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RÉSULTATS

David Reinbacher replonge avec le sourire dans la folie montréalaise

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LAVAL – Lorsque David Reinbacher est apparu dans l'embrasure de la porte qui donnait accès au vestiaire du Rocket, ses yeux se sont écarquillés et sa bouche est restée grande ouverte sous l'effet de la surprise. À son casier l'attendaient quatre caméras et 14 journalistes qui étaient venus assister à son premier entraînement avec le Rocket.

« Donnez-lui une chance, pauvre gars... c'est sa première fois », avait demandé le vétéran Tobie Bisson, mi-blagueur, mi-sérieux, en observant la scène.

À Montréal, ainsi va la vie pour un choix de première ronde du Canadien. Reinbacher en avait eu un avant-goût au camp de développement de l'équipe l'été dernier, puis au camp principal en septembre. S'il s'attendait à ce que son retour se fasse dans l'anonymat dans la banlieue lavalloise, la désillusion a dû être violente.

« Je veux dire, c'est probablement normal ici, s'était-il fait à l'idée une fois installé devant les projecteurs. C'est un monde de hockey un peu fou ici à Montréal. »

Reinbacher est arrivé au Québec lundi soir. Sa saison en National League suisse est terminée depuis le 4 mars, mais il devait attendre de connaître l'issue d'une série entre Olten et Küsnacht en deuxième division avant de faire ses valises.

« On faisait juste pratiquer! », dit-il pour décrire son emploi du temps pendant ces longues semaines d'attente. Dès que la menace de relégation s'est dissipée au-dessus de l'EHC Kloten, le club qu'il représentait depuis le niveau U15, il a pu mettre le cap sur l'Amérique du Nord.

Ce dénouement a évidemment fait l'affaire de tout le monde là-bas. Reinbacher s'est dit enjoué pour ses anciens coéquipiers qui sont toujours sous contrat en Suisse et « qui se battent pour leur job ». Mais il est clair qu'égoïstement, il accueille ce nouveau départ dans le giron de l'équipe qui l'a repêché avec un mélange de bonheur, de reconnaissance et de soulagement.

La dernière saison n'a pas été un long fleuve tranquille pour le cinquième choix du plus récent encan de la Ligue nationale. « Des hauts et des bas », pour reprendre ses propres mots. Des blessures l'ont limité à disputer 35 matchs sur une possibilité de 52. Kloten a changé deux fois d'entraîneurs et a terminé l'année à l'avant-dernier rang du classement de la National League.

Avec une production d'un but et onze points, Reinbacher n'a pas connu l'éclosion offensive espérée par certains. Son bilan défensif de -15 a aussi été le pire parmi les défenseurs de son équipe. Parce qu'il n'a que 19 ans et aussi parce qu'il jouait un rôle important dans une équipe qui a accordé 69 buts de plus qu'elle en a marqué, on suggérerait ici d'éviter de céder à la panique.

« J'ai joué beaucoup en zone défensive », a d'ailleurs noté l'Autrichien dans l'énumération des points positifs qu'il pouvait retenir de son dernier tour de piste en Europe.

« On croit en lui »

Jean-François Houle n'a pas précisé à quel moment il pensait insérer sa nouvelle recrue dans sa formation, mais il a convenu que la séquence de trois matchs en trois jours qui attend son équipe en fin de semaine apparaissait comme un contexte favorable à son intégration. Il y a un an, dans un contexte similaire, Jayden Struble avait regardé quelques matchs des gradins avant d'être impliqué dans neuf rencontres de saison régulière et deux en séries éliminatoires.

L'arrivée de Reinbacher donne au Rocket trois défenseurs droitiers - Logan Mailloux et Justin Barron sont les autres – et un total de sept défenseurs en santé. Houle n'a pas exclu la possibilité de tous les avoir en uniforme en même temps pendant le dernier droit de la saison.

« Ce n'est jamais facile, mais ça fait partie de la réalité de la Ligue américaine. Il faut qu'on développe certains joueurs pour l'organisation. Je pense que nos joueurs le savent, ça fait partie de la vie ici. On n'est pas encore certains de la façon dont on veut l'insérer, mais c'est sûr qu'on veut le voir. »

L'entraîneur a spécifié que Mailloux et Barron devraient continuer à patrouiller les deux vagues de l'avantage numérique. « Reinbacher va sûrement être utilisé dans toutes les autres places, a précisé l'entraîneur. On croit en lui. On croit qu'il est capable de bien faire. »

Comme tous les Européens qui font la transition transatlantique, Reinbacher appréhende la période d'ajustement qu'il devra traverser pour s'ajuster aux dimensions des patinoires nord-américaines. C'est l'une des premières choses qui l'ont frappé dans la séance intense qui attendait les joueurs du Rocket après leur dure défaite de la fin de semaine contre Toronto.

« Ça prend un peu de temps à retrouver ses repères. Tout arrive plus vite, explique Houle. Dans les coins, les sorties de zone, l'échec-avant arrive très vite. Sa prise de décision va devoir être accélérée. » Houle a rappelé que Mattias Norlinder avait été brutalement confronté à cette réalité il y a deux ans, mais qu'Emil Heineman, un attaquant qui affectionne d'emblée le jeu physique, s'était fondu plus facilement dans son nouvel environnement. « Chaque joueur est différent », en conclut le coach.

Houle a aussi souligné que Reinbacher débarque à un moment de la saison où le niveau de jeu de la Ligue américaine est à son sommet. À trois points d'une place en séries, le Rocket affrontera des adversaires directs dans huit de ses douze dernières parties.

« Ça va être quelque chose à quoi il devra s'habituer, a reconnu Houle. Mais il arrive du hockey professionnel, pas du junior, ni de la NCAA. C'est un gars qui a joué contre des hommes. On pense qu'il va être correct. »

Pour plusieurs spectateurs qui suivront ses débuts avec le club-école du Tricolore, « correct » risque de ne pas être suffisant. Reinbacher a goûté au côté obscur du dévouement partisan après sa sélection par le Canadien en juillet dernier. Il semble mieux équipé pour débourser la rançon de la gloire cette fois.

« Les attentes, j'essaie de les écarter de mon chemin. Je veux simplement jouer, gagner en expérience. Tout ça, c'est nouveau pour moi. »