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La balle est dans le camp de Laurent Courtois

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MONTRÉAL – Si vous vous êtes intéressés à ce qui s'écrivait et se disait au sujet de votre club pendant la dernière période de transferts de la MLS, vous avez sûrement lu et entendu que le CF Montréal se spécialise dans la détection, la formation et la revente de jeunes talents.

C'est un refrain qui revient souvent quand il est question de la propriété de Joey Saputo. On va se le dire, c'est un peu de la foutaise.

La philosophie assumée du club se décrit certes dans ces mots. C'est un modus operandi que ses dirigeants ne cachent pas vouloir rejouer en boucle. Mais la réalité, c'est qu'il est un peu tôt pour affirmer qu'il fait partie de son identité. Pour l'instant, ce discours n'est basé que sur les résultats d'une saison hors-norme au cours de laquelle la rencontre d'un excellent recrutement (et d'un peu de chance) et du travail d'un entraîneur exceptionnel a provoqué la tempête parfaite.

En date d'aujourd'hui, le club n'a pas de directeur sportif et l'homme qui dirige la première équipe sur le terrain, Laurent Courtois, tarde à produire des résultats qui s'approchent de ceux qu'a laissés derrière lui Wilfried Nancy avant de quitter pour Columbus.

Toute cette amorce est bien sombre, mais elle débouche sur la lumière. Sur une impression que malgré les apparences, le CF Montréal est entre bonnes mains.

À Columbus, où il a été à la tête d'une équipe réserve couronnée de succès pendant deux ans, Courtois a été un formateur hors-pair. Plusieurs membres actuels du Crew, notamment les Canadiens Mohamed Farsi et Jacen Russell-Rowe, ont joué sous sa supervision avant de percer chez les pros. C'est l'une des raisons qui ont fait de Courtois un candidat si attrayant pour la direction du CF Montréal.

Dans cette optique, les acquisitions récentes de Caden Clark et Jahkeele Marshall-Rutty annoncées la semaine dernière sont plus qu'intéressantes. Les deux jeunots, respectivement déracinés du Minnesota et de Toronto, sont les premiers joueurs recrutés pour et par Courtois qui cadrent dans le modèle auquel a décidé de se coller le CF Montréal.

Sur papier, les conditions sont réunies pour que le projet soit un succès. Les joueurs demeurent les principaux maîtres de leur destinée, mais le travail de Courtois devra être jugé sur sa capacité à maximiser leur potentiel dans les prochaines années. La balle est dans son camp.

« J'ai commencé à coacher parce que je trouvais que je n'avais pas eu le coach que j'aurais voulu avoir quand j'avais 17, 18, 19 ans, racontait l'ancien espoir de L'Olympique lyonnais cette semaine au Centre Nutrilait. On ne m'a pas expliqué ce sur quoi tu dois progresser réellement pour te donner une carrière. Le soccer invisible : les trucs du vestiaire et l'approche. C'est dans cette optique que j'ai commencé à coacher. Et quand t'as des petits qui sont à fort potentiel et qui en plus ont faim de vouloir progresser, qui sont tellement contents d'être là, pour un entraîneur ça fait plaisir. »

Courtois prévient qu'il n'a pas de « recette magique » pour favoriser l'émancipation de joueurs prometteurs. Il énumère une série de généralités sur lesquelles il se penchera bien évidemment avec ses adjoints afin de créer les conditions gagnantes pour ses poulains, puis il insiste surtout sur une chose : tout ne doit pas passer par ce qu'ils montreront une fois par semaine quand les regards seront fixés sur eux.

« [Tu dois vouloir] former ta progression indépendamment de tes minutes de jeu. Il y a des gars qui jouent 90 minutes qui sont nuls. On a beau leur dire et leur montrer, voilà. Mais peut-être que toi, même si tu ne contribues que 10 ou 20 minutes, ça contribue à te construire pour ta version future. »

Sacrifier (juste un peu) le présent

Malgré cet avertissement, il faut s'attendre à ce que les deux nouveaux arrivants soient greffés assez rapidement dans le projet de jeu du CF Montréal.

Clark, un milieu de terrain américain de 21 ans, se dit à son mieux dans un rôle de relayeur/créateur, un « 8 » ou un « 10 » dans le jargon footballistique. Avec le départ d'Ariel Lassiter, une place l'attend dans le triangle offensif que Courtois a l'habitude de déployer.

Marshall-Rutty, quant à lui, dit être dans sa zone de confort au poste de piston droit qui, comme par hasard, est libre depuis la transaction qui a envoyé Ruan à Dallas.

Courtois a reconnu que dans l'immédiat, la perte des deux vétérans pourrait se faire sentir. Que l'idée de s'en départir pour laisser leur place à des jeunes dont les preuves restent à faire cadrait plus avec « l'après et, on va dire, le style de jeu dont je voudrais le plus me rapprocher à très court et moyen terme. »

Le patron a aussi noté que l'efficacité défensive de Lassiter et Ruan, chacun dans leurs registres respectifs, manquera à son groupe, mais que le profil de leurs jeunes remplaçants s'agence mieux avec ce qu'il veut voir son équipe accomplir avec le ballon.

« Petit à petit, bien sûr que ça va prendre du temps, mais on essaye de s'encadrer de jeunes joueurs qui ont plus des profils à pouvoir faire les choses qu'on cherche à faire offensivement. »

Avec neuf matchs à faire à la saison, le CF Montréal vient de se départir de ses deux joueurs de champ qui avaient cumulé le plus de minutes en 2024. Mathieu Choinière, un autre vétéran fiable, aurait lui aussi un pied à l'extérieur de la porte.

Une participation aux séries éliminatoires demeure-t-elle un objectif réaliste dans ces circonstances?

« Bien sûr, répond Courtois, l'air de se demander comment on peut même se poser la question. On peut battre n'importe qui n'importe quand. On peut faire des bêtises aussi, on le sait très bien. Mais je crois énormément, maintenant en plus avec des jeunes qui ont vraiment envie de tout prouver, même s'ils ne sont pas autant des produits finis que Ruan et Lassiter peuvent l'être dans leur domaine. Mais bien sûr que tout est possible. »