Charles Philibert-Thiboutot complétera son long chemin de croix à Paris
À Rio de Janeiro, en 2016, Charles Philibert-Thiboutot se sentait sur la bonne voie. Il venait d'atteindre les demi-finales du 1500 m, sa discipline de prédilection, et il pouvait espérer améliorer son sort dans le prochain cycle olympique.
Une série de blessures et de la malchance, comme ce coup de crampon accidentel d'un compétiteur au tendon d'Achille survenu dans une course à quelques semaines des qualifications olympiques, l'ont toutefois empêché de se mesurer aux meilleurs de la planète lors des Jeux de Tokyo, en 2021.
Cette fois, son chemin de croix semble bel et bien terminé, et le coureur âgé de 33 ans compte bien s'offrir un dernier tour de piste à la hauteur de ses attentes, à Paris.
Pour ce faire, il a pu profiter de plus d'un an entre la réussite de son standard olympique et les JO 2024. Il a donc eu tout le temps voulu pour peaufiner sa préparation.
« Après avoir couru le standard olympique (en 2022), je me suis fait éliminer en demi-finales en raison d'erreurs tactiques aux Mondiaux, a raconté Philibert-Thiboutot. Mon entraîneur et moi nous sommes assis et nous sommes demandé comment on fait pour se préparer pour les Jeux? On sait qu'avec l'entraînement, on va me mettre dans une condition physique où je vais être capable de courir vite, que je vais avoir ce qu'il faut. Mais l'aspect tactique, d'être capable de naviguer dans un peloton, dans une course où il n'y a pas de lièvre, qu'il y a des changements de rythme, qu'il y a toujours quelqu'un autour de toi qui tente quelque chose, ce sont des choses avec lesquelles j'ai plus ou moins d'expérience. (…) On veut maximiser ma tactique en course. C'est ce qui m'a manqué aux Mondiaux, et on ne veut pas que ça se reproduise à Paris. »
Où est-ce que Philibert-Thiboutot a pu mettre à l'essai ces enseignements? Au 1500 m des Jeux panaméricains de Santiago, en octobre et novembre derniers.
« On passe notre vie à tenter de faire des temps rapides pour se qualifier pour des Mondiaux ou des Olympiques, et quand t'arrives dans ces compétitions, ce sont des courses sans lièvre et c'est le chaos dans le peloton. Les Panaméricains, c'était entre autres pour pratiquer ça. Je n'étais pas super prêt: j'avais pris mes deux semaines de vacances annuelles en septembre et n'ai eu que quatre semaines pour pratiquer ça. En arrivant là-bas (au Chili), en sachant que je n'étais pas au meilleur de ma forme, je me demandais comment j'allais maximiser tactiquement mes courses pour obtenir des résultats. Il y a d'autres courses, comme ça, dans l'année qu'on veut viser: les Mondiaux en salle en mars, notamment. »
À Glasgow, il n'a pas franchi sa vague en qualifications, mais il a pu voir ce qui fonctionne en piste au niveau tactique.
Gérer la fatigue
Au-delà de tout ceci, son équipe et lui ne veulent pas qu'il arrive exténué aux Jeux de Paris. Pour ce faire, les déplacements ont été minimisés.
« Ce que je retiens de l'été dernier, c'est que j'ai couru 3:32 et les gars qui vont faire la finale aux JO et se battre pour une médaille courent en 3:29. Ce n'est pas un écart que je juge très important », souligne Philibert-Thiboutot.
« Oui, j'ai fait 3:32, mais en l'espace de six semaines, j'avais fait trois voyages entre l'Europe, la côte ouest canadienne et l'est du continent. Ça, ce sont beaucoup d'entraînements manqués en raison des déplacements. Tu manques de volume et de constance. Comme j'ai le standard, on est un peu plus maître de mon destin. Je vois où je peux aller chercher les secondes manquantes. »
Le plan de match était donc clair pour Philibert-Thiboutot: minimiser les déplacements et maximiser l'entraînement. L'athlète de la région de Québec a ainsi passé le plus clair de son temps en Europe, en plus d'un mois à Flagstaff, en Arizona, pour de l'entraînement en altitude.
« Au printemps, je comptais faire deux ou trois courses maximum. L'été dernier, entre mai et juin, j'ai fait six courses en six semaines: New York, Los Angeles, Portland, France, France et Montréal. Ça n'est pas dans le même quartier! On va être capable d'éliminer ça et de choisir des endroits stratégiques où on veut être, pour minimiser le transport et maximiser l'entraînement. Je trouve ça super motivant. »
Ne reste plus qu'à retrancher quelques secondes au chrono.
« Ceux qui sont en mesure de faire la finale, ils courent en 3:29, 3:30 en saison. Ceux qui gagnent une médaille, ce sont ceux qui courent un 3:29 digne d'une médaille la journée de la finale. C'est ça mon objectif. Je sais que je peux courir ce temps. Physiquement, je le peux », répète-t-il.
« Avec mon entraîneur, le gros de notre travail ce sera de synchroniser ça avec Paris. Si je fais ça à Paris, alors je serai en bonne posture pour une médaille. Les quarts et les demi-finales seront aussi très relevées. Mais si je me rends en finale, en 3:29, alors c'est réaliste de penser que ce serait une médaille. Paris, ce seront vraisemblablement mes derniers Jeux. Je ne vais pas viser une sixième place; je sais que ça peut être une médaille. Je me sens suffisamment près de ça pour penser à une médaille », a conclu Philibert-Thiboutot.
Le Québécois participera au 1500 m du 2 au 6 août.