Le retour de Laurent Courtois assurera une continuité nécessaire
MONTRÉAL – Le CF Montréal a terminé la saison 2024 avec seulement deux de points de plus que la précédente. Pourtant, on a senti au traditionnel bilan de fin d'année une sérénité et un optimisme qui étaient à des années lumières de ce qui s'était dégagé de l'exercice l'an passé.
Il y a un an, l'entraîneur Hernán Losada s'était présenté sur l'estrade avec son cahier de note, prêt à répondre à tout ce que son patron venait de déballer à son sujet. Il était isolé, son sort déjà décidé. Le malaise était palpable.
On n'ira pas jusqu'à dire que son successeur, Laurent Courtois, a affronté les questions de gaieté de cœur vendredi au Centre Nutrilait. Mais il a au moins essayé d'utiliser l'humour pour alléger l'atmosphère.
« Allez-y! Josef, Victor...! », s'est-il écrié, dans ce qu'on imagine être une feinte d'affront, en prenant place devant les journalistes. Quand on lui a demandé d'entrée de jeu s'il avait l'impression d'avoir suivi les conseils de Wilfried Nancy, qui lui avait suggéré au moment de son embauche de buckle up, be yourself and enjoy the ride [attache ta tuque, sois toi-même et amuse-toi], Courtois a soupiré sur un ton empreint d'autodérision : « Je n'ai pas assez buckle up... »
Que vous aimez ou non le travail ou la personnalité de Courtois, il faudra vous y habituer. Le président et chef de la direction du CF Montréal, Gabriel Gervais, a confirmé ce qui tombait sous le sens : le jeune entraîneur aura la chance de continuer ce qu'il a commencé en 2025.
« J'ai toujours eu confiance en lui, a déclaré Gervais. Vous m'avez posé la question chaque rencontre, je pense, et vous pouvez retourner à la vidéo, j'ai toujours répondu de la même façon. Gagner et perdre, oui, c'est important de gagner. Mais c'est aussi les choses qu'on tente de faire. C'est la personne qu'il est et qu'il veut devenir qui est important. Est-ce qu'il représente bien notre club? Ce sont toutes des choses que je regarde au-delà des victoires et des défaites. »
« On fait les choses depuis un moment déjà pour construire pour que le club soit dans une meilleure direction, avec ou sans moi. Mais oui, le projet continue pour l'année prochaine encore au moins, j'espère plus, et je suis très content. »
Courtois a lui-même admis avoir appris à la dure pendant sa première année à la tête d'une équipe professionnelle. Avec beaucoup d'humilité, il a reconnu avoir peiné à naviguer les rigueurs du calendrier de la MLS et à gérer l'absence de joueurs clés convoqués par leur équipe nationale. Il a dû polir sa relation avec certains joueurs et apprendre à faire son boulot sous le regard des journalistes.
Malgré les écueils, il a su soutirer le meilleur des joueurs qu'il avait sous la main et livrer des résultats concrets dans une fin de saison remplie de promesses. Comme récompense, il est devenu le cinquième entraîneur à survivre à une première année en poste depuis que l'Impact est en MLS.
Cette promesse de constance a été bien accueillie par les vétérans de l'équipe.
« Je pense que c'est énorme. On a besoin, je pense, de cette continuité-là », s'est réjoui Samuel Piette, qui a tenu à souligner le « travail colossal » des adjoints qui composent la garde rapprochée de Courtois.
« Je pense qu'on a mis de bonnes fondations. Évidemment, on sait très bien que le groupe ne sera pas identique l'an prochain, on serait naïfs de penser ça. Mais je pense qu'on a bâti des bons trucs et ça sera intéressant de repartir là-dessus l'an prochain plutôt que de repartir à zéro. »
« Même quand on traversait des moments plus difficiles, on voyait le style de football qu'on veut jouer en tant que club et nos forces en tant que collectif. Les résultats ont commencé à suivre vers la fin de l'année et il a mon entière confiance. Ça sera excitant de voir ce qu'on pourra faire l'an prochain. »
« Le travail commence maintenant »
À son tour au podium, Caden Clark a levé le voile sur un aspect intéressant et souvent sous-estimé de l'approche mentale d'un athlète professionnelle. « Tu ne peux pas trop t'emporter en pensant à l'avenir. C'est peut-être une erreur que j'ai commise dans le passé. À force de se demander quelle sera la prochaine étape, on risque de perdre de vue ce qui se passe dans le présent. »
Ce n'est pas ce que Clark voulait dire, mais la direction du CF Montréal pourrait y voir un avertissement contre les risques de la complaisance. Le piège serait d'accorder une importance démesurée aux succès obtenus en fin de saison et d'imaginer qu'ils se reproduiront de façon exponentielle en observant le statu quo.
« Il y a beaucoup à apprendre, ça c'est sûr, approuvait Piette. Il y a beaucoup de trucs à corriger. Présentement, on voit la belle image de la dernière séquence qu'on a eue, la victoire contre New York City à la maison, les émotions qu'on a vécues contre Atlanta, avec la force de caractère pour revenir au score. Mais c'est sûr qu'on n'oublie pas les moments plus difficiles. »
Le capitaine a illustré son point avec une belle lucidité lorsqu'il a souligné qu'il avait remporté le titre de joueur défensif par excellence dans une saison où l'équipe avait accordé 64 buts, le cinquième plus haut total en MLS.
Waterman s'est quant à lui attardé sur la longueur des séquences creuses qui ont fissuré le chemin de l'équipe cette saison.
« Comment est-ce qu'on peut activer cet interrupteur et se sortir du trou le plus vite possible? Je crois que c'est une chose qu'il faudra améliorer. Il faudra s'organiser afin qu'on ne tombe pas aussi bas quand ça va moins bien. »
Historiquement, reconduire le même entraîneur pour une deuxième saison consécutive est à peu près ce qui s'approche le plus de ce que le CF Montréal a réussi à accomplir en termes de constance. Continuer d'avancer selon la vision de Laurent Courtois était la décision à prendre. Il n'en tient pas qu'à lui, mais les résultats devront maintenant suivre.
« Le plus dur du travail commence dès maintenant », a reconnu l'entraîneur.