Mary-Sophie Harvey : bien dans sa peau et rayonnante
Mary-Sophie Harvey a vécu son rêve en participant aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, et elle croyait déjà en être possiblement à ses derniers jeux.
La Trifluvienne âgée de 24 ans a toutefois connu un déclic durant l'événement. Limitée à une participation à une seule épreuve de relais au Japon, elle s'est promis de persévérer et de retourner aux Jeux olympiques avec un rôle encore plus grand au sein de l'équipe canadienne.
Trois ans plus tard, c'est ce que Harvey a accompli. La Québécoise s'est qualifiée pour deux épreuves individuelles aux Jeux de Paris – le 100 mètres papillon et le 200 mètres style libre. Son rôle sera toutefois si important du côté des relais, qu'elle a décidé de rayer le 100 mètres papillon de son programme afin d'éviter de se surcharger.
« Je suis sortie des Jeux de Tokyo avec beaucoup de motivation, a raconté Harvey à La Presse Canadienne. J'avais encore plus faim.
« Tous les gens, mes amis, qui sont déjà allés aux Jeux m'en parlaient tellement en bien. Et arrivée là, avec la COVID-19, les estrades vides, ma famille absente, je me suis dit que les prochains Jeux seront les miens. J'ai eu la flamme qui s'est rallumée et depuis, je me suis prouvée (des choses). J'ai plus de confiance. Je suis plus sereine face aux Jeux, et j'ai hâte de voir ce que ça va donner », a-t-elle admis.
Le parcours de Harvey entre Tokyo et Paris a toutefois été parsemé d'obstacles, dont le plus grand a été un incident survenu en Hongrie quand elle a été droguée à son insu lors d'une soirée servant de clôture aux Mondiaux de 2022, à Budapest.
Harvey avait déjà été affectée par des troubles au niveau de sa santé mentale avant les Jeux de Tokyo, souffrant de dépression, de trouble alimentaire et ayant même fait une tentative de suicide. Cela ne l'a toutefois pas préparé pour les mois qui ont suivi l'incident de 2022 en Hongrie.
« Tous les obstacles surmontés sont singuliers, a-t-elle noté. Ça m'a pris du temps à accepter ça.
« J'avais vraiment peur. Peur du jugement des équipes. C'était très public, mais c'était important d'en parler et il y a eu d'énormes retombées. Des personnes sont venues me parler et m'ont raconté que ça faisait du bien de savoir qu'elles n'étaient pas seules et qu'elles n'étaient pas à blâmer. Pour ça, je ne regrette rien. Mais pour moi, pour me ‘soigner' dans mon cheminement, j'avais peur, parce que je ne savais pas quand je retrouverais la petite flamme. »
Tranquillement, au fil des entraînements et des discussions avec son entraîneur, Harvey a retrouvé ce feu sacré.
« J'ai retrouvé la joie de m'entraîner, la joie du sport, a raconté Harvey. Ça m'a pris quelques mois. On est en maillot, et je n'étais pas à l'aise. Je me couvrais. C'était difficile. »
Harvey note que sa passion et sa confiance sont revenues à temps pour les Mondiaux de 2023, et qu'elle s'accroche depuis à cette joie qu'elle a à nager.
Et les résultats ont suivi. Elle a brillé aux Jeux panaméricains lors de l'automne 2023, amassant sept médailles. Puis, elle a accompli sa mission ce printemps, en obtenant un plus gros rôle au sein de l'équipe canadienne de natation en vue des Jeux de Paris, grâce à ses performances lors des essais olympiques.
« Beaucoup de gens me disent qu'ils voient un changement, que je rayonne et que ça fait longtemps qu'ils n'avaient pas vu ça, a souligné Harvey. Je parle à tout le monde, je suis joyeuse. Ça fait longtemps que je n'avais pas eu cette joie de vivre. Ça paraît gros, mais ça fait du bien.
« J'espère inspirer les jeunes à persévérer, a-t-elle ajouté. Ce n'est pas un obstacle qui va vous arrêter. C'est un message important. Et la vie d'un athlète n'est pas linéaire. Il y a des hauts et des bas. Nous sommes des humains. Le but, c'est d'être bien, et c'est un message important à véhiculer. »
Harvey participera au relais 4x100 m libre le 27 juillet, au 200 m libre les 28 et 29 juillet, et au relais 4x200 m libre le 1er août.