CF Montréal : le cul-de-sac de ZBG, la progression avortée de Sean Rea
MONTRÉAL – La place grandissante des joueurs québécois dans les succès de l'équipe a été l'une des histoires positives de la saison 2023 du CF Montréal. Hernán Losada, entraîneur-chef déchu de cette mouture bleu-blanc-noir, en avait parlé comme l'une de ses grandes fiertés quelques semaines avant l'annonce de son congédiement.
Vendredi, quatre joueurs locaux ont fait partie de ceux dont l'entente n'a pas été renouvelée par le club montréalais. Voici le point sur leurs situations respectives.
ZBG : séparation mutuelle... ou presque
Zachary Brault-Guillard l'avait avoué avec une belle candeur au plus récent camp d'entraînement : il n'aurait probablement pas signé un nouveau contrat de deux ans s'il avait su ce qui l'attendait à Montréal. Après avoir rongé son frein pendant une saison derrière Alistair Johnston, ZBG avait dû accepter l'acquisition d'Aaron Herrera au poste de latéral droit.
« Je suis ambitieux, j'ai envie de jouer. Tout joueur veut avoir son temps de jeu. Si tu n'as pas de temps de jeu dans le club où tu es, si tu étais à ma place je pense que tu essaierais de trouver du temps de jeu ailleurs », avait dit Brault-Guillard en février dernier.
Une blessure à Herrera a finalement permis à l'international canadien né à Port-au-Prince de participer à 24 matchs en 2023. Mais ses performances n'ont pas ravi ses patrons et les perspectives d'avenir, notamment influencées par son manque de polyvalence, ne laissaient entrevoir rien de bon pour lui à Montréal.
« Avec Zach, on a eu de bonnes discussions, a dit Olivier Renard vendredi. Je crois que vous avez aussi ressenti l'année dernière dans ses interviews qu'il était un peu mécontent. Et moi je le dis à chaque bilan, on écoute les joueurs. On n'essaie pas de faire ce qu'ils veulent à chaque fois, mais sachant la concurrence qu'il a pour le moment du côté droit et le fait qu'il ne peut jouer qu'à cette place-là... Il a des envies d'Europe aussi, il est papa depuis quelques mois. »
« Je ne veux pas dire que la décision a été prise avec lui, mais presque. On l'a écoutée et vis-à-vis ses demandes et ses envies, on a regardé le marché et on s'est dit qu'on allait faire ça comme ça. Tout a été très honnête entre nous et lui. »
Renard a notamment nommé son désir de renforcer son effectif du côté gauche de la défense pour justifier sa décision.
Sean Rea : « il n'a pas eu l'éclosion »
Le CF Montréal abandonne-t-il trop rapidement en montrant la porte au jeune milieu de terrain Sean Rea? « C'est possible, répond Renard. Très sincèrement, c'est possible. »
À 21 ans, Rea franchissait les étapes à un rythme logique et satisfaisant jusqu'à ce qu'il se retrouve de façon incompréhensible dans les mauvaises grâces du club. Sa réaction à une substitution dans un match contre Miami au mois de mai semble avoir scellé son sort. Il a à peine joué par la suite.
Il arrive qu'une équipe n'exerce pas l'option d'un joueur pour ensuite tenter de le rapatrier à un salaire moindre. Ce n'est pas le cas ici. L'association entre le jeune Montréalais et le club de son enfance est bel et bien terminée et Renard est en paix avec ça.
« Malheureusement pour Sean, à nos yeux, il n'a pas eu l'éclosion. Il a joué beaucoup en début de saison, mais on doit faire des choix », a justifié Renard.
Le grand patron belge a rappelé que sa décision de laisser partir le défenseur Karifa Yao l'an dernier avait suscité le même genre de questionnement.
« Ce n'est pas la première fois que je fais une conférence de presse pour expliquer les options et à chaque année, il y a des surprises. Mais jusqu'à présent, à moins que je me trompe, il n'y a pas eu vraiment d'erreurs au niveau [du départ] de joueurs qui ont explosé ailleurs. Je leur souhaite, très sincèrement. Ce n'est pas parce que je ne prends pas leur option que je leur souhaite de rater leur carrière. »
Renard a toutefois fait son mea culpa pour une erreur qu'il juge avoir commise dans la gestion du dossier de Rea. Au bilan de fin de saison, le vice-président et chef de la direction sportive avait reproché à sa recrue d'avoir déclaré, en réponse à une question d'un journaliste, qu'il aurait volontiers pris un « grand frère » pour l'épauler au sein de l'équipe.
« Je n'aurais pas dû le faire et je m'en suis excusé auprès de lui hier au téléphone. Ce n'était pas nécessaire de ma part de dire ça parce que ce n'était pas une flèche. Peut-être que ça avait été naïf de sa part de répondre ça, mais je n'aurais pas dû en rajouter une couche. »
Jean-Aniel Assi, un autre ancien académicien qui avait été prêté en Première Ligue Canadienne dans l'espoir de percer au CF Montréal, a lui aussi appris le non-renouvellement de son contrat.
James Pantemis : un nouveau départ
Ça devait finalement être l'année où James Pantemis s'imposait devant la cage du CF Montréal. Ça aura plutôt été sa toute dernière au sein du club qui l'a formé.
Gardien titulaire de l'Impact au début de la saison, le portier du West Island aura été forcé de céder sa place après avoir subi une blessure à une épaule dès le premier match du calendrier. Lorsque son état de santé l'a rendu admissible à un retour, le brio de Jonathan Sirois a forcé les entraîneurs à le laisser sur le banc.
À partir du moment où il est devenu clair que Sirois était le gardien d'avenir à Montréal, il l'était tout autant que Pantemis n'en avait plus pour l'équipe de sa ville natale.
« Pour James, il a fait son temps à Montréal, a prononcé Olivier Renard. Il est tout à faire d'accord avec ces paroles-là. Je crois qu'il a besoin d'un nouveau challenge. Ce n'est pas le but de lui offrir un contrat minimum. Il a des qualités pour repartir ailleurs. »
Troisième gardien des Montréalais depuis deux ans, Logan Ketterer a un contrat en poche pour l'année prochaine. Montera-t-il en grade ou restera-t-il dans l'ombre après l'embauche d'un nouvel auxiliaire? Renard s'est contenté de dire qu'il ne lui revenait pas d'établir une hiérarchie pour ses gardiens et encore moins à cette période de l'année. Mais on peut certainement s'attendre à du renfort à cette position.