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Jocelyn Thibault cède son poste de directeur général de Hockey Québec

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MONTRÉAL – « Tu as souvent l'impression d'être dans une chaloupe, sans rames, dans une mer très agitée. » C'est ainsi que Jocelyn Thibault, fatigué et déçu, a résumé l'éprouvante gouvernance de Hockey Québec.

 

Thibault était vu comme le candidat idéal pour procéder à la refonte de Hockey Québec. Mais, après seulement 27 mois, il renonce à son poste de directeur général surtout en raison de la résistance considérable des associations régionales de hockey pour modifier les structures. Son départ provoque un choc dans le milieu.

 

Quand on sait à quel point Thibault est respectueux dans sa manière de communiquer, c'était frappant de l'entendre utiliser ces formulations pour décrire son mandat de gestionnaire à Hockey Québec :

 

- « Tu as vraiment l'impression d'être dans un champ de mines. »

 

- « Cette imprévisibilité de notre organisation, c'est extrêmement insécurisant et anxiogène pour un gestionnaire. »

 

- « De la façon dont ça fonctionne, c'est très difficile. Le lien avec notre réseau n'est pas très rapide. »

 

On arrivera bientôt à la cause principale de ces répercussions, mais il fallait d'abord parler de l'état d'esprit de Thibault qui a été ébranlé par ce mandat exigeant. 

 

« Ouais, c'est un coup dur. Je suis déçu de ne pas avoir été capable d'aller jusqu'au bout. Mais les deux dernières années ont usé le bonhomme, je ne le cacherai pas. On a eu des situations pas faciles à traverser et les gens qui me connaissent savent que je prends ça à cœur. Le réservoir d'essence était rendu un peu bas... », a confié Thibault.

 

Il faut se rappeler qu'il avait pris les rênes de Hockey Québec, en novembre 2021, avec de grandes et louables ambitions. Dès le premier jour, il a travaillé pour changer la culture, trop souvent négative, qui régnait dans le milieu du hockey québécois. Ensuite, il a concentré ses efforts à ramener les jeunes au cœur des préoccupations.

 

Toutefois, c'est en voulant modifier la structure inefficace de la pyramide du hockey québécois qu'il s'est heurté à un gros vent de face. À vrai dire, c'est comme si la pyramide était inversée car les associations régionales de hockey disposent d'une grande – ou trop grande – autonomie.

 

« J'ai rapidement compris que dans le rôle de DG à Hockey Québec, tu n'as pas tous les leviers requis pour faire toutes les modifications qui s'imposent. Tu n'as pas de contrôle, ou très peu, sur la direction ou les coups de volant à donner », a rappelé Thibault qui s'est donc buté aux dirigeants des régions.

 

La proportion de réfractaires s'avère considérable alors que Thibault a évalué le tout à « moitié-moitié ».

 

« Il y a des endroits où le mouvement est entamé. Hockey Québec n'aura jamais la capacité de tout gérer, mais on se doit de mettre nos bâtons au milieu, comme on le faisait dans notre jeunesse, et jouer en équipe. Il faut travailler ensemble pour avancer avec une certaine cohérence », a insisté Thibault qui veut offrir un support plus complet aux associations de hockey mineur.

 

Thibault confie le relais à Stéphane Auger

 

Afin de faciliter la transition, Thibault demeurera en poste jusqu'en juin 2024. Il continuera de chapeauter l'orientation stratégique ainsi que des dossiers affaires et marketing.

 

Pour le volet hockey, Stéphane Auger prendra la relève en occupant désormais le titre de directeur exécutif aux opérations. Un nouveau poste de direction exécutive au développement et mise en valeur du hockey sera créé pour partager les responsabilités.

 

« Le conseil d'administration va revoir la formule en voulant éviter ce que Jocelyn a subi, c'était vraiment ardu », a convenu Claude Fortin, le président de ce conseil.

 

Rappelons que Thibault a été confronté à un contexte redoutable. En plus de vouloir améliorer les fondations du hockey québécois, il a été plongé, un mois après son arrivée, dans le comité lancé par le premier ministre François Legault. La pandémie a provoqué une pause du hockey mineur, le scandale de Hockey Canada a suscité beaucoup de réflexion et la commission parlementaire sur les histoires au hockey junior québécois s'est ajoutée ...

 

« Mais Jocelyn a su relever les standards pour nous amener à un niveau supérieur et vraiment intéressant. En deux ans et demi, il a beaucoup fait progresser notre fédération », a noté Fortin qui était déçu de le perdre comme dirigeant.

 

Si son enthousiasme en a pris pour son rhume avec l'opposition rencontrée et les crises surmontées, Thibault croit encore à la réussite du plan.

 

« Je me suis rendu compte, dans mon parcours, que ce serait un marathon et même une course à relais. C'est gros, mais on va y arriver. Stéphane sera là pour prendre le relais. Pour ne pas faire une mauvaise blague de hockey, je lui passe la puck », a-t-il ciblé.  

 

Pour Auger, son expérience dans le hockey scolaire sera précieuse alors qu'il a participé à l'harmonisation des ligues.

 

« C'est tout un mandat, mais c'est la suite logique de mon parcours. Je regarde le défi avec... enthousiasme », a réagi Auger avec une petite pause qui semblait révélatrice de l'ampleur de la tâche.

 

« Je ne serais pas venu à Hockey Québec sans le boulot effectué depuis 2-3 ans. Ça me permet de dire que le défi est intéressant et je vais l'avancer un peu plus encore », a ajouté Auger.

 

À savoir si Auger ne faisait pas lancer dans la même fosse aux lions que Thibault, le président du conseil d'administration avait cette réponse.

 

« Le monde du hockey est très conservateur, le changement fait peur, ça se fait avec de petits pas. On ne lâchera pas le morceau. Stéphane sera appuyé à 100% », a conclu Fortin.