Passer au contenu principal

Le fardeau de la preuve

Publié
Mise à jour

C'est le 30 décembre 2024 qu'on a connu l'identité du remplaçant de Laurent Courtois. Marco Donadel venait d'être nommé entraîneur adjoint. 

La suite crevait les yeux. Restait à savoir quand la passation des pouvoirs s'opérerait. On n'anticipait pas une transition aussi rapidement.

Bénéfice du doute calculé

Si la haute direction n'a mis qu'une semaine de compétition avant de considérer un licenciement, les racines de la réflexion remontent à 2024.

Si tel est le cas, pourquoi ne pas avoir remercié Courtois l'an dernier et donné la chance à un nouvel entraîneur de prendre la barre dès janvier?

Pour que le fardeau de la preuve repose sur les épaules de Courtois. S'il avait été congédié après avoir mené l'équipe en séries, le club aurait très mal paru (oui, plus mal qu'en ce moment).

En lui donnant le bénéfice du doute et un nouveau staff, on lui offrait la possibilité de démontrer sa progression. La chance de prouver qu'il avait appris de sa première saison et amélioré certains travers que Gervais et le reste de la direction avaient identifiés au bilan de fin de saison.

De l'extérieur, peu de choses semblaient avoir évoluées. De toute évidence, le même constat a été fait à l'interne. 

Voilà où la présence de Donadel offrait un filet de sûreté. Sa présence permettait de prendre une décision beaucoup plus rapidement qu'on ne l'aurait fait autrement.

Pourquoi l'impliquer?

Si la réflexion remonte vraiment à l'an dernier (ce serait légitime), je peine à comprendre pourquoi on a choisi d'accroître le champ d'influence de Laurent Courtois au cours des derniers mois.

Sous la direction sportive d'Olivier Renard, la mission du coach était de tirer le plein potentiel d'un groupe assemblé par la direction. 

Pourquoi avoir inclus Courtois dans des conversations aussi importantes pour le futur du club si le sien était incertain?

C'est le morceau du casse-tête que j'arrive mal à placer.

Conversations parallèles

Depuis l'annonce de lundi, le peu d'investissements dans l'effectif est souvent mis de l'avant pour expliquer les plus récents résultats et le licenciement qui s'en est suivi.

Dans le cas qui nous concerne, ce sont deux dossiers séparés. 

La gestion humaine tendue, l'interaction râpeuse avec les médias, la rotation aléatoire de l'effectif et l'incapacité à communiquer le plan ou les choix ne tombent pas dans la cour du club. Ils sont dans celle du leader du vestiaire, dans celle du coach.

Si on jetait plus d'argent à un tel contexte, ces problèmes ne seraient qu'amplifiés.

Le CF Montréal doit-il pour autant rester aussi modeste dans ses investissements et continuer de se réfugier derrière le fait que Toronto n'a pas plus de succès malgré les sommes astronomiques dépensées? Non. 

Cet argument a fait son temps. En 2025, tout le monde comprend qu'il n'est pas nécessaire d'être le plus dépensier pour faire sa place. Il y a tout de même un minimum à respecter pour être compétitif.

On a vu l'importance de ce plancher la saison dernière. Au final, c'est le 1,3M$ dépensé sur Josef Martinez a fait la différence. Ces joueurs d'exception, aussi difficiles soient-ils à gérer, sont ceux qui t'offrent une bouée de sauvetage lorsqu'on se retrouve en eaux troubles.

Je suis de ceux qui croient qu'il est possible de faire les séries régulièrement avec une équipe jeune au fort potentiel de revente. 

Je crois toutefois qu'il est impossible d'y arriver si tous les recrutements sont un projet, une aubaine ou une opportunité de relance pour un joueur dont la carrière tire de la patte. Il faut aussi investir sur des joueurs qui offrent des certitudes.

Dénominateur commun

Que les choses fonctionnent ou non avec Marco Donadel cette saison, l'histoire des entraîneurs à Montréal m'intrigue au plus haut point.

Pourquoi les locaux ont-ils eu des résultats disproportionnellement positifs lorsqu'on les compare à ceux des coachs étrangers? 

Je ne prétends pas que les étrangers ne sont pas bons (Jesse Marsch est passé par l'Impact) et je comprends tout à fait que la MLS n'a rien à voir avec la USL ou la A-League. 

Reste que Valerio Gazzola, Nick De Santis et Marc Dos Santos ont remporté les trois seuls championnats de l'histoire du club. John Liminiatis a remporté le Championnat canadien et mené une équipe de 2e division à quelques minutes d'une demi-finale de Ligue des Champions. 

Mauro Biello a atteint la seule finale de l'Est de l'ère MLS, alors que Wilfried Nancy était en charge pour une saison record en 2022, après avoir soulevé le Championnat canadien l'année précédente.

Ça fait une impressionnante moyenne au bâton. Comment expliquer ce phénomène?

Passer quelques heures à tenter d'élucider ce mystère pourrait être fort utile pour les prochaines embauches.

À court terme

En attendant, on aura les yeux tournés vers Chicago ce samedi pour le premier match de Marco Donadel comme entraîneur-chef.

Question d'offrir de meilleures fondations à une équipe qui peine dans presque toutes les facettes du jeu, il ne serait pas surprenant de le voir ramener la défense à quatre. Le CF Montréal a eu la pire fiche défensive de son ère MLS l'an dernier et affiche le pire différentiel de l'Est (-7) après cinq matchs. 

Avec cette défense à quatre, l'équipe serait moins vulnérable aux changements d'effectifs. Des changements (souvent obligés) qui ont été nombreux cette saison.

En attaque, l'objectif no.1 est d'identifier rapidement les 2-3 joueurs autour desquels on désire construire au cours du mois d'avril. Question qu'on retrouve un peu de chimie, qu'on leur donne un maximum de minutes de jeu dans les prochaines semaines. 

Pour le reste du groupe, l'important sera d'établir un semblant de hiérarchie. Celle-ci permettra aux joueurs de savoir qui sont leurs concurrents directs. Un élément essentiel pour qu'une véritable compétition interne s'installe au sein de l'équipe.

Articles récents CFM