'entraînement répond : « Possiblement, et c'est est normal. [Ces jeunes] dominent dans le junior ou la NCAA et pensent qu'ils vont être capables de le faire ici. »

Placé devant cette hypothèse, Mailloux s'est défendu d'avoir abordé cette étape de sa carrière avec complaisance. « Je ne dirais pas que je suis arrivé ici en me disant que ça allait être facile, pas du tout. On est aux portes de la LNH, c'est un tout autre monde que le junior et je savais qu'il y aurait des creux de vagues. Je ne m'attendais pas à arriver ici et à dominer. J'essaie simplement de perfectionner mon jeu un peu plus chaque jour en espérant m'améliorer au fil de la saison. »

En gros, Mailloux ne demande qu'à ce qu'on attende son entrée au chalet avant de porter un jugement sur sa carte de pointage.