Passer au contenu principal

Avec l'accumulation de déceptions, le ton de Courtois a changé

Laurent Courtois Laurent Courtois - Getty
Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – On a souvent reproché à Laurent Courtois, durant la première moitié de saison du CF Montréal, de surprotéger ses joueurs.

Que ça soit après une dégelée à Seattle en avril ou une volée à Nashville en mai, l'entraîneur recrue s'est longtemps fait avare de reproches. Pour chaque faute qu'on pouvait attribuer à ses joueurs, le patron du vestiaire demandait à ce que le miroir soit retourné vers lui. Dans son discours public, l'identification des enjeux et la clarté de son message étaient au cœur de tous les problèmes. Les erreurs d'exécution de ses ouailles, leur manque de jugement ou leur effort inégal étaient systématiquement poliment excusés.

L'approche n'était pas que louable, elle était facilement justifiable. Courtois, qui en est à ses premiers pas comme entraîneur-chef au niveau professionnel, n'avait pas le profil pour débarquer avec ses grands sabots et commencer à démasquer les imposteurs à grands cris. La patience et la diplomatie étaient nécessaires pour gagner le respect de ses hommes.

Son dégoût après les déconfitures contre Toronto et Forge FC avait été exprimé sans réserve. Mais alors que l'été pointe le bout du nez et que les déceptions plus subtiles continuent de s'accumuler, son ton a assurément continué de changer.

Si Courtois a mis du temps à se présenter devant les médias après le match nul de ses troupes contre les Red Bulls de New York, ce n'est certainement pas parce qu'il cherchait ses gants blancs. À mots nullement couverts, le tacticien a affiché son agacement face aux comportements de ses joueurs.

Pour avoir laissé les visiteurs créer l'égalité sur un coup de pied de coin à la toute fin du temps réglementaire, il a déploré leur manque de maturité. Avec un minimum d'ambigüité, il a remis en question la décision de Matías Cóccaro de tenter de leurrer l'arbitre en se laissant tomber dans la surface en fin de match. 

Ses propos les plus lourds de sens ont toutefois été prononcés sur une question anodine de la consoeur Amy Walsh, de TSN 690, qui lui faisait remarquer que les performances de Raheem Edwards et « Mahala » Opoku étaient des aspects positifs d'une soirée autrement décevante.

En lançant des fleurs à Edwards, qui revenait au jeu après avoir subi une lacération à une jambe le 1er juin contre l'Union de Philadelphie, Courtois s'est assuré que le reste de son vestiaire sente venir le pot en sa direction.

« Raheem avait très bien joué à Philly, il s'était sacrifié pour qu'on puisse en sortir avec un match nul. Il est revenu après s'être à peine entraîné, il a répondu à l'appel de belle manière et malgré tout, il n'était pas satisfait après le match. C'est dommage que tous n'ont pas les mêmes standards d'autocritique et ne s'imposent pas les mêmes exigences dignes d'un athlète de haut niveau, qu'ils ne cherchent pas à être plus ambitieux et imputables. »

« Si on avait toujours ce genre d'attitude, on ne serait pas où on est présentement au classement. »  

Après avoir longtemps favorisé la méthode douce, Courtois a clairement jugé que les circonstances justifiaient un changement d'approche. Il faudra voir si ses mots trouveront écho dans un vestiaire présentement amputé de ses principaux leaders.

Une fierté pour Saliba

En l'absence de Samuel Piette, Mathieu Choinière et Joel Waterman, tous partis représenter le Canada à la Copa América, Courtois avait décidé de confier le brassard de capitaine à Nathan Saliba.

Le milieu de terrain de 20 ans l'a porté jusqu'à ce qu'il cède sa place à Victor Wanyama à la 72e minute, qui n'a étrangement pas gardé le morceau de tissu. Le brassard a terminé le match autour du bras de Jonathan Sirois.

« Très grand sentiment de fierté, n'a pas caché Saliba. J'ai été surpris par la nouvelle quand je suis arrivé au Centre [Nutrilait] cet après-midi. Très content que le coach m'ait fait confiance pour avoir ce rôle pour ce match et j'espère avoir bien pu le remplir. »

« Pourquoi pas? », a d'abord répondu Courtois lorsqu'on l'a questionné sur son choix.

Devant l'insistance de son interlocuteur, le coach a parlé de « sa personnalité, ses qualités pour son jeune âge, la position à laquelle il évolue et l'évolution que j'aimerais qu'il ait. »