« C'est vraiment ce que je veux » - Laurent Courtois

MONTRÉAL – Bien plus que la perte de quelques points que son équipe aurait pu ajouter au classement, Laurent Courtois avait déploré ne pas avoir reconnu « ses gars » après la cinglante défaite subie à Seattle. Toutes les défaites ne se valent pas et celle-là ne cadrait pas dans les critères jugés acceptables par le jeune entraîneur.

Une semaine plus tard, dans les célébrations de la victoire de 2-1 que ses joueurs venaient d'arracher au FC Cincinnati, Courtois s'est fait demander si on y avait vu « la vraie identité du CF Montréal » qu'il souhaite diriger.

« J'espère. Ouais! », a-t-il lâché pour ensuite attendre la prochaine question. Sa réponse a été brève, mais son sourire en disait plus long que tous les mots qu'il aurait pu prononcer.

Tout avait été dit sur l'éreintant segment de calendrier auquel avait dû se soumettre le CF Montréal pour commencer sa saison. Le match de samedi était vu comme un nouveau départ, une page blanche accompagnée d'une intrigante question. À quel point le visage que l'équipe révélerait à ses partisans différerait de la version plus pragmatique pour laquelle elle avait opté afin de tirer le maximum des circonstances particulières que l'on connaît?

La réponse n'a pas tardé à venir et, au bout de 90 minutes de jeu, elle se déclinait de plusieurs façons.

Le CF Montréal nous avait habitués à des amorces vigoureuses. Il a abordé sa rentrée à domicile avec la même idée, sauf que cette fois, plutôt que de se replier dans son territoire et absorber la chaleur après une dizaine de minutes, il a gardé le pied sur l'accélérateur. À la mi-temps, il contrôlait 58% de la possession et dominait 10-3 dans la colonne des tirs au but.

Des joueurs sans inspiration une semaine plus tôt combinaient soudainement comme des Brésiliens dans une pub de Nike. Le jeu stérile et prévisible sur les flancs? Un autre jour, peut-être. Les petites combinaisons rapides pour glisser dans l'axe? Oui, s'il vous plaît.

C'est ainsi, par exemple, que Ruan a explosé une frappe sur le poteau après un bel échange avec Mathieu Choinière ou que Bryce Duke et Ariel Lassiter se sont fait un petit 1-2 avant que ce dernier ne décoche un tir hors cible.

« Je crois que c'est très positif, surtout considérant qu'on n'avait pas été capables de le faire autant qu'on l'aurait voulu à notre dernier match. On trouvait les bons espaces et les bons mouvements aux bons moments. Ça revient toujours à une décision du coach, mais j'espère qu'on continuera à jouer de cette façon. »

À leurs sorties précédentes, les Montréalais avaient pris de mauvais plis sur un paquet de situations de jeu : nonchalance sur des rentrées de touche, indifférence dans les duels aériens, confusion sur phases arrêtées. Samedi, ils ont fait amende honorable dans tous ces aspects.

« C'est le message qu'on s'était passé entre nous, a dit Lassiter. Je pense que le support de la foule nous a certainement aidés à adopter le bon état d'esprit. Dès les premières minutes, tu vois un gars comme Bryce Duke aller au duel et donner le ton au match. Je crois que ça en dit long sur la direction dans laquelle on veut s'en aller. »

Les visiteurs n'ont pas repris le chemin de l'Ohio sans rechercher agressivement l'égalisation. Un but leur a été refusé pour un hors-jeu (évident) avec une dizaine de minutes à faire au temps réglementaire. Jusqu'au coup de sifflet final, la nulle a été envisageable, mais une telle issue n'aurait rien enlevé au lustre de la performance des locaux.

« Je suis très heureux des trois points. Pour les fans, pour les gars, après les trois dernières sorties, c'est bien pour le moral. Mais la vérité, c'est que je suis tellement fier du contenu, a relativisé Courtois. Si on n'avait pas eu le résultat qu'on voulait, bien sûr qu'il aurait fallu un peu se taper sur les doigts. Mais le contenu d'aujourd'hui, pour moi, c'est vraiment ce que je veux. »

Le meilleur de Duke

Un mot sur Bryce Duke, en terminant. Le jeune milieu de terrain américain était sorti amoché de cette séquence de six matchs sur la route pour lancer la saison. Au tribunal populaire, ses passages dans le box des accusés étaient fréquents. Courtois lui avait fait commencé les deux derniers matchs, à Washington et à Seattle, sur le banc.

Samedi, alors que Dominic Iankov était indisponible pour une deuxième semaine consécutive, Duke a fait son retour dans le onze de départ. Il a remercié son entraîneur pour la confiance en livrant, de loin, son meilleur match de la saison.

Quelques statistiques : il a touché 78 ballons et complété 83% de ses passes, des chiffres comparables à ceux de Lucho Acosta, son homologue étoile chez le FC Cincinnati. Il a été crédité de trois occasions créées, un sommet dans le match, a remporté cinq de ses huit duels au sol et été victime de trois fautes. Sa combativité devant l'adversité, qui lui fait souvent défaut, a été remarquable.  

« Il a d'énormes qualités. Comme vous, on restait un peu sur notre faim des fois, a admis Courtois. On voit ce qu'il peut faire, on sait qu'il est très critique avec lui-même. En plus il a un gros volume de jeu. Aujourd'hui, il a fait voir de quoi il est capable. Maintenant, est-ce qu'il peut répéter? On verra. »