« Un gros merci à ceux qui ont cru en nous! »
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COLLABORATION SPÉCIALE
Il y a une salle de réunion dans un hôtel de Saint-Galmier, situé à une vingtaine de minutes du stade de Saint-Étienne, que je n'oublierai jamais de toute ma vie.
Dans 30 ans, je vais me réveiller en sueur, l'image de la salle aux murs tapissés persistant dans ma mémoire, en criant « drone! ». Mon mari va devoir me rappeler que ce n'était qu'un cauchemar, que ça fait longtemps que tout ça est derrière moi.
Pour tous ceux qui voudraient me prendre au sérieux, c'est bien sûr une blague. Comme on dit, il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Ou dans les mots de Vanessa Gilles lors de notre entrevue à Radio-Canada, « on dit toujours que quand c'est dur il faut en rigoler, parce que sinon ça devient vraiment dépressif (sic) ».
C'est dans cette salle de réunion que nous avons appris que notre analyste avait été arrêté par la police parce qu'il avait fait voler un drone au-dessus du terrain pendant l'entraînement de la Nouvelle-Zélande.
C'est aussi dans cette salle de réunion qu'on nous a annoncées que nous venions de recevoir une sanction de 6 points, le soir avant notre match contre le pays hôte des Jeux olympiques, la France... classée numéro 2 dans le monde.
Nous nous y sommes assises en choc, le silence étouffant, en larmes, le coeur brisé.
Mais c'est également dans cette salle que nous avons séché nos larmes et que nous avons refusé de laisser cette situation nous définir. Qu'à 24 h de notre second match, nous nous sommes rappelées l'importance de manger, de nous hydrater et d'aller dormir, parce que le lendemain, nous allions nous battre.
Et c'est exactement ce que nous avons fait. Dans un stade rempli de partisans français chantant haut et fort la Marseillaise, dernières au classement avec moins-3 points, nous avons mené la bataille de notre vie, et nous avons réanimé notre rêve olympique.
Souvent, quand une situation difficile se présente à nous, on pense qu'elle n'aura que du malheur à nous apporter.
Peut-être que oui, mais peut-être que non.
Pour nous, d'un scénario honteux est née une histoire de résilience et d'unité. Cette épreuve nous a montré qu'au pied du mur, nous avons la force de riposter.
Cette force, nous l'avons trouvée les 22 joueuses ensembles, mais lorsque nous nous sommes alignées contre la France, nous savions que ce nous n'étions pas seules contre le monde. Que ce soit les messages de support, publics et privés, de nos coéquipières retraitées de l'équipe nationale, ou encore notre chef de mission Bruny Surin et notre chef du sport Eric Myles qui se sont déplacés jusqu'à Saint-Etienne pour être dans les estrades lors du match. Sans oublier notre staff, qui a été une force tranquille à nos côtés alors que la maison était en feu. Il était clair que nous étions la ligne de front d'une grande armée canadienne. Donc, à tous ceux qui se sont ralliés à notre cause et qui ont cru en nous, le plus grand des merci.
En parvenant à sortir de notre groupe malgré les 6 points de pénalité, nous avons accompli l'impossible, et après tout ce que nous avons surmonté, ce n'est pas en quarts de finale que nous pensions que notre parcours allait s'arrêter, en tirs de barrage face aux Allemandes.
Simplement dit, c'est ça la sport. Bien que nous rentrions au Canada sans la médaille que nous étions allées chercher, je suis fière de nous, et je suis reconnaissante d'avoir mené cette bataille avec 21 joueuses et personnes incroyables.