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Escrime : Maximilien Van Haaster peut toujours compter sur son grand frère

Maximilien Van Haaster Maximilien Van Haaster - Escrime Canada
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SECTION SPÉCIALE | HORAIRE DE DIFFUSION

Des plafonds ouverts, des chaises de bureau encore enveloppées dans leur plastique protecteur et un plancher de béton sur lequel on a installé des pistes d'escrime en aluminium. Les derniers locaux vacants et partiellement aménagés du cinquième étage de la Maison du Sport et du Loisir du Québec à Montréal sont loin du faste du Grand Palais de Paris et de ses verrières où seront disputées les épreuves olympiques d'escrime à compter du 27 juillet.

Mais qu'importe, l'équipe canadienne masculine de fleuret est surtout heureuse et soulagée d'avoir son endroit à elle pour s'entraîner depuis la fermeture précipitée de l'Institut national du Sport du Québec à la suite des dégâts causés par un incendie.

Par une fenêtre, la tour du Stade olympique de Montréal se profile à l'horizon comme pour rappeler aux fleurettistes la raison pour laquelle ils enchaînent les combats sous les yeux de l'entraîneur national Julien Camus. De ceux qui étaient présents à l'entraînement en ce beau lundi midi de juin, il y en a un qui sera à Paris, mais dans les estrades plutôt que sur la piste.

Émile Van Haaster, frère de l'Olympien Maximilien Van Haaster, est un partenaire d'entraînement de l'équipe canadienne.

Comme tous les sports de combat, il faut un adversaire pour pratiquer l'escrime. Les athlètes de haut niveau dans ce sport ne courent pas les rues et le cadet de 7 ans de celui qui en sera à ses troisièmes Jeux est loin de se faire tirer l'oreille pour croiser le fer contre l'élite canadienne. Émile pratique son sport depuis 15 ans et il a mis un terme à sa carrière pendant la pandémie. Il a participé à des compétitions de niveau mondial chez les juniors et il aurait pu se rendre encore plus loin selon l'entraîneur Camus.

« C'est quelqu'un qui pense énormément aux autres et il va tout faire pour les autres avant plutôt que pour lui. Et c'est peut-être pour ça qu'il n'a pas eu la carrière qu'il aurait dû avoir. Il faut être complètement égoïste dans le sport de haut niveau si on veut réussir. »

« Il pense beaucoup aux autres et il est super attentionné. Beaucoup plus que moi », confirme Maximilien en riant.

En entrevue, Émile ne laisse pas transparaître la déception d'être passé à côté de quelque chose au plan personnel. Ce qui ressort de son propos, c'est plutôt sa fierté d'aider son frère. Une façon de vivre les Jeux olympiques par un autre prisme.

« C'est un sentiment d'accomplissement, car Max n'aurait pas fait trois Jeux olympiques si ça n'avait été de tous les partenaires d'entraînement. C'est super important et c'est un rôle qui n'est pas mis en valeur, surtout dans les sports individuels comme l'escrime. [...] Ça me permet de passer du temps avec mon frère et de vivre l'expérience d'un athlète de haut niveau, sans nécessairement être dans la même lumière. »

En plus d'être un athlète de bon niveau, l'autre qualité d'un bon partenaire d'entraînement est d'avoir un horaire flexible, ce qu'a Émile Van Haaster depuis qu'il est en rédaction de son mémoire de maîtrise en sociologie à l'Université Concordia.

Un autre membre de ce groupe d'une demi-douzaine de partenaires assidus d'entraînement est l'Olympien Alex Cai, qui a aujourd'hui délaissé les circuits des Grands Prix et des Coupes du monde. Malgré un horaire plus qu'occupé en raison de ses études en médecine, il continue de tirer contre ses anciens coéquipiers de l'équipe nationale.

Alliés d'une autre façon

Julien Camus, qui dirige l'équipe nationale masculine de fleuret depuis 8 ans, avoue qu'il se sert des partenaires d'entraînement pour « passer des messages ». Comme un parent qui répète des consignes à son enfant qui n'en fait qu'à sa tête, il arrive parfois que le même message soit mieux reçu s'il est fait par quelqu'un d'autre.

« Si un entraînement va un peu moins bien et qu'il y a des gars qui vont moins bien, il peut mettre le petit kick (qui manque). [...] Les partenaires, ils font ça et en plus, ils n'auront pas le petit bonbon d'aller aux Jeux. C'est vraiment donner pour donner », poursuit l'entraîneur, qui apprécie la créativité d'Émilie Van Haaster et sa façon de dérouter ses adversaires. « Et il le fait toujours avec la rigolade. »

Un peu de légèreté pour éviter de trop se prendre la tête n'est jamais de trop quand les enjeux de la compétition peuvent devenir un poids.

« On s'est tellement entraînés ensemble qu'on dirait qu'il est meilleur quand il tire contre moi, admet Maximilien. Il réussit à faire des choses contre moi qu'il ne réussit pas à faire contre les autres. Ça me permet donc de trouver des solutions et de m'entraîner plus fort. Je suis très reconnaissant ! [...] Il finit les entraînement et il est tout le temps à moitié mort, mais c'est parce qu'il se donne à 100 % pour moi et pour les autres. »

L'autre endroit où Émile Van Haaster continuera à se donner à 100 %, ce sera dans les estrades parisiennes à la fin juillet.