Un premier match à Montréal très spécial pour la famille de Joey Daccord
Sénateurs d'Ottawa mercredi, 17 mars 2021. 07:37 mercredi, 17 mars 2021. 12:00MONTRÉAL – Le 2 mars, la première victoire de Dominique Ducharme a, logiquement, monopolisé l’attention au Centre Bell. Mais, en arrière-scène, il y avait la belle histoire du gardien américain, Joey Daccord, qui était émotif au terme de son premier match dans l’amphithéâtre montréalais.
Le gardien des Sénateurs d’Ottawa a expliqué sa réaction par le fait que ses grands-parents habitent toujours à Montréal et il avait blagué en disant que son grand-père avait sans doute tenté de se faufiler dans l’aréna.
À défaut de pouvoir miser sur lui comme spectateur, Daccord a savouré chaque seconde de l’appel avec son grand-père et sa grand-mère après cette rencontre.
« Oh, c’était vraiment un appel émouvant et spécial à faire. Mon grand-père m’a souvent dit qu’il rêvait de me voir jouer au Centre Bell face aux Canadiens. Ils étaient surtout très fiers de moi et c’est plutôt fabuleux de repenser au parcours qui m’a mené jusqu’ici », a raconté Daccord, au RDS.ca, mardi.
Bien sûr, Daccord sera impatient de leur offrir les meilleurs billets disponibles quand le Canadien accueillera de nouveau les Sénateurs avec des spectateurs.
« Vous savez quoi, c’est peut-être devenu plus facile ainsi. Ç'aurait été génial d'être sur place, mais nous avons tous pu en profiter quand même. On n’a pas cessé de communiquer ensemble pendant la soirée et on poussait pour Joey », a confié son père, Brian, qui a vu son fils être à la hauteur malgré un revers de 3-1.
Même si Joey rendait souvent visite à ses grands-parents durant son enfance, il n’a jamais assisté à un match des Canadiens à Montréal. En fait, il allait surtout les voir jouer quand ils s’arrêtaient à Boston. Le frère de Joey a d’ailleurs eu le courage de porter un chandail du CH pour un match éliminatoire à Boston.
« Joey est très proche de ses grands-parents. Vous devez savoir que, quand il était enfant, mes parents lui envoyaient sans cesse des t-shirts et des objets à l’effigie des Canadiens », a raconté le paternel.
« Malgré tout, j’étais avant tout un fan des Bruins durant mon enfance. Mais c’est clair que mes grands-parents souhaitaient que je devienne un partisan du Canadien comme mon frère », a rigolé Joey qui a longtemps porté un chandail de Carey Price, l’une de ses inspirations.
Pour la petite histoire, notons que les grands-parents de Daccord parlent français et c’est aussi le cas de sa mère qui est originaire de la Suisse. Quant à son père, Daccord s’empresse de le taquiner pour dire que c’est plus laborieux.
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Grandir auprès de Raycroft, Schneider, Darling, Condon et compagnie
Parlant de son père, si celui-ci n’était pas tombé sous le charme du Massachusetts, peut-être que le parcours de Joey se serait plutôt écrit en sol québécois. Brian – qui est aussi un gardien - a grandi dans l’ouest de la métropole québécoise jusqu’au moment d’entamer ses études universitaires aux États-Unis.
Le grand-père de Brian est celui qui a immigré à Montréal à partir de la Suisse. Ainsi, au moment de chercher une avenue pour une carrière professionnelle, Brian a sorti son passeport suisse et il est allé profiter des avantages de ce circuit.
Blessé à sa dernière saison, il s’est lancé dans la publication d’un livre (Hockey Goaltending) qui s’est vendu à près de 40 000 exemplaires. À son retour en Amérique du Nord, Brian a choisi de s’établir avec sa femme dans le nord du Massachusetts et il s’est lancé plus activement dans l’enseignement.
À cette époque, le regretté Pat Burns dirigeait les Bruins de Boston. Brian avait une connexion avec Robin, le cousin de Burns. Ce lien lui a permis de devenir l’entraîneur spécialisé du gardien Byron Dafoe qui évoluait pour Boston. De fil en aiguille, Brian est devenu l’entraîneur des gardiens des Bruins.
Ensuite, de 2002 à 2010, Brian a investi tous ses efforts sur l’entreprise qu’il a fondée, Stop It Goaltending, pour favoriser le développement de gardiens. De ses débuts modestes avec une douzaine d’élèves, cette entreprise enseigne, 20 ans plus tard, à plus de 1000 gardiens par année et elle a contribué au repêchage de plus de 25 gardiens.
Ainsi, quand Joey était jeune, sa maison hébergeait constamment des gardiens de passage dans le coin pour perfectionner leur art à un point que la famille s’amusait à surnommer leur maison « l’hôtel à gardiens ». À la maison, il a côtoyé des athlètes comme Andrew Raycroft, Scott Darling, Justin Peters, Casey DeSmith. Sur la patinoire, il pouvait observer ceux-ci et bien d’autres élèves comme Cory Schneider et Mike Condon.
« Il était habitué à ça en grandissant et il s’amusait à jouer avec eux au mini-hockey dans notre sous-sol », s’est rappelé le paternel en riant.
Puisque la boucle se boucle souvent dans le milieu sportif, Raycroft agit désormais comme l’un des directeurs de Stop It Goaltending. Raycroft a été l’un des premiers étudiants de Brian quand il a effectué ses débuts avec les Bruins de Providence en 2000-2001.
Quant à Joey, c’est fascinant de constater que son entraîneur des gardiens avec les Senators de Belleville, dans la Ligue américaine de hockey, est nul autre que Justin Peters qui venait séjourner à sa maison quand il était petit.
En étant entouré de la sorte, il aurait été étonnant que Joey et son frère ne deviennent pas, à leur tour, des gardiens. Pourtant, c’est passé très proche que ça ne se produise!
« C’est drôle parce que Joey a aussi évolué comme attaquant jusqu’au début de l’adolescence. En fait, il jouait pour deux équipes différentes. Il était gardien dans l’une et joueur dans l’autre. Lorsqu'il a dû se décider, il a déduit qu’il avait plus de potentiel en tant que gardien pour se rendre jusqu’à la LNH », a raconté Brian avec amusement.
« Vers l’âge de 13 ans, je devais prendre une décision et j’ai demandé à mon père de me dire, en toute honnêteté, à quelle position j’étais meilleur. Je pense qu’il a eu raison de me dire que c’était comme gardien », a précisé Daccord qui a développé ses plus belles relations avec Schneider et Raycroft.
À preuve, Daccord a poursuivi son chemin en savourant, dimanche, sa première victoire dans la LNH alors qu’il a été envoyé dans la mêlée, à la dernière minute, en raison d’une blessure de Matt Murray.
Après la rencontre, il avait avoué, à chaud, qu’il ignorait si tous ses proches avaient pu regarder le match. Heureusement, ce fut le cas et ils auront la chance de le revoir à l’œuvre puisqu’il n’a pas raté son adaptation à la LNH.
« Pour être honnête, je me sens vraiment confortable et j’en suis un peu surpris. C’était même le cas à Montréal pour mon premier départ de la saison », a noté Daccord qui est rafraîchissant en entrevue.
Voilà de belles expériences à partager avec les plus jeunes quand il retournera enseigner auprès de son père.
The moments after victory. More from Joey Daccord’s first NHL win!
— Ottawa Senators (@Senators) March 15, 2021
#GoSensGo | Breakaway presented by @Bell pic.twitter.com/hQPuKjm1mD
Pourquoi pas un centre des gardiens à Montréal ?
Pendant que Joey gravissait les échelons, Brian a occupé le poste d’entraîneur des gardiens du réputé club allemand, Mannheim, pendant sept saisons (2010 à 2017). Ensuite, il a été ramené dans le giron de la LNH par les Maple Leafs de Toronto alors qu’il collaborait avant tout comme recruteur des gardiens.
Puis, cette saison, il a fait le saut avec les Coyotes de l’Arizona en tant que directeur des opérations des gardiens et assistant spécial au nouveau directeur général Bill Armstrong.
« Quand j’étais avec les Bruins, Bill était l’entraîneur des Bruins de Providence. Nos fils ont joué ensemble à plusieurs reprises et il a demandé la permission aux Leafs de m’embaucher », a expliqué Brian qui considère avoir atteint l’apogée professionnel.
Il est conscient que l’organisation a été dénoncée publiquement pour la culture toxique qui y règnerait sous le nouveau propriétaire Alex Muruelo, mais il assure que ça se passe bien dans son département.
Au fil de l’entrevue, une question nous traverse la tête à plusieurs reprises. Quand on finit par lui demander s’il a songé à lancer une expansion de son entreprise à Montréal, le marché qui épie tout à propos des gardiens, il ne peut s’empêcher de sourire.
« Non, on a amplement de travail pour nous ici dans nos six centres », a conclu Brian qui a implanté des installations à la fine pointe de la technologie dans ses établissements.