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RÉSULTATS

Laurence St-Germain mesure l'ampleur de son exploit

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Ce n'est qu'une fois assise dans l'avion devant la reconduire de Méribel vers Montréal que Laurence St-Germain a réalisé toute l'ampleur de l'exploit qu'elle venait d'accomplir en devenant samedi la championne du monde de slalom.

« Ça commence à entrer! Je commence à réaliser pas mal. J'ai davantage réalisé quand je me suis assise dans l'avion et que j'ai commencé à lire tous les messages que j'ai reçus de mes proches, à qui je n'ai même pas eu le temps de parler après la course, a raconté la skieuse de 28 ans lundi. Les gens me disaient là-bas que ma vie allait changer, et je ne le croyais pas. Mais je le vois aujourd'hui: je n'aurais jamais pensé faire autant d'entrevues, c'est fou. »

Depuis le petit matin, St-Germain fait la tournée des médias québécois, qui s'arrachent la nouvelle championne. Entre deux entretiens, elle tente de répondre à tous les messages qu'elle a reçus en 48 heures.

« J'en ai tellement à lire! J'en ai des centaines sur Instagram, Facebook et la messagerie. Ça me fait réaliser davantage ce que j'ai fait », a-t-elle évoqué, encore surprise.

Ce qu'elle a réalisé, c'est de devancer possiblement la plus grande skieuse de tous les temps, l'Américaine Mikaela Shiffrin, ainsi que l'Allemande Lana Dürr, pour enlever les honneurs du slalom aux Mondiaux de Courchevel/Méribel, devenant ainsi la première Canadienne à gagner l'or dans cette compétition depuis Mélanie Turgeon, en descente, en 2003.

De plus, aucune représentante de l'unifolié n'avait été couronnée championne du monde en slalom féminin depuis Anne Heggtveit en 1960, à Squaw Valley, en Californie.

« C'est clair que ça vient tout valider (les choix et les décisions des dernières années), souligne-t-elle. On veut tous gagner, mais c'était plus un rêve pour moi; ce n'était pas dans mes objectifs concrets. D'avoir accompli ça, ça démontre que tout le travail que j'ai fait, ç'a porté fruit. Je ne changerais rien à toute ma carrière. »

L'exploit est d'autant plus remarquable qu'il s'agissait de son premier podium en grandes compétitions internationales, rien de moins. Et face à un plateau très relevé.

« C'est ce qui rend la chose encore plus spéciale. Si elle (Shiffrin) avait chuté ou enfourché (une porte), c'est certain que j'aurais été contente quand même, mais là, j'ai une photo où je suis sur une marche plus haute que Mikaela Shiffrin! Ça rend tout ça meilleur. Petra (Vlhova), Lena (Dürr) sont régulièrement sur le podium, mais samedi, j'étais plus rapide qu'elles. »

Troisième après la première manche, St-Germain admet avoir ressenti une nervosité différente avant de s'élancer pour son deuxième parcours.

« Je n'avais jamais été dans cette position après la première manche. J'avais été une ou deux fois cinquième, mais jamais aussi proche de monter sur le podium, raconte la skieuse de Mont-Sainte-Anne. C'est clair que ç'a ajouté beaucoup de stress, mais je me suis surprise à garder mon calme et à bien gérer cette pression. J'ai souvent offert de bonnes performances sous pression dans le passé, mais c'était une tout autre sorte de pression. Les filles autour de moi sont pas mal plus habituées que moi de se retrouver dans cette position. Je suis plutôt fière de la façon dont j'ai utilisé cette pression à mon avantage, pour avoir l'adrénaline nécessaire pour pousser encore plus. »

« J'ai juste essayé de rester dans le moment présent. Dès que je stressais ou pensais au résultat, je retournais à ma visualisation du parcours, je pensais à mon exécution et non à mon résultat. Car j'aurais pu avoir la même manche, et Shiffrin un meilleur résultat que moi. Tu ne peux pas contrôler ce que les autres skieuses peuvent faire. Je savais que si je skiais comme dans la première manche, alors je pouvais avoir un bon résultat », a-t-elle expliqué.

Et maintenant?

« Je ne sais pas tout ce que ça va changer. Même les représentants de Rossignol (son commanditaire) m'ont dit qu'à partir de ce moment, ma vie allait changer. Je ne réalise pas comment encore! Mais c'est clair que je vais arriver aux compétitions avec une pression et des attentes supplémentaires. Je sais que je suis capable de le faire, sans dire que je vais gagner toutes les courses. Je sais que si je skie bien, que je peux monter sur le podium. Ça me met en confiance », a-t-elle conclu, très heureuse.