Une élimination cruelle du CF Montréal
MONTRÉAL – Le CF Montréal avait épuisé ses réserves. Il n'y a pas eu de miracle mardi soir au Stade Saputo.
Ramené à la vie par le pied droit magique de Josef Martínez, le onze montréalais s'est éteint de la façon la plus cruelle dans le match de barrage donnant accès au tournoi éliminatoire de la MLS.
Une tentative ratée de Tom Pearce dans une séance de tirs au but sous haute tension a causé la perte du Bleu-Blanc-Noir, qui a dû s'avouer vaincu devant Atlanta United après avoir livré un courageux nul de 2-2 en temps réglementaire.
Deuxième tireur des Montréalais, Pearce a envoyé sa frappe dans les gants du gardien Brad Guzan après avoir vu Martínez, déjà auteur d'un doublé salvateur en deuxième mi-temps, secouer les cordages pour la troisième fois du match.
Les cinq tireurs des visiteurs ont atteint leur cible aux dépens de Jonathan Sirois, jetant un silence assourdissant dans une enceinte prête à exploser.
La saison du CF Montréal, sauvée du désastre par une séquence de cinq victoires en sept matchs, s'est donc arrêtée alors qu'était ouvertement évoqué le rêve d'un affrontement contre l'Inter Miami au premier tour des séries. Plutôt que de se préparer pour Messi, le président Gabriel Gervais, l'entraîneur Laurent Courtois et les leaders du vestiaire doivent passeront les prochains jours à chercher les mots justes en vue du bilan d'une saison remplie de nuances.
« On retient comment on a réussi à se positionner pour jouer ce match-là aujourd'hui devant nos partisans, réfléchissait Courtois à son arrivée au micro. C'est bénéfique, c'est très positif. Pour une première année, quand on pense aux difficultés, tout ce qu'on a essayé de mettre en place, les aléas de la saison, voir qu'on arrive de fournir une prestation comme aujourd'hui, on est contents. Après, les [tirs de pénalité], c'est cruel. »
« On a montré beaucoup de caractère, retenait Samuel Piette. Je pense que le match en général représente exactement les dernières semaines, le dernier mois, où on a su répondre malgré les moments un peu plus difficiles. On ne s'est pas laissé abattre et au final, on a poussé jusqu'à la fin. »
Cette fin, on avait déjà commencé à en décrire les sombres contours avant que Martínez, sa courte mèche soudainement consumée par une flamme contagieuse, ne sorte une autre prestation héroïque de ses crampons dans la dernière demi-heure du jeu.
Le prolifique attaquant, déjà l'auteur de six buts à ses cinq matchs précédents, a réduit un déficit de deux buts de moitié à la 63e minute, puis a converti un penalty inespéré à la 89e.
« C'est lui, en grande partie, qui nous a permis d'être là », n'a pas caché Courtois lorsque sommé de qualifier l'impact d'un joueur vedette qu'il a dû apprendre à apprivoiser.
Deux chances, deux buts
La fête avait vite pris des allures de funérailles pour ce premier match éliminatoire en deux ans sur la rue Sherbrooke.
Contre un adversaire qui avait dû s'astreindre à passer la moitié de son modeste temps de repos dans la logistique qu'implique un déplacement transcontinental, le CF Montréal s'est fait servir une médecine similaire à celle qu'il avait lui-même préparée contre New York City FC trois jours plus tôt. Pragmatique, Atlanta s'est replié en un bloc compact, invitant ses hôtes à venir s'y cogner le nez en attendant la bonne occasion de se projeter vers l'avant.
Montréal n'a su que faire de cette page blanche sur laquelle on lui offrait l'occasion d'écrire la suite de son histoire. Quelques tirs de loin imprécis et une poignée de centres approximatifs l'ont laissé les mains vides après la première demi-heure de jeu. Martínez, auteur d'un doublé dans le match précédent entre les deux équipes, a été complètement mis en boîte par les défenseurs centraux Stian Gregerson et Derrick Williams.
Le prix à payer pour ce manque de réalisme, déploré pendant de longs pans de la saison par Courtois, l'a vite mis dans le rouge.
Atlanta a monétisé l'une de ses rares séquences de possession à la 29e minute, quand un long centre de Pedro Amador s'est déposé sur la tête de Brooks Lennon. C'était le premier but que le CFM concédait à la maison en 354 minutes.
Les locaux ont encaissé un autre coup dans l'estomac peu de temps avant le dernier sifflet de la demie. Cette fois, c'est un long coup franc d'Andrey Miranchuk qui a trouvé Gregerson au deuxième poteau, qui a jeté une douche glaciale dans le stade embrasé.
« C'est sûr qu'on était déçus, mais en toute honnêteté on n'était pas dans un mode de panique, a relaté Piette. On savait qu'on était quand même en contrôle durant cette première mi-temps et on savait qu'on allait continuer à pousser. Une avance de 2-0, c'est toujours un peu difficile à gérer parce que dès que tu prends ce premier but, c'est là que tu joues un peu plus sur les talons. Je pense que c'est ce qui est arrivé à Atlanta. »
« C'est Josef »
L'Impact a connu un début de deuxième période compliqué qui a incité Courtois à appeler un trio de substituts au banc dès la 55e minute, peu de temps après que Jonathan Sirois eut réussi un immense arrêt sur une échappée du dangereux Saba Lobjanidze. Tom Pearce, Kwadwo Opoku et Jules-Anthony Vilsaint sont allés remplacer Edwards, Piette et Caden Clark.
Même si Martínez avait été effacé jusque-là, Courtois aura eu la clairvoyance de lui laisser les clés de son attaque.
« C'est Josef. Il fait des choses, il voit des choses et il apparaît dans des moments... On pensait qu'aujourd'hui, s'il y a un joueur qui connaît ces moments-là et qui peut apparaître, c'est bien lui », a justifié le tacticien.
L'injection de sang neuf, combinée à une bonne dose de chance, a généré des résultats immédiats. À la 63e minute, Guzan a cafouillé en tentant de maîtriser un long ballon de Pearce. En maraude tout près, Martínez a fondu sur le globe vacant. L'espoir venait de renaître.
L'as buteur a complété la remontée à la toute fin du temps réglementaire, quand la consultation de la reprise vidéo a procuré un tir de pénalité aux Montréalais. Le fumant Vénézuélien a célébré son huitième but en six matchs en gueulant au visage du cerbère.
Quelques minutes plus tard, comme dans un bar où on venait d'allumer les lumières après le dernier slow, c'est Guzan qui consolait son ancien coéquipier, héros déchu d'un public peiné mais quand même conquis.
Le reverra-t-on sur cette pelouse dans les couleurs de l'équipe favorite? Ce sera l'une des questions à poser avant de quitter pour un entre-saison que le club espérait certainement plus tardif. Mais s'il fallait que sa contribution soit complète, on peut affirmer qu'elle aura été des plus précieuses.
Mardi, il n'a pu offrir la victoire à son équipe. Mais sans lui il n'y a pas de défaite non plus.