Pour transformer les nuls en victoires, Courtois demande plus de « réalisme »
MONTRÉAL – Quatre matchs sans défaite. Une victoire, trois matchs nuls. Dans n'importe quelle circonstance, il s'agirait d'une récolte honorable. Pour le CF Montréal, qui est arrivé à la fin du mois de mai sur les genoux, à bout de souffle et sans repère, cette séquence en cours depuis quelques semaines est un accomplissement colossal, un revirement de situation providentiel.
En soutirant un point crucial contre Nashville, Philadelphie et le Real Salt Lake – en plus d'ajouter une victoire convaincante contre D.C. United – l'Impact a stabilisé une saison qui s'en allait tout droit dans les égouts. Mais voilà, malgré une série de bons résultats, l'odeur nauséabonde des bas-fonds atteint encore trop facilement ses narines.
À la mi-saison, Montréal stagne au douzième rang du classement de l'Association Est. S'il n'est qu'à deux points de la dernière place permettant d'entrer en séries, le même écart le sépare de la cave pour l'instant occupée par le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. Pour gagner du terrain, il lui faudra franchir une autre étape dans sa remise en marche et commencer à aligner les victoires, ce qu'il n'a pas fait depuis ses triomphes successifs à Dallas et Miami en mars.
Pour l'entraîneur Laurent Courtois, l'équipe franchira ce pallier lorsqu'elle parviendra à enfoncer le dernier clou dans sa construction offensive plutôt que de se descendre le marteau sur le pouce comme elle a encore trop tendance à le faire.
« Ne pas capitaliser dans les temps forts, souvent ça se retourne contre toi, a exposé Courtois en point de presse vendredi matin. Sur ces matchs-là, on a réussi à ne pas encaisser dans un scénario catastrophe, mais la réalité c'est que si tu ne capitalises pas dans ces moments-là, tu laisses des points et tu n'es jamais à l'abri d'un élément de match, d'un fait de match divers. »
« C'est vraiment dommageable et on essaie d'identifier, de retravailler, de mettre tout le monde sur la même page sur ce qui nous aiderait à marquer ce premier but – surtout à domicile, on pense que ça pourrait aussi déclencher autre chose. Mais voilà, on est conscient, on continue de l'évoquer et de travailler dessus tout en essayant de garder une assise défensive globalement correcte. »
Mason Toye est prudent de ne pas cracher dans la soupe. D'entrée de jeu, il sent le besoin de souligner le caractère précieux de tous ces points grappillés ici et là et qui peuvent faire la différence au moment de faire les comptes. « On ne veut pas se réjouir de récolter un seul point, mais il faut exprimer de la gratitude pour chacun d'eux », relativise l'attaquant.
Éventuellement, toutefois, ses propos finissent par rejoindre ceux de son entraîneur.
« Il faut savoir un peu mieux résister aux assauts adverses lorsqu'on joue à domicile et recommencer à mettre le ballon au fond du but. On a tellement d'armes offensives, on se crée tellement d'occasions. »
Toye fait lui-même partie d'un contingent de joueurs à vocation offensive qui sont revenus au jeu samedi dernier contre Real Salt Lake. Chacun, à sa façon, a contribué à l'effort pour briser la parité dans la dernière demi-heure. Chacun, à divers degrés, a aussi manqué cruellement de finition.
« On espère que demain, les gars soient plus efficaces dans la dernière boite et qu'ils garderont aussi une extrême vigilance sur les centres forcés parce que les Red Bulls, c'est l'une des équipes qui transfèrent le plus de tirs depuis des zones de transitions. Ils n'attendent que ça, en fait », prévient Courtois.
Des Taureaux amoindris
Après s'être mesuré aux meneurs de l'Association Ouest, le CF Montréal sera effectivement confronté à un autre adversaire redoutable mercredi au Stade Saputo. Les Red Bulls de New York occupent le troisième rang dans l'Est. Dans ce secteur de la MLS, seuls les Flamands de Miami ont marqué plus de buts que les Taureaux du New Jersey.
Bien sûr, les absences de Samuel Piette, Mathieu Choinière et Joel Waterman, tous partis représenter le Canada à la Copa América, pourraient rendre Montréal vulnérables dans l'axe du terrain. Mais le moment pourrait aussi être opportun pour recevoir les Red Bulls, qui risquent d'être privés de leurs deux principales menaces en attaque.
Auteur de neuf buts et quatre passes décisives cette saison, l'ailier Lewis Morgan a été appelé par l'Écosse pour participer à l'Euro. De plus, le joueur désigné suédois Emil Forsberg (6 buts, 3 passes décisives) est blessé au pied droit et il n'est pas certain qu'il fasse le déplacement à Montréal. Au même moment, l'attaquant belge Dante Vanzeir n'a pas contribué à un seul but depuis cinq matchs.
Les Red Bulls doivent aussi faire confiance à leur deuxième gardien, Ryan Meara, pendant que Carlos Coronel accompagne le Paraguay à la Copa América.
Mais pour Toye, toutes ces soustractions n'ont guère d'importance. Peu importe qui il y a devant, tout est une question de mentalité. « Il faut être prêts à se battre pour tous les ballons, il faut le vouloir plus qu'eux. Ça doit être la base de notre jeu, d'un match à l'autre. »
« C'est une équipe très verticale, très directe qui peut s'engouffrer dans les espaces et les seconds ballons, mais qui a aussi une capacité dans le jeu combiné, décrit Courtois. Ils mettent beaucoup de joueurs sur la dernière ligne et arrivent avec du nombre dans la boîte, des courses de seconde ligne, c'est difficile à gérer. Mais on pense aussi que les gars ont de quoi répondre par le jeu. Ça devrait être un beau match. »