La joie de Waterman, le casse-tête de Courtois
Suivez dès 19 h 30 à RDS et sur le RDS.ca le match entre le CF Montréal et les Red Bulls. Notre équipe met aussi la table avec un avant-match à 19 h.
MONTRÉAL – Laurent Courtois aurait pu inviter discrètement Joel Waterman dans son bureau pour lui annoncer la bonne nouvelle. Tout comme il aurait pu déléguer et laisser à quelqu'un d'autre le soin de le faire. Il a plutôt décidé de faire les choses en grand. Devant tout son groupe, dans un vestiaire bondé après le match nul arraché au Real Salt Lake, l'entraîneur-chef du CF Montréal a révélé à son défenseur qu'il était une sélection de dernière minute pour représenter le Canada à la Copa América.
« J'ai été content de lui annoncer ça. J'ai pris ce moment égoïstement pour le lui dire moi-même parce qu'il le mérite », a dit Courtois vendredi.
Le stratège français doit maintenant composer avec la partie la moins agréable de ce revirement de situation : trouver une façon de remplacer son général.
Waterman est assuré de faire l'impasse sur les trois prochains matchs du CF Montréal. Il pourrait en rater deux autres si le Canada devait se qualifier pour les quarts de finale. Son absence coïncidera évidemment avec celles de Samuel Piette et Mathieu Choinière, eux aussi convoqués en équipe nationale.
« En tant que leader technique, c'est impressionnant, a louangé Courtois. Les quelques ballons qu'il a eu à jouer en milieu de terrain [contre RSL], je pense que tout le monde a vu de quoi il est capable. Pour protéger la boîte, organiser ses coéquipiers et compenser pour eux défensivement, je pense qu'il a été énorme depuis le début de la saison. En tant que leader vocal, il a beaucoup à travailler, surtout en dehors du terrain on va dire, en rapport avec la frustration et la gestion de ses émotions. Mais dans l'éthique de travail et le professionnalisme, c'est du très haut niveau. »
À qui la chance, donc, de chausser d'aussi grands souliers?
Waterman a jusqu'ici raté un seul des 17 matchs du CF Montréal en MLS. C'était à Philadelphie le 1er juin. Pour l'occasion, Courtois avait titularisé George Campbell au centre de sa défense à trois. Celui-ci était flanqué de Fernando Álvarez à sa gauche et de Gabriele Corbo à sa droite. Corbo a aussi commencé un match au milieu du rempart défensif en Championnat canadien, celui où Montréal a subi l'élimination aux mains de Forge FC.
En général, Courtois a beaucoup jonglé avec son groupe de défenseurs centraux depuis le début de la saison. En 19 matchs, il a tenté huit combinaisons différentes et n'a pas hésité à en modifier la composition avec des substitutions en cours de rencontre. Il a aussi utilisé l'un d'eux, Joaquín Sosa, comme latéral gauche.
Il est donc difficile de prédire comment il choisira de remplacer Waterman au cours des prochaines semaines. À noter qu'en raison d'une accumulation de cartons jaunes, Campbell ne sera pas disponible pour le match de mercredi contre les Red Bulls de New York.
« Il y a eu beaucoup d'inconstance dans les performances », a reconnu Courtois avant d'ajouter qu'il croyait ses joueurs capables de relever le défi. « C'est une bonne occasion de montrer que Joel est un leader, mais que d'autres peuvent l'être aussi. »
Le message du coach à celui ou ceux qui hériteront du rôle se résume en un mot : communication.
« J'ai dit dès la présaison que je ne voulais pas qu'on se cache vocalement derrière Sam ou Joel. Je voulais que d'autres joueurs prennent le relais. C'était en partie pour ça. Des fois, tu peux parler toute la tactique que tu veux, mais la communication c'est 60% du problème résolu ou [prévenu]. »
« Si tu parles trop, tu deviens juste une voix que personne n'entend. Mais j'aimerais bien avoir ce problème, parce que pour l'instant, je trouve qu'on ne communique pas assez, a insisté Courtois. Que ça soit sur les coups de pieds arrêtés ou sur des situations avant qu'elles n'arrivent, ça pourrait vraiment nous aider un peu plus. »
Álvarez sort de sa coquille
Le départ de Waterman survient au moment où l'un de ses compagnons de jeu connaît ses meilleurs moments depuis son arrivée en MLS.
À 20 ans seulement, Fernando Álvarez semble vivre sa grande éclosion. Il a été titularisé dans neuf des onze derniers matchs du CF Montréal après avoir démarré seulement trois des huit premiers. Sa performance contre Real Salt Lake samedi a sans doute été l'une de ses plus abouties. Il a été le meilleur des siens avec deux interceptions, sept récupérations, sept dégagements et trois tirs bloqués. Il a à quelques reprises tenu tête sans complexe à Cristian « Chicho » Arango, le meilleur buteur de la ligue.
« C'est vrai qu'Alvarez a été vraiment, vraiment, vraiment solide, avait relevé Courtois après la rencontre. Il franchit des paliers. Il doit encore se synchroniser un peu plus sur l'alignement avec ses camarades, mais en termes de comportement individuel et gestion de crise, ça commence à être vraiment constant. »
« Je suis très content pour "Nando", a ajouté le gardien Jonathan Sirois. C'est quelqu'un qui travaille très fort à l'entraînement, qui est très ouvert d'esprit. Quand je l'approche soit pour le diriger un peu ou pour connaître son point de vue, quelqu'un qui est tout de suite ouvert. Ça rend le travail et la chimie beaucoup plus faciles. C'est quelqu'un qui s'affirme de plus en plus, sur le terrain mais aussi à l'extérieur avec sa personnalité. »