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RÉSULTATS

Jeux olympiques : à quel sport associez-vous Marauder, lolotte, couineur?

Paris 2024 Paris 2024 - Getty
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Marauder une vague pour «snake», effectuer la technique de la lolotte pour faire un «drop knee» en escalade, et faire un saut de lapin plutôt qu'un «bunny hop» en vélocross : ce sont quelques expressions que vous risquez d'entendre lors des Jeux olympiques de Paris.

Pour outiller la population générale tout comme les commentateurs sportifs, l'Office québécois de la langue française (OQLF) a mis sur pied la page web «Paris 2024», qui détaille la terminologie en français liée à différents sports qui seront en vedette aux JO, comme le surf, le vélocross ou la planche à roulettes.

«Il faut savoir que dans bien des cas, les termes existent déjà. Le travail de l'Office alors est de repérer les différents termes qui existent, de déterminer ceux qui conviennent le mieux, les définir, et sinon, on passe à la création de termes», a expliqué Francis Pedneault, coordonnateur de la production linguistique à l'OQLF.

Il faut d'abord savoir que la volonté de franciser des termes anglophones n'est pas propre au domaine des sports. Par exemple, le secteur des nouvelles technologies est particulièrement propice à l'élaboration de nouveaux termes anglophones, qui doivent ensuite être francisés.

«C'est probablement l'un des domaines où la question se pose le plus régulièrement, parce qu'avec le développement notamment en informatique de nouvelles technologies, il va falloir avoir des termes en français, parce que le désir, et c'est bien compréhensible, c'est d'avoir des termes dans la langue qu'on utilise au quotidien», a indiqué Grégoire Winterstein, professeur au département de linguistique de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Dans le cas du sport, c'est un peu différent, puisque le monde anglophone, anglo-saxon, n'a pas l'apanage du sport. Il y a des sports qui viennent d'un peu partout. Mais c'est vrai que, quand la question de la création de néologismes en français se pose, c'est souvent pour des termes qui viennent de l'anglais», a ajouté le professeur.

Qui décide les nouveaux mots?

La situation du français est complexe à savoir qui décide les nouveaux néologismes à adopter, a affirmé M. Winterstein.

«Il y a la France, évidemment, d'un côté, avec une institution, l'Académie française, qui est perçue comme étant là pour prescrire l'usage, et donc qui aurait une espèce de droit de regard sur ce qui relève du bon et du mauvais français», a dit le professeur à l'UQAM.

Au Québec, le rôle de l'OQLF est plus subtil, alors qu'il agit plutôt comme un «proposeur», a-t-il précisé.  

Et l'OQLF n'agit pas seul lors de l'élaboration de nouveaux termes. Dans le cas des mots pour les JO, l'Office a collaboré avec plusieurs associations et spécialistes.

«Si on parle en particulier du vocabulaire de l'escalade, on s'est associé avec la Fédération québécoise de la montagne et de l'escalade, donc ce n'est pas l'Office qui travaille tout seul en vase clos, il y a toujours une collaboration qui s'effectue», a détaillé M. Pedneault.

Toutefois, l'Académie française comme l'OQLF n'ont pas le pouvoir d'imposer l'usage de mots. Seul le temps permet de voir si les néologismes ont bien été adoptés par la population.

M. Winterstein a affirmé que le mot courriel est un exemple de «néologisme parfait», parce que tout le monde l'a adopté.

«D'autres choses comme prêt à camper de luxe pour “glamping”, ou bien cuisinomane pour “foodie”, ce sont des choses, qui au final, n'ont pas été trop reprises, a-t-il illustré. Mon favori c'est planche à roulettes, originellement c'était rouli-roulant.

«Évidemment, si les médias reprennent le terme, ils vont créer une habituation, et ils vont participer à lancer une dynamique», a-t-il ajouté.

Par exemple, le terme COVID n'a pas le même genre en France, employé au masculin, et au Québec, au féminin. «Et ça, c'est essentiellement passé par les médias, parce qu'il y a un moment dans les deux pays (où) les médias ont pris des décisions différentes concernant comment ils allaient accorder COVID», a expliqué M. Winterstein.

Comment se créent de nouveaux mots?

Pour créer un néologisme, plusieurs façons de faire sont possibles. Tout d'abord, comme mentionné par M. Pedneault, plusieurs termes existent déjà, et il suffit de les répertorier.

Dans le cas du surf, l'OQLF recommande notamment les expressions «vent de mer» et «vent de terre», qui étaient déjà utilisées en navigation, a souligné M. Winterstein.

Parfois, une traduction est aussi appropriée. En planche à roulettes, la figure «boneless» a été traduite par «désossé» par l'OQLF. Toutefois, la réflexion va au-delà d'une simple traduction littérale, a affirmé M. Pedneault.

«Il faut toujours que ce soit une terminologie en français qui est claire, qui est transparente, qui est facile d'utilisation, qui rend également l'image, que ce soit pour des figures en planche à roulettes, en vélocross, des mouvements en escalade», a-t-il dit.

Dans le cas de désossé, «c'est une figure qui rend une certaine image en français également, c'est la principale volonté lorsqu'on crée des termes», a soutenu le coordonnateur. Il s'agit de la même chose pour la figure du «couineur» en vélocross, que l'Office propose pour le terme anglophone «squeaker».

Une autre option est de ne pas traduire, et de tout simplement conserver le terme en anglais, a soulevé le professeur Winterstein. Dans le cadre des JO, l'OQLF recommande d'employer le terme «breaking» lorsqu'on aborde ce type de danse, et d'appeler ceux qui la pratiquent des breakeurs et des breakeuses.

L'Office accepte ces emprunts à l'anglais «parce qu'ils font référence à une réalité culturelle propre aux États-Unis», peut-on lire sur son site web.

Enfin, il faut parfois faire preuve de créativité et créer de nouveaux mots, comme cela a été le cas pour «courriel», a indiqué le professeur.