Quand le destin refuse de séparer l'inséparable
MONTRÉAL – S'ils avaient voulu écrire leur histoire, Nathan Légaré et Christopher Merisier-Ortiz n'auraient probablement jamais osé imaginer un scénario aussi parfait que celui qui s'écrit sous leurs yeux aujourd'hui.
Amis de longue date, les deux hommes pensaient jusqu'à tout récemment que leurs chemins de joueurs de hockey étaient arrivés à la croisée des chemins après presque 10 ans sans être séparés. Mais parfois, le destin refuse de séparer l'inséparable.
Depuis qu'ils ne sont âgés que de 13 ans, les deux amis sont également coéquipiers. C'était le cas dans les rangs AAA avec les Seigneurs des Mille-Îles et les Vikings de Saint-Eustache, puis dans la LHJMQ avec le Drakkar de Baie-Comeau pendant quatre saisons. Et puisque leur histoire ne semblait pas encore prête à fermer un chapitre, ils ont évolué partiellement dans la même équipe au cours des deux dernières années, chez les professionnels, avec les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton.
Ironiquement, Légaré et Merisier-Ortiz en étaient venus à la conclusion qu'ils n'allaient pas évoluer ensemble lors de la prochaine campagne, à peine une semaine avant la transaction qui a fait passer Légaré aux Canadiens. Merisier-Ortiz s'était entendu avec le Rocket de Laval, alors que Légaré était toujours un membre de l'organisation des Penguins.
« Quand on s'est vu sur la glace avec des équipements différents, on a compris qu'on n'allait pas jouer ensemble cette année, pour la première fois en neuf ans. Une semaine plus tard, il s'est fait échanger. On est destiné à se suivre partout! », raconte Merisier-Ortiz dans un appel, orné d'un sourire qui pouvait s'entendre à travers le téléphone.
« Je dormais encore et Nathan m'a appelé vers 10 heures dimanche. Je me demandais pourquoi il m'appelait et ça m'a un peu réveillé. Je me suis levé tranquillement et j'ai vu aux nouvelles qu'il avait été échangé et qu'il m'appelait pour cette raison. Quand j'ai réalisé, je me disais que ça n'avait aucun sens! »
Près d'une semaine après la transaction, les deux hommes peinent toujours à réaliser la chronologie des évènements des derniers jours. Dans un cas comme dans l'autre, ils s'entendent pour dire qu'il s'agit d'un privilège qu'ils considèrent tous les deux de spécial.
« C'est spécial. Chris et moi, on n'en revient toujours pas! On dirait qu'on est fait pour jouer ensemble, expliquait Légaré au RDS.ca cette semaine. Depuis notre première année pee-wee, il y a seulement une demi-saison pendant laquelle nous n'avons pas joué ensemble. Ce sera spécial de rester aux côtés de Chris une autre saison. »
Repousser les limites de son ami
Après neuf ans et des centaines de matchs de hockey dans le même uniforme, il n'est pas trop risqué d'affirmer que les deux fidèles acolytes sont aux premières loges pour voir les réalisations d'un et l'autre. Non seulement sont-ils aux premières loges, mais ils contribuent au développement et au surpassement de l'autre.
« On essaie aussi de se challenger dans les pratiques. Juste tantôt, on faisait des batailles à un contre un et on joue comme dans les matchs. On est robuste et on se prépare dans l'optique de faire le gros club et laisser notre marque », a expliqué Légaré.
« Nathan travaille fort et il est fort physiquement. Encore l'été sur la patinoire, on travaille à un contre un ensemble. On aime compétitionner et jouer un contre l'autre », explique de son côté Merisier-Ortiz. Nathan Légaré et Christopher Merisier-Ortiz
Adversaires dans les entraînements, mais partenaires dans les matchs. Une fois les deux amis sur la patinoire, ils deviennent comme deux enfants au parc extérieur qui ont une chimie inexplicable.
« On peut parler de chimie, comme sur l'avantage numérique. À Baie-Comeau dans le junior, on a joué souvent ensemble sur l'avantage numérique. Chris est vraiment bon sur l'aspect défensif, alors que je suis davantage un marqueur de but », confie Légaré.
« Nathan me répète toujours "tu sais où me placer la rondelle" parce qu'il est souvent sur son lancer sur réception. Au fil des ans, j'ai appris à lui faire des passes sur son lancer sur réception. On a commencé pee-wee. Maintenant sur la patinoire, je le trouve facilement et on peut aussi se parler en français. Ça aide beaucoup », raconte Merisier-Ortiz.
Merisier-Ortiz veut faire bonne impression
S'il souhaite rejoindre Légaré à temps plein dans la Ligue américaine, Merisier-Ortiz sait qu'il devra faire sa place. Après avoir passé les deux dernières saisons à faire la navette entre la LAH et la ECHL, le défenseur de 22 ans croit maintenant être prêt à faire le saut à temps plein avec le Rocket et il sait quelle sera la clé du succès.
« Souvent, les entraîneurs à Pittsburgh me parlaient de ma constance. Je jouais un bon match, puis je connaissais un match moyen après. Si je peux être constant toute l'année à chaque match et chaque entraînement, je pense que tout devrait bien aller. »
« C'est certain que je veux mon poste à temps plein. Je vais arriver au camp pour jouer avec le Rocket, mais si je dois faire un passage à Trois-Rivières, je vais m'assurer d'avoir la bonne mentalité pour remonter. Des blessures et des joueurs qui jouent moins bien, ça arrive souvent. »