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RÉSULTATS

Trampoline : Sophiane Méthot fière d'avoir dompté ses « blocages mentaux » à Paris

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Derrière les médailles olympiques se cachent des histoires bien différentes les unes des autres.

Il y a ces athlètes qui dominent leur sport et qui, fidèles à eux-mêmes, grimpent sur le podium. Puis, il y a ceux et celles qui sortent un lapin de leur chapeau sur la plus grande scène de sport amateur au monde.

La Québécoise Sophiane Méthot fait partie de la deuxième catégorie, elle qui est parvenue à chasser ses démons pour enfiler la médaille de bronze à l'épreuve de trampoline des Jeux olympiques de Paris.

Elle estime avoir offert l'une de ses meilleures performances à vie en France.

« C'était une super belle routine, très très satisfaite, a lancé d'emblée Méthot, jeudi à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, à son retour au pays.

« Depuis un an, un an et demi, j'ai une très belle croissance avec mon niveau de trampoline. Je viens tout juste d'avoir 26 ans et je suis arrivé aux Jeux avec le plus haut niveau de trampoline que j'ai jamais eu. J'étais vraiment sur mon "X" émotionnellement, physiquement et mentalement. J'étais vraiment à la bonne place. Donc je me dis que j'en ai définitivement encore en réserve. »

Cette progression n'a pourtant pas été linéaire pour Méthot.

L'athlète originaire de Longueuil a amorcé sa carrière du bon pied en étant décorée de bronze à ses premiers Championnats du monde de trampoline, en 2017. Elle avait alors 18 ans. Puis, lors des quatre Mondiaux suivants, en 2018, 2019, 2121 et 2022, elle a terminé respectivement 56e, 38e, 16e et 24e aux épreuves individuelles.

Ces résultats, Méthot les attribue à des épisodes de blocages mentaux qui, par moment, l'ont empêchée de réussir les gestes techniques de base en trampoline.

« La meilleure façon de l'expliquer, c'est que le cerveau et le corps ne sont plus en symbiose, a-t-elle dit. Ils s'envoient des messages contradictoires. Ça peut devenir dangereux. Éventuellement, c'est tellement de doutes et d'angoisses qui s'installent dans ta tête que tu as beau avoir 99 % de confiance, le 1 % de doute l'emporte sur tout le reste. C'est allé jusqu'au point où je n'étais plus capable de monter sur un trampoline. 

« Ç'a vraiment été difficile, et pour m'en sortir, j'ai vraiment dû aller chercher de l'aide à l'extérieur, des spécialistes, et oser essayer de nouvelles choses. Je me suis trouvé des outils autour de moi, plein de ressources, plein de gens qui ont voulu m'aider, et finalement je m'en suis sortie. Aujourd'hui, je peux dire que si ça m'arrive de nouveau, oui, ça va un peu me jouer dans la tête, mais ça ne changera pas l'athlète que je suis. »

Un déclic est survenu l'année dernière, alors que Méthot a réussi plusieurs résultats prometteurs. Elle a notamment qualifié le Canada pour l'épreuve individuelle olympique en terminant cinquième aux Mondiaux.

Puis, 2024 a commencé du bon pied avec le bronze à la Coupe du monde de Coimbra. La confiance était donc bien présente à l'aréna Bercy, où se sont déroulées les épreuves olympiques. 

Et la pression? Méthot l'accueille « les bras ouverts ». Elle l'a bien démontré à Paris, transformant sa huitième position en qualifications qui lui permettait d'éviter l'élimination de justesse en podium olympique, quelques heures plus tard en finale.

« Moi, j'adore la pression, a-t-elle fait valoir. Il n'y a pas beaucoup d'athlètes qui aiment ça, mais moi je carbure à la pression. [Avec une qualification] sur les fesses et [comme] négligée, il y a un peu moins de pression, et ensuite c'est souvent là que je sors les meilleures routines de ma vie parce que je n'ai rien à perdre et tout à gagner. 

« J'aime jouer avec cette pression parce que je sais que ça m'aide. Ça va me donner plus de hauteur, plus de dynamisme, je vais être plus sharp en général. » 

Maintenant qu'elle est de retour à la maison, Méthot va s'accorder une pause d'une durée d'environ deux mois. Elle compte se reposer, mais aussi s'adonner à des sports qu'elle n'ose pas pratiquer pendant la saison de trampoline par peur de se blesser. Elle s'est même inscrite pour un demi-marathon.

«Je ne vais pas rester sur mon sofa à ne rien faire, a-t-elle déclaré. Moi, j'aime ça quand ça bouge et j'aime me dépasser. 

«Ça va me changer les idées aussi. Souvent, quand j'entre dans un gym, je suis souvent en mode performance parce que c'est ça que je recherche, mais pouvoir aller courir sans avoir nécessairement un résultat en tête, ça aussi ça fait du bien.»

Méthot n'a toujours pas ciblé de compétition pour son retour. Son entraîneur et elle ont décrété une pause qui se prolongera aussi longtemps que l'athlète le souhaite. Mais une chose est sûre: Méthot n'en a pas terminé avec le trampoline, loin de là. 

«Les Jeux olympiques nous forcent à amener [notre meilleur niveau] en tant qu'athlète parce qu'on veut arriver à notre plus haut, mais je me dis que si je continue dans cette lignée-là, peut-être que je pourrais me pousser plus et m'accomplir encore plus avec de nouveaux défis», désire-t-elle 

D'ici là, elle espère que sa médaille a fait rêver quelques jeunes filles du pays.

«S'il y a une chose que j'aimerais que ça amène, c'est de mettre le trampoline de l'avant, a-t-elle souhaité. Le sport est peu connu au Québec et au Canada. Si je peux initier des jeunes filles à ce sport-là ou les amener à vouloir pousser plus loin, mon objectif va être atteint.»