Trampoline : Karina Kosko, la maman du Club Virtuose

Sophiane Méthot effectue ses étirements seule sur les tapis de gymnastique dans le nouveau domicile du club Virtuose, au Centre Pierre-Charbonneau. Son entraîneuse Karina Kosko fait son entrée quelques minutes plus tard, un énorme tapis de sécurité dans les bras. Celui qui avait été mis à sa disposition n'était pas à son goût, pas assez sécuritaire pour ses athlètes.

Sophiane la regarde et hoche la tête en riant.

« C'est ça Karina! C'est vraiment notre maman en plus d'être notre entraîneuse. Quand on a dû quitter les installations au Stade, je savais qu'elle allait tout faire pour qu'on se retrouve un lien d'entraînement. Notre sécurité est l'une de ses priorités, elle pense à tous les petits détails, c'est incroyable », lance-t-elle en entrevue.

Sportcom l'a rencontrée ce printemps au Centre Pierre-Charbonneau, nouvelle maison des trampolinistes dénichée par Karina Kosko, elle qui s'est dépassée pour offrir un lieu d'entraînement adéquat à ses protégés à la suite de l'incendie au Centre sportif du Stade olympique.

Il faut savoir que la relation entre Karina et Sophiane ne date pas d'hier. Après des débuts en gymnastique acrobatique dans l'ouest de l'Île de Montréal, c'est une Sophiane âgée de 13 ans qui s'est présentée devant Karina au club Virtuose pour poursuivre sa carrière en trampoline.

Elles ne se sont pas lâchées depuis. L'entraîneuse s'est retrouvée auprès de Méthot pour les plus importantes étapes de sa carrière, de ses médailles d'or aux Championnats du monde par groupe d'âge jusqu'à sa qualification pour les Jeux olympiques de Paris, en passant par son podium aux mondiaux seniors en 2017.

« Depuis que je suis toute jeune, Karina m'a inculqué des valeurs d'éthique de travail, de détermination et de résilience. Je sais que je vais garder ces valeurs-là pour le reste de ma vie. Je pratique un sport individuel, mais je pense qu'avec Karina, nous formons vraiment une équipe », indique la championne canadienne.

« Ça fait une douzaine d'années que je travaille avec Sophiane. Ç'a super bien été dès le début, on voyait qu'elle avait déjà un énorme potentiel, rétorque Karina Kosko. La relation de confiance s'est construite rapidement plus elle vieillissait et j'ai toujours travaillé en fonction de ses objectifs. »

La trampoliniste qui fêtera ses 26 ans le 3 août prochain, au lendemain des épreuves de trampoline à Paris, ne le cache pas : elle ne serait pas l'athlète qu'elle est aujourd'hui sans l'aide et le soutien de Karina, qui est beaucoup plus qu'une entraîneuse à ses yeux. Chose que l'on comprend assez rapidement lorsqu'on les voit travailler ensemble.

« Je n'ai pas les mots pour décrire la gratitude que j'ai pour Karina, c'est une femme incroyable. Si j'ai des doutes, des craintes ou des peurs, je sais que je peux aller voir Karina et qu'elle va m'écouter. Il n'y a jamais de problème avec elle, il n'y a que des solutions. Elle veut évidemment le mieux pour nous en tant qu'athlète, mais surtout, en tant que personne avant tout. »
- Sophiane Méthot

Cette reconnaissance semble réciproque. En retour, Karina Kosko a voulu prendre quelques instants pour mentionner à quel point il est motivant pour une entraîneuse de travailler avec une athlète déterminée et résiliente comme Sophiane.

« Sophiane, c'est une guerrière ! Il n'y a absolument rien qui ne va l'arrêter. C'est une athlète hyper travaillante, peu importe comment elle se sent, elle sait ce qu'elle doit faire pour atteindre les sommets de son sport. C'est une perfectionniste et je pense que, dans notre sport, c'est une grande qualité. »

Avant les Jeux olympiques de Tokyo où elle était réserviste, Sophiane a vécu plusieurs moments plus difficiles dans son sport. Cela inclut une importante blessure à une cheville, mais également des blocages psychologiques qui la faisaient douter jour après jour.

« J'ai eu beaucoup de hauts et de bas dans les dernières années. Je me suis retrouvée au fond du baril et j'avais pratiquement perdu espoir en mes rêves. Karina était toujours là, elle essayait de m'outiller du mieux qu'elle le pouvait. Elle me permettait de reprendre confiance et de voir une lueur d'espoir quand tout allait mal. »
- Sophiane Méthot

« Dans ce temps-là, mon rôle était de trouver des solutions et d'aller chercher les bonnes personnes pour aider mes athlètes, poursuit l'entraîneuse. Ce n'était pas facile avant les Jeux de Tokyo, mais Sophiane n'a jamais raté un entraînement malgré sa blessure. Elle faisait de la musculation et elle travaillait avec notre préparateur mental. »

« Elle a continué à progresser malgré tout », ajoute modestement Karina. À en croire Sophiane, le « nous » serait toutefois plus approprié quand vient le temps de décrire son cheminement.

Une entraîneuse aimée de tous

En discutant avec Sophiane et les autres athlètes du club Virtuose, un constat ressort particulièrement du lot. Ils s'entendent tous pour dire que Karina Kosko est une entraîneuse incroyable et, surtout, qu'elle mérite plus de reconnaissance.

Placée devant cette vague d'amour, Karina avait de la difficulté à s'expliquer ce qu'elle fait de particulier pour que ses athlètes l'apprécient autant.

« Je ne sais vraiment pas ! Je fais ce que je pense être le mieux pour mes athlètes. C'est normal je pense, c'est naturel. Je donne beaucoup de temps, je ne calcule pas les heures. Peut-être que de l'extérieur ça peut être impressionnant, mais quand j'y pense, je ne fais rien d'exceptionnel. Je ne fais que mon travail, mais j'avoue que je le fais vraiment à 100% », reconnaît celle qui entraîne depuis plus de 30 ans.

À Paris, Sophiane Méthot deviendra la première Québécoise à participer aux Jeux olympiques en trampoline, mais également la première athlète entraînée par Karina à réaliser cet exploit. Une autre étape dans la longue relation qui les unis.

« Vivre les Jeux olympiques avec Karina, ce sera assurément un moment inoubliable. Karina m'a vue grandir, prendre de la maturité et de l'expérience. J'ai peut-être passé plus de temps avec elle qu'avec mes parents dans les dernières années et elle m'a toujours soutenue. J'ai vraiment, vraiment hâte », conclut Sophiane.

Si elle veut vivre son expérience olympique sans pression, son principal objectif aura été de profiter pleinement du processus et de savourer chaque instant. Mission accomplie jusqu'à maintenant, et ce, en grande partie grâce à la passion de Karina Kosko. Pour le reste, Sophiane sera en action le 2 août, à l'Aréna Bercy.