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Olivier Renard : « Le secteur offensif va devoir être retouché »

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MONTRÉAL – Le CF Montréal n'a marqué que 36 buts en 2023 en MLS, sa récolte la plus basse sur une saison complète depuis son entrée dans le circuit. Un peu de perspective : en 2020, lors de la campagne écourtée par la COVID, il en avait pratiquement réussi autant (33) en onze matchs de moins.

Seulement trois équipes sur les 28 autres de la ligue ont touché la cible moins souvent. Son meilleur buteur, Mathieu Choinière, a arrêté son compteur à cinq succès, un plancher tristement partagé avec le Toronto FC. Mais la statistique la plus hallucinante est peut-être celle-ci : au cumulatif de ses 17 défaites, Montréal n'a marqué que cinq fois.

L'adaptation a des nouvelles idées de jeu, et la confusion que cela a engendré, peut expliquer en partie une telle carence. Les blessures qui ont miné la santé de Romell Quioto, meilleur franc-tireur de l'équipe durant trois années consécutives, n'ont certainement pas aidé non plus. Mais il manquait aussi cruellement de qualité au sein des spécialistes offensifs de l'effectif et le vice-président et chef de la direction sportive du club l'a reconnu.

« C'est certain que le secteur offensif va devoir être retouché », a promis Olivier Renard lors de son bilan de fin de saison.

Selon les données comptabilisées par la plateforme Opta, le collectif montréalais a généré un total de 37,8 buts attendus en 2023, un peu moins de deux de plus que sa production réelle. Mais lorsqu'on s'attarde aux évaluations individuelles des attaquants de l'équipe, l'écart entre le concret et le regret s'élargit.

Le modèle confirme ce que le test oculaire permettait déjà de conclure, soit que la production de Chinonso Offor, Sunusi Ibrahim et Ariel Lassiter fut inférieure à ce qu'elle aurait dû être avec une qualité de finition décente. En ajoutant les noms de Quioto, Kwadwo Opoku, Mason Toye et Jules-Anthony Vilsaint à la liste, on arrive à cinq buts qui auraient dû se retrouver au palmarès de l'équipe et qui ont plutôt fini dans les gradins ou dans les gants du gardien.

Pour une équipe qui a raté les séries éliminatoires par deux points, qui a perdu sept matchs par un écart d'un but et qui a fait cinq matchs nuls, quelques décimales ici et là auraient pu faire toute la différence.

« Il y a des joueurs qui ont eu du temps de jeu et qui n'ont pas su prendre leur chance. Il faut savoir le dire aussi », a d'ailleurs relevé Renard.

Acquisitions superficielles

Certains de ces joueurs, ça aussi il faut le dire, ont été dénichés par Renard durant la dernière saison et n'ont pas fourni un rendement proportionnel au prix déboursé pour faire leur acquisition. Lassiter et Opoku, qui ont été mentionnés précédemment, en sont deux. Bryce Duke en est un autre. Rapidement identifié comme « la nouvelle pépite » du CF Montréal, le petit milieu créateur a perdu de son éclat après des débuts prometteurs, s'arrêtant à deux buts et deux passes décisives en 26 matchs.

« Les arrivées de Duke et d'Opoku étaient voulues de ma part et celle du coach, mais ça a pris du temps, a justifié Renard. Ce sont deux joueurs qu'on aurait bien voulu avoir dès le début et qu'on aurait bien aimé voir jouer plus souvent avec Romell Quioto. »

Renard a lancé une pointe à Losada en prétendant que les nouveaux venus n'avaient pas toujours été utilisés conformément aux plans qui avaient mené à leur venue.

« Certains joueurs n'ont pas toujours joué à leur meilleure position, ça aussi ça fait partie de la question par rapport [à l'avenir du] coach et [du] staff. Quand on construit une équipe ensemble, après il faut faire jouer les joueurs dans les meilleures façons. C'est à nous, les responsables sportifs, de devoir créer cette osmose. »

On a demandé à Losada si, dans l'éventualité où il était de retour en 2024, il croyait pouvoir connaître plus de succès sans l'arrivée de renfort en attaque.

« Des joueurs avant moi ont prononcé le mot ‘processus' et j'y adhère aussi. Mon prédécesseur a eu droit à un processus de deux ans. Moi aussi, au départ, je suis venu pour deux ans. La dernière année faisait partie de ce processus. En me basant sur tout ce qui a été accompli cette année, je suis certain à 100% que l'année prochaine je vais m'améliorer, je vais être meilleur. »

Le mystère Quioto

Dans le passé, Renard a gagné des parties de bras-de-fer avec quelques vétérans, notamment Rudy Camacho et Victor Wanyama, qui sont revenus au bercail à un salaire moindre après avoir laissé deviner un départ probable. De ce bilan s'est dégagée l'impression qu'une tactique de négociation similaire est en cours avec le clan de Quioto.  

Désormais sans contrat, le Hondurien a exprimé clairement le souhait de revenir pour une cinquième saison à Montréal. Son exaspération quant à ce qu'il perçoit comme une absence de transparence dans les intentions du club est tout aussi évidente.

« Je ne sais pas, a répondu El Romantico quand on lui a demandé s'il s'attendait à être rapatrié. Personne ne m'a parlé. Je crois qu'il est peut-être temps de rentrer chez moi jusqu'à ce qu'on m'appelle. »

« Pour moi, la première option serait de rester ici, a-t-il ensuite soupiré. Je ne comprends pas pourquoi je dois attendre à la dernière journée pour avoir des nouvelles de quelqu'un. L'année dernière, j'ai demandé quelque chose de mieux et on m'a dit que ce n'était pas possible. »

Renard a confirmé que l'agent de Quioto avait cherché à lui obtenir une prolongation de contrat il y a un an, une invitation à danser que le Belge avait refusé. La suite lui a donné raison. Pour un salaire légèrement supérieur au million de dollars, Quioto a été limité à 13 matchs de MLS et n'a produit que trois buts.

« Peut-être que Romell va revenir », a laissé planer Renard en insinuant qu'il avait aujourd'hui de meilleures cartes dans son jeu pour parler de chiffres. Son intention de trouver un terrain d'entente semble toutefois sincère.

« On a vu dans les derniers matchs que Romell sait encore courir, il sait encore jouer et il a une importance dans le vestiaire. Maintenant, évidemment, il y a plein de contexte à côté et on verra. »