Le rêve de Choinière, les besoins de Courtois, la logique de Marsch
MONTRÉAL – Quelques jours après avoir vécu sa « meilleure expérience au niveau soccer à vie », Mathieu Choinière est de retour à Montréal. Mais combien de temps y restera-t-il?
Choinière a obtenu sa première titularisation avec l'équipe nationale senior samedi dans le match pour la troisième place de la Copa América. Il a joué 90 minutes et a participé aux tirs de barrage dans une défaite crève-cœur contre l'Uruguay.
« Ça ouvre les yeux, jouer des compétitions comme ça, a dit mardi le milieu de terrain de 25 ans, qui a aussi joué 18 minutes comme substitut en demi-finale contre l'Argentine. Ça donne confiance aussi, jouer contre des pays comme ceux qu'on a affrontés. J'arrive ici physiquement frais et mentalement avec encore plus de ressources. »
Choinière se pinçait encore d'avoir partagé le terrain avec les Federico Valverde et Rodrigo Bentancour, des vedettes en Liga et en Premier League. « Et de quand même rivaliser, d'avoir une bonne performance… », s'émerveillait-il humblement.
À peine était-il rentré à la maison que son nom était recraché par la machine à rumeurs. L'informateur américain Tom Bogert, le même qui avait ébruité en mai la volonté de Choinière de quitter le CF Montréal, a réitéré lundi que l'athlète de Saint-Alexandre souhaitait toujours un divorce avec son club formateur.
Comme il l'avait fait à l'époque, le double représentant montréalais au match des étoiles de la MLS a refusé de s'étendre sur la véracité ou la provenance de ces informations. Il n'a toutefois pas renié sa volonté de jouer un jour en Europe.
« C'est mon rêve. Après ça, je ne cache pas que j'ai un contrat ici. Donc comme j'ai dit, ça va rester comme ça, mais bien sûr que j‘ai tout le temps rêvé de l'Europe, de la Ligue des champions et du plus haut niveau de foot que je pourrais jouer dans ma vie. »
La semaine dernière, le président et chef de la direction sportive par intérim du CF Montréal, Gabriel Gervais, avait effleuré le sujet de l'avenir de Choinière en déclarant que « mon souhait et celui de l'équipe, c'est de garder Mathieu ici longtemps. »
L'entraîneur Laurent Courtois a fait savoir qu'il ne se plaindrait pas d'un tel dénouement, mais il dit aussi comprendre les ambitions d'un joueur qui s'est révélé être l'une de ses rares valeurs sûres cette saison.
« Mathieu, il veut être là, il veut tout casser. Il a d'énormes ambitions, […] mais ici il veut tout donner pour son club et moi j'ai besoin de lui, non seulement pour sa polyvalence, mais aussi pour le mental et l'esprit qu'on veut avoir ici. Et donc Mathieu, il est pour moi indispensable. »
« Maintenant, on a un joueur qui veut atteindre un objectif, qui veut se sentir valorisé. Au bout du compte, on recherche tous la même chose. On veut se sentir valorisé pour ce qu'on donne, et Mathieu en donne beaucoup », a insisté Courtois.
Les minutes avant le prestige
À l'époque où John Herdman était à la tête de la sélection canadienne, il ne manquait pas une occasion d'encourager publiquement ses joueurs à pousser pour accéder aux plus grands championnats, dans ce qu'il appelait des clubs de « premier tiers ». C'était selon lui une condition non-négociable pour que l'équipe nationale soit compétitive dans les plus grandes compétitions.
Jesse Marsch, son successeur, embrasse la même philosophie… mais avec un astérisque.
« C'est du cas par cas », a-t-il expliqué lors de son passage au Centre Nutrilait. Il a cité en exemple le cas de Stephen Eustaquio, qui a perdu son poste de titulaire avec le club portugais de Porto à la fin de la saison dernière et qui envisagerait de changer de décor pour augmenter ses chances de jouer davantage.
« Je veux que tous mes joueurs s'accomplissent dans leur vie personnelle et professionnelle, d'une perspective de performance, d'une perspective financière. On veut qu'ils connaissent du succès. Mais ça n'aide pas de passer dans un plus gros club ou dans un club européen qui ne vous fait pas jouer. »
Marsch a décrit Choinière comme un joueur au fort potentiel qui est présentement « dans une bonne situation pour continuer de s'améliorer. »
« Si la bonne occasion se présente, ça sera à lui de l'évaluer et de prendre ce qu'il juge être la meilleure décision. Mais je le répète, les joueurs doivent jouer. On ne peut pas avoir une équipe nationale dans laquelle 13 des 26 joueurs convoqués ne jouent pas régulièrement. Et je crois qu'on a fait la preuve que ça ne dérange pas si les joueurs proviennent de la MLS ou de l'Europe. Si tu es en forme, que tu joues bien et que tu comprends ce qu'on essaye d'accomplir, l'endroit où tu joues n'a pas d'importance. »
La fenêtre de transferts pour les clubs canadiens évoluant en MLS est ouverte depuis le 12 juillet. Les clubs américains pourront officiellement transiger à compter de jeudi.