Phillipe Maillet : le mentor qui rêve encore à la LNH
LAVAL – Oui, Phillippe Maillet est le deuxième joueur le plus vieux chez le Rocket de Laval après Gabriel Bourque.
Non, il n'appartient pas à 30 ans au groupe de jeunes espoirs bien en vue de l'organisation du Canadien.
Et oui, il a été mis sous contrat cet été pour servir de mentor à ces derniers cette saison.
Il sait tout ça. Mais ça ne veut pas dire qu'il renonce à son rêve. Non.
« C'est sûr que mon rôle à Laval, c'est ça, approuvait-il mardi au terme du Jour 2 du camp d'entraînement du Rocket. Mais je veux toujours monter et jouer pour le Canadien. C'est la raison pour laquelle je suis revenu d'Europe. »
Après deux hivers passés dans la KHL chez le Mettallurg de Magnitogorsk, qu'il a d'abord aidé à atteindre la finale à sa première saison avant de conclure la seconde au sommet des pointeurs du club (22 buts et 53 points en 66 matchs), le Québécois se jugeait prêt à tenter sa chance à nouveau dans la grande ligue.
« En Russie, il y a beaucoup de gars qui ont joué dans la Ligue nationale et j'étais considéré meilleur qu'eux. Les équipes me voulaient et le rôle que j'avais était plus gros que celui de plusieurs gars qui ont joué dans la LNH plus longtemps que moi. Alors je me suis dit : "J'ai 30 ans et j'ai encore de bonnes années devant moi. Pourquoi pas revenir et donner une shot?". »
C'est ainsi que le joueur de centre originaire de Lachenaie a signé un contrat à deux volets avec le Canadien l'été dernier.
« Mon but ce n'était même pas de revenir à Montréal, c'était de revenir dans la Ligue nationale. Je ne voulais pas prendre la décision émotionnelle de choisir le Canadien parce que c'est Montréal. J'ai gardé la tête froide avant de prendre ma décision et ç'a juste adonné que la meilleure offre que j'avais sur la table, c'était celle de Montréal », a confié celui qui dit avoir reçu quelques offres d'autres clubs.
« Il y avait une couple d'équipes avec des contrats assez similaires. [...] Mais en signant un contrat à deux volets, je devais aussi prendre en considération où j'allais jouer dans la Ligue américaine si je me faisais rétrogradé et Laval, il n'y a pas vraiment meilleur que ça. »
Cette première rétrogradation, prévisible compte tenu la congestion chez les attaquants à la disposition de Martin St-Louis, a eu lieu dimanche. Retranché après avoir joué un des quatre premiers matchs préparatoires du Canadien, Maillet a d'abord été soumis au ballottage avant de se rapporter à Jean-François Houle mardi matin.
« Martin ne m'avait jamais vu jouer. [...] Alors je suis comme un nouveau produit, si on peut dire. Mais je pense qu'ils étaient heureux. Quand j'ai commencé à jouer les matchs simulés, ils ont réalisé que j'étais capable de jouer. Mais c'est sûr qu'en ce moment, c'est très congestionné en haut. Je ne vois pas ça comme une défaite. C'est vraiment une longue saison. Ç'a été une longue carrière pour moi jusqu'à date et chaque fois qu'il y a quelque chose qui se passe, que je suis rétrogradé, retranché ou peu importe, je rebondis tout le temps plus fort. Ce n'est pas quelque chose qui est nouveau pour moi. »
« J'ai encore plus faim »
Les vertus de la patience, Maillet les a apprises il y a déjà fort longtemps. Jamais repêché, l'ancien des Tigres de Victoriaville a d'abord évolué pendant quatre ans dans les rangs universitaires canadiens avec les Reds de l'Université du Nouveau-Brunswick avant de faire le saut chez les professionnels dans la Ligue américaine. Il y a joué quatre saisons avec le Reign d'Ontario, puis les Bears de Hershey avant de recevoir l'appel attendu à l'âge de 28 ans. En février 2021, Maillet enfilait enfin le maillot des Capitals de Washington, le temps de deux matchs.
« J'ai eu beaucoup de succès dans la Ligue américaine, mais j'ai joué toutes ces années sans jamais savoir si j'allais jouer dans la Ligue nationale. J'avais toujours le doute que je n'allais jamais jouer. Et là, finalement, à ma dernière année j'ai joué. Ç'a enlevé une grosse pression sur mes épaules : "OK je l'ai fait". Je ne serais pas allé en Europe si je n'avais pas joué dans la Ligue nationale. J'aurais continué à chasser mon rêve. »
Meilleur pointeur de la KHL en séries à sa première saison, Maillet a brièvement songé à un retour en Amérique du Nord pour le calendrier 2022-2023. Son agent a bien eu un premier contact avec le directeur général du CH Kent Hughes avant la campagne, mais en vain. L'attaquant a donc remis ça dans la KHL, bouclant l'année dans le top-15 des meilleurs pointeurs du circuit russe.
« Si je pense au joueur que j'étais il y a deux ans, je suis encore plus complet aujourd'hui, estime celui qui a amassé 59 buts et 100 passes en 217 matchs de saison régulière dans la LAH. J'ai beaucoup plus d'expérience et je dirais même que j'ai encore plus faim. Et c'est une bonne affaire. »
Ce n'est donc pas un pas de recul qui l'ébranlera. D'autant plus qu'il doit montrer l'exemple à la relève.
« Il y a deux ans, j'aurais peut-être pris cette rétrogradation-là d'une autre façon. Là, ça fait juste mettre du gaz dans le moteur. C'est tout. »