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La confusion avait gagné le vestiaire

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MONTRÉAL – La boîte à surprise qu'était l'utilisation de Caden Clark. Le retrait subit de la formation de Tom Pearce. Les formations de départ qui se suivent sans jamais se ressembler. Vous êtes nombreux à avoir exprimé votre incompréhension face à certaines décisions de Laurent Courtois durant les cinq premiers matchs de la saison du CF Montréal.

Cette confusion s'était aussi propagée dans le vestiaire de l'équipe.

Samuel Piette a dit ce qu'il devait dire mercredi après le deuxième entraînement dirigé par Marco Donadel au Centre Nutrilait. Les joueurs sont secoués par ce changement d'entraîneur précoce. Ils réalisent que leurs performances n'étaient pas au niveau. Ils doivent prendre conscience de leur part de responsabilité dans le sort qui a été réservé à leur ancien coach.

Mais ce qu'on retiendra surtout des propos du capitaine, qui s'exprimait pour la première fois depuis l'annonce du congédiement de Courtois, c'est qu'ils ont légitimé à peu près tous les doutes et les questionnements qui circulaient à l'extérieur de l'équipe à mesure que les semaines passaient et que les défaites s'accumulaient.   

Piette a parlé de « décisions douteuses ». D'un « manque de communication clair avec le groupe ». Vers la fin de sa rencontre avec les médias, il a identifié ce qu'on appellera dramatiquement ici la « saga Tom Pearce » comme un moment de bascule dans cette jeune saison.

Pour rappel, le latéral anglais n'avait pas fait le déplacement pour le match à D.C. United le 15 mars. Courtois n'avait pas voulu justifier immédiatement sa décision. Il avait fini par expliquer que Pearce n'avait pas bien joué la semaine précédente et qu'il avait pris la décision de l'exclure de ses plans pour le match suivants.

« Je crois qu'un incident que l'équipe n'a pas vraiment compris, c'est la situation avec Tom Pearce », a dit Piette.

« On est un groupe tissé serré. Quand un gars passe un mauvais quart d'heure, on veut le supporter, on veut l'aider à s'en sortir. Tom savait qu'il n'avait pas joué un bon match. Mais c'est peut-être le premier incident qui nous a frappés, je dirais. »

« Je ne suis pas en train de dire que c'est le moment où le club, ou nous les joueurs, avons décidé de passer à autre chose, a enchaîné Piette. C'est une accumulation de petites choses qui nous faisait sentir qu'il manquait peut-être quelque chose. »

Joel Waterman aura été un simple spectateur de la dernière semaine de l'ère Courtois. Appelé en équipe nationale pour les récents matchs du Canada en Ligue des nations, le défenseur était dans une fourgonnette en route vers l'aéroport de Los Angeles lorsqu'il a appris la nouvelle de son départ.

Dans un discours qui s'apparentait plus à celui d'un bon politicien, le vétéran de la défense montréalaise a lui aussi parlé d'une « accumulation de certaines choses » qui ont finalement forcé la main du club.

« Il y a toujours différents trucs qui vont arriver au cours d'une saison. On est tous des humains, on a des sentiments. Des décisions doivent être prises rapidement. Ce n'était pas un contexte facile pour Laurent et ça ne l'était pas non plus pour nous, les joueurs. Aujourd'hui, les deux partis doivent se regarder dans le miroir. »

« Ça devenait de plus en plus compliqué »

Le président Gabriel Gervais a utilisé des images fortes pour justifier la coupure avec un entraîneur qui n'aura finalement obtenu qu'une quarantaine de matchs pour installer ses idées. Il a parlé de frustration et de manque de cohésion. D'un coach qui n'était pas au diapason avec ses joueurs.

D'un malaise qui durait depuis au moins un mois.

« C'est sûr qu'à l'interne, avec les résultats, avec certaines performances, on sentait que ça devenait de plus en plus compliqué et qu'il y avait certains trucs qui étaient mal compris, a corroboré Piette. Quand tu es sous pression, quand les choses se passent moins bien, des fois le message est peut-être un peu moins clair, les demandes sont moins claires, il y a certaines incompréhensions. Je peux comprendre ce que Gabriel a dit en conférence de presse, ce qu'on reprochait à Laurent. Mais encore une fois, ce que je peux dire au niveau des joueurs, on n'en a pas fait assez. »

Courtois laisse derrière lui l'équipe avec le pire différentiel de la MLS. Une équipe qui concède, semaine après semaine, des buts complètement évitables, mais surtout qui ne remplit pas les promesses que Courtois avait fait en son nom lors de son entrée en poste.

« Notre philosophie sera de créer des occasions de marquer. Je veux que les joueurs soient obsédés par ça, et ça part du gardien jusqu'à l'avant. Je veux que les joueurs soient obnubilés par l'intention de jouer vers l'avant et d'être dangereux », avait-il dit lors de sa présentation au public montréalais.

Le CF Montréal n'a pas marqué, et s'est rarement montré menaçant, à ses quatre derniers matchs.

« On est une équipe qui voulait instaurer un style de jeu basé sur la possession et tout. Je pense que dans les dernières semaines, on s'est un peu perdus là-dedans, admet Piette. À force de ne pas connaître de succès avec ce style de jeu, à ne pas créer de chance, à être défensivement plus structurés mais à ne pas marquer, ça laisse des doutes quant à ce qu'on fait sur le terrain. Je ne dis pas que le groupe avait plafonné avec Laurent, mais il y avait peut-être certains messages qui étaient moins bien compris. »

 

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