Alessandro Biello suit sans pression les traces de son père
MONTRÉAL – Les ressemblances sont tellement frappantes qu'elles mettraient la puce à l'oreille de quiconque ne connaîtrait pas encore son nom. Vous trouvez que ce milieu de terrain aux longs cheveux bouclés et au regard si intense a des airs familiers? C'est vrai qu'Alessandro Biello ne retient pas du voisin.
À 17 ans, le fils de l'ancien joueur vedette et entraîneur-chef de l'Impact de Montréal vient de signer son premier contrat professionnel avec le club qui l'a formé. Le jeune Biello a accédé à la structure du club dès l'âge de 8 ans, est officiellement entré à l'Académie chez les U15 et a commencé à s'entraîner avec la première équipe l'année dernière.
Un chemin qui semblait tracé à l'avance, mais qu'il n'aurait pas arpenté avec autant de succès sans y mettre du sien. Vous pouvez prendre Samuel Piette à témoin : il n'y a pas que les traits du visage que la nouvelle recrue du CF Montréal a hérité de son paternel.
« L'attitude », nomme d'emblée le capitaine du Bleu-Blanc-Noir lorsqu'on lui demande s'il voit des comparaisons entre son jeune coéquipier et celui qui est aujourd'hui son entraîneur avec l'équipe nationale canadienne. C'est un battant, c'est un gagnant, quelqu'un qui donne son 100%. Je pense que Mauro était comme ça. En tant qu'entraîneur, mais comme joueur aussi. »
« Physiquement, je pense que Mauro était celui qui gagnait à chaque année, un peu à la [Mathieu] Choinière, les tests physiques. Alessandro c'est un des très bons là-dedans aussi. Dans sa mentalité, tu vois qu'il est content d'être ici, mais qu'il ne prend aucun jour pour acquis. Il va se battre. Qu'on ne lui donne aucune minute ou un match complet, le lendemain il va s'entraîner de la même façon. Je pense que c'est dans les valeurs de cette famille-là, de tout donner. »
Biello avait 3 ans quand son père a accroché ses crampons. Dans un article de Stu Cowan publié dans The Gazette en 2015, Mauro Biello racontait à la blague qu'il avait su que l'heure de la retraite avait sonné quand Alessandro lui avait dit vouloir se déguiser en joueur de soccer pour l'Halloween. « J'avais pris pour acquis qu'il voudrait être comme son père, avec le numéro 20, mais il m'a répondu : "non, papa, je veux être Joey Gjertsen". » Gjertsen a joué 66 matchs avec l'Impact entre 2007 et 2009.
La mémoire de fiston ne lui a pas permis de remonter aussi loin dans le temps lorsqu'on l'a rencontré jeudi matin avant l'entraînement. Le but de Cameron Porter, dans un Stade olympique en liesse, est le premier souvenir qui lui est venu en tête.
« À cause de mon père, j'ai une connexion avec le club depuis que je suis un enfant, un bébé. J'ai vécu tellement de moments, tellement d'émotions en tant que joueur, en tant que fan. D'être ici aujourd'hui, de réaliser ce rêve, c'est fantastique », a dit l'adolescent.
Le numéro 20 qu'Alessandro Biello ne voulait pas porter à l'Halloween est à ce jour le seul qui a été retiré par le club. Le nom de Mauro Biello est aussi inscrit au Mur de la renommée du Stade Saputo. On imagine que marcher dans les pas d'un homme ainsi remémoré peut être intimidant, étouffant pour un héritier. Le jeu des comparaisons ne fait pas toujours de gagnants.
Mais le nouveau numéro 38 du CF Montréal semble jusqu'ici bien faire la part des choses.
« Je le sais, mon père a laissé un grand héritage dans ce club, un héritage qui ne sera jamais oublié. Mais pour moi, je suis un jeune joueur. Je veux juste rester concentré, apprendre, grandir et travailler très fort pour un jour avoir une chance de jouer et aider cette équipe. »
Attendre sa chance
Biello a signé son contrat en même temps qu'un autre jeune espoir québécois, Matteo Schiavoni. Ce dernier passera la saison en prêt avec le Forge de Hamilton dans la Première ligue canadienne. Biello, quant à lui, semble avoir reçu le message qu'il passera la saison à Montréal.
« Peu importe ce qu'ils veulent que je fasse, je vais le faire. Pour moi en ce moment, c'est de rester concentré pour les entraînements et continuer à apprendre et à grandir au niveau professionnel. »
Formé comme milieu défensif, Biello arrive au bas d'une proverbiale échelle qui plie sous le poids des compétiteurs qui tentent d'en faire l'ascension. À la position, Samuel Piette et Mathieu Choinière sont indélogeables depuis le début de la saison. Nathan Saliba a connu une progression intéressante l'an dernier et a obtenu ses premières minutes de la saison il y a deux semaines à Chicago. Victor Wanyama se contente jusqu'ici d'un rôle de remplaçant.
Dans cette congestion, il est difficile de voir le benjamin du groupe se frayer un chemin jusqu'au terrain en 2024.
« Je pense qu'il est conscient de cette situation, conscient que c'est sa première année pro, qu'il a beaucoup à apprendre, met en perspective Piette. Juste le fait d'être dans un environnement professionnel, d'être avec un groupe pro à tous les jours, c'est évidemment différent qu'être avec l'équipe réserve. Il va apprendre énormément de ça. »
« Et puis la saison est longue. On touche du bois, mais on peut avoir des blessures, on peut avoir des joueurs qui performent moins. Je pense aussi que le coach est très gros sur [donner des chances au mérite]. Avec la mentalité d'Alessandro, je ne suis pas inquiet pour lui que cette année, il va avoir sa chance. C'est de rester motivé, rester conscient que c'est ta première année, que tu as tes preuves à faire mais que tôt ou tard, tu vas l'avoir ta chance. »
Biello, qui a déjà représenté le Canada aux niveaux U17 et U20, pourrait aussi participer au Championnat U20 de la CONCACAF en juillet. Le tournoi permettra à quatre équipes de la région de se qualifier pour l'édition 2025 de la Coupe du monde U20.