Lindsey Vonn « tente-t-elle de se tuer? »

Lindsey Vonn n'est pas juste entrée dans un hôpital une journée pour y recevoir un nouveau genou en titane et décider en sortant qu'elle reprendrait la descente.

Le processus a été long, ardu, a nécessité plusieurs interventions mineures et quelques-unes majeures, une approbation méticuleuse des risques médicaux encourus, puis des mois d'essais sur neige en Nouvelle-Zélande, en Autriche et au Colorado, afin de voir comment son corps et son genou allaient réagir à 40 ans.

Maintenant qu'elle s'apprête à prendre part à ses premières courses de Coupe du monde en six ans avec les super-G de Saint-Moritz ce week-end, elle en a marre de voir d'entendre les critiques des autres champions de ski qui remettent en question son retour aux disciplines les plus dangereuses à son âge.

« Cela fait plusieurs années que je songe à faire remplacer mon genou. J'ai fait beaucoup de recherches. Je sais que les gens pensent que je suis folle. Mais je suis plutôt intelligente. J'ai eu quelques opérations, alors je connais quelques médecins. J'ai parlé à plusieurs d'entre eux, a fait valoir Vonn. J'ai parlé au skieur extrême Chris Davenport, qui a aussi subi un remplacement partiel du genou et qui skie quelque 150 jours par an. [...] Ça m'a remplie de confiance. »

Vonn a obtenu la plupart de ses avis médicaux de Tom Hackett, un orthopédiste basé à Vail, au Colorado, qui l'a opérée aux genoux et à un bras et qui est affilié à l'Équipe américaine de ski.

« Il a été mon guide en quelque sorte. Il m'a aidé à interviewer des médecins de partout dans le monde pour m'assurer qu'ils embarquaient pour les bonnes raisons. Plusieurs médecins m'ont dit qu'ils pouvaient me guérir et me rendre meilleure. Généralement, quand c'est la première chose qu'ils vous disent, c'est probablement faux. »

Hackett a aidé Vonn à contacter Martin Roche, un orthopédiste du sud de la Floride spécialisé dans les blessures complexes du genou. Hackett a effectué une intervention « de préparation » en juillet 2023 pour tenter de retarder le besoin d'un remplacement du genou, en plus de préparer certaines parties du genou de Vonn pour cet éventuel remplacement.

Puis, en avril, Roche a effectué une intervention robot-assistée, retirant une partie d'os dans le genou de Vonn pour le remplacer par deux pièces en titane.

« Une fois que vous décidez de faire quelque chose, il faut le faire jusqu'au bout, a dit Vonn. Une fois l'incision faite, on ne peut plus reculer. J'ai fait toutes les recherches en amont pour maintenant retirer tous les bénéfices. »

Pirmin Zurbriggen a laissé entendre que Vonn pourrait « se retrouver avec un genou artificiel en milles miettes ». Vonn, qui détient la marque avec 43 victoires en descentes en Coupes du monde, n'a d'ailleurs pas reçu un accueil chaleureux de la part de certains grands noms du ski.

La double championne olympique Michaela Dorfmeister a laissé entendre que « Vonn devrait consulter un psychologue », ajoutant à la télé autrichienne : « Tente-t-elle de se tuer? ».

Un autre grand du ski autrichien, Franz Klammer, s'est demandé si elle était devenue complètement folle. Zurbriggen, quatre fois champion du classement général en Coupe du monde, craint que si elle brise son genou artificiel, elle ne sera plus en mesure de faire aucun sport pour le reste de sa vie.

« J'ai l'impression qu'elle n'a pas réalisé le sens de son autre vie dans les dernières années, a-t-il ajouté en entrevue avec le tabloïd suisse Blick. Elle doit souffrir de ne plus être admirée. »

Après la publication des propos de Zurbriggen, Vonn a répondu sur ses réseaux sociaux.

« J'en ai marre que les gens prédisent mon avenir de façon aussi négative, a-t-elle écrit sur X mercredi. Sont-ils tous devenus médecins? Car ils parlent comme s'ils en savaient plus que les meilleurs médecins du monde. »

Aucune femme n'a gagné une course de Coupe du monde après 34 ans. Plusieurs hommes ont toutefois connu de bonnes performances au-delà de 40 ans. Le Français Johan Clarey détient la marque pour le plus vieux skieur à monter sur le podium. Il avait terminé deuxième de la descente de Kitzbühel à 42 ans en janvier 2023.

« Je ne suis pas le première personne à le faire, je suis peut-être la première femme à le faire en course de ski. Simone Biles est peut-être le meilleur exemple de ce qui peut être accompli à un plus vieil âge, et elle n'est pas vieille du tout », a dit Vonn de la gymnaste qui est devenue la plus vieille à gagner le concours général individuel en 75 ans en mettant la main sur celui des Jeux olympiques de Paris à 27 ans.

« C'est juste que ça sort des barèmes de ce que l'on croit être le bon âge pour ce sport, a ajouté Vonn. Je ne pense pas réinventer la roue. Je ne fais que ce je crois être bon pour moi et poursuivre ce que d'autres femmes ont fait avant moi. »