Nouvel objectif, la même mentalité de « négligé » pour le CF Montréal
Avant-match Atlanta c. CF Montréal
MONTRÉAL – Ce n'est pas parce qu'on se qualifie sur la fesse pour les séries qu'on y arrive nécessairement en boitant. Le match de barrage entre le CF Montréal et Atlanta United, ce soir au Stade Saputo, opposera deux équipes qui sont sur une intéressante lancée.
Les circonstances qui ont mené l'Impact jusqu'ici ont été bien documentées. La résilience démontrée par ses prochains adversaires doit aussi être mise en valeur.
Les Géorgiens avaient un pied dans la tombe après avoir concédé la victoire à leurs visiteurs montréalais le 2 octobre. À ce moment précis, ils étaient séparés de la dernière place donnant accès aux séries par trois équipes qui les devançaient toutes par trois points. La situation était telle que Laurent Courtois se souvient avoir senti la résignation dans les mots de son homologue Rob Valentino ce soir-là.
« Le coach m'avait dit félicitations, maintenant faut aller au bout... Tu sentais que c'était très dur pour eux, un peu comme nous après [notre défaite de 5-0] contre New England. C'était le match à ne pas perdre », comprenait Courtois.
Pour déjouer les pronostics, les joueurs d'Atlanta n'avaient d'autre choix que de battre deux des meilleures formations de l'Est. C'est ce qu'ils ont fait. Il se sont d'abord débarrassé des Red Bulls de New York de façon convaincante à domicile. Puis samedi dernier, ils ont réussi un petit miracle en allant voler une victoire à Orlando.
Eux aussi ont maintenant l'impression qu'ils sont la petite équipe qui pourrait aller loin.
« Je pense qu'au contraire ils se sentent dans un très bon momentum, a répondu Courtois à un collègue qui suggérait que l'impulsion du moment favorisait ses hommes. Ils ont de très bonnes individualités. Ça va être dur. »
Les circonstances favorisent tout de même le CF Montréal dans ce premier match éliminatoire depuis 2022 au Stade Saputo. Avec seulement deux jours de repos entre la conclusion de la saison régulière et le début des éliminatoires, le fait de ne pas avoir à gaspiller de précieuses heures dans un vol transcontinental ne peut être interprété autrement que comme un avantage indéniable.
Sans tomber dans l'arrogance, les Montréalais peuvent aussi se bomber le torse en repensant aux deux victoires qu'ils ont décrochées contre Atlanta cette saison. Si quelqu'un doit aborder le dernier volet de la trilogie avec le moindre complexe, ce n'est pas eux.
« Considérant nos récents résultats et le fait qu'on jouera à la maison, je peux comprendre qu'on veuille nous identifier comme les favoris. Mais on n'approche pas ce match en se disant que ça sera facile ou qu'on peut se présenter juste à moitié, assure Caden Clark. On veut continuer à se voir comme les négligés parce que c'est un état d'esprit qui semble fonctionner pour nous. »
Samedi soir, immédiatement après la victoire contre New York, Joel Waterman notait qu'il pouvait être difficile d'affronter la même équipe pour une troisième fois. « Ils voudront prendre leur revanche », se méfiait-il. Il parlait lui aussi de l'importance d'adopter la « bonne mentalité », conscient qu'à partir de maintenant, « tout peut arriver ».
« Les séries, c'est une autre réalité, lui a fait écho Bryce Dyke lundi. Surtout quand tout se joue sur un seul match. Il faut tout donner dans le moment présent, il n'y a pas de temps à perdre à penser à ce qui pourrait venir ensuite. Toutes les petites erreurs, toutes les petites passes, tous les détails ont de l'importance. Et si tu peux enchaîner quelques bonnes performances, qui sait où ça s'arrêtera? J'ai hâte de voir ce qu'on pourra accomplir. »
Après avoir atteint un objectif qui était depuis longtemps dans le viseur, il est tout naturel de sentir le besoin de prendre un moment de repos, ne serait-ce que pour prendre la mesure du travail accompli. Les joueurs du CF Montréal n'ont pas ce luxe. S'ils commettent l'erreur de s'arrêter pour contempler leur réussite, on risque d'y faire très vite référence à l'imparfait.
À cette éventualité, ils semblent avoir été bien sensibilisés.
« Je ne sais pas qui est trop confiant, mais ce n'est pas moi. Ce n'est pas nous », assure Courtois.
« Le passé, on l'oublie. Il faut exécuter le Jour J. »