Pour le CF Montréal, ça se passe entre les deux oreilles
-- Ne manquez pas le match opposant le CF Montréal au Crew de Columbus, mercredi soir, sur les ondes de RDS et sur le RDS.ca dès 19h30
MONTRÉAL – Lionel Messi est parti, mais les relents du passage de son équipe au Stade Saputo sont encore perceptibles. Quelques jours après que l'entraîneur Laurent Courtois eut déploré le « manque de concentration » et l'absence de « mentalité du tueur » de son équipe dans une défaite de 3-2 contre Miami, les regrets n'étaient pas entièrement dissipés dans l'entourage du CF Montréal.
Le défenseur Joel Waterman ne voyait pas matière à consolation dans le fait que son équipe avait été la première à blanchir Messi cette saison. « On a quand même accordé trois buts », pestait le grand rouquin mardi.
Trois buts, oui, et dans des contextes qui deviennent récurrents. C'est surtout de là qu'émane la frustration. Contre Miami, Montréal a été trompé deux fois dans les dernières minutes de la première demie. Ce n'était pas la première fois de la saison que l'entrée au vestiaire, que ce soit à la mi-temps ou après le sifflet final, était précédée de telles gifles.
Et il y a la manière. Un coup franc magistral, mais bêtement concédé, puis un corner défendu avec trop de mollesse. En 11 matchs, Montréal a donné cinq buts sur coups de pied de coin. C'est l'un des pires bilans de la MLS à ce chapitre. Et ça agace Waterman.
« C'est une question de désir. On est bien organisés, on a des gars en couverture de zone, d'autres qui surveillent leur homme, des gars au premier poteau... le reste, c'est juste de la volonté. C'est refuser de laisser son joueur marquer un but. C'est une guerre. C'est une guerre dans chacune des surfaces, autant lorsqu'on défend que lorsqu'on attaque. Il faut adopter cette attitude. »
« Cette attitude », c'est celle démontrée par Luis Suárez pour se faufiler derrière Ariel Lassiter en fin de semaine, par exemple, ou encore celle qui a permis à Walker Zimmerman de se débarrasser de Fernando Álvarez la semaine précédente à Nashville. C'est le roc dans lequel est sculpté Matías Cóccaro, qui manque cruellement à son équipe dans ces circonstances.
C'est une attitude qui ne s'apprend pas sur une ardoise ni sur un grand projecteur. Elle doit venir d'une envie intérieure. C'est le « shift mental » auquel Courtois faisait référence au podium samedi soir.
« C'est une prise de conscience individuelle, a développé l'entraîneur mardi. Il y en a qui le font très bien. Pour ceux-là, comment je peux aider le copain quand sur une demi-seconde d'inattention il tourne le dos et ne fait pas les deux mètres qui lui permettent d'être [au bon endroit]. Voilà, c'est comment moi je peux être en charge de ces moments-là, mais aussi je peux aider le copain à côté de moi. »
À Montréal, Courtois n'est pas le premier entraîneur à se cogner la tête sur ce problème. Wilfried Nancy, Thierry Henry et Rémi Garde ont aussi grisonné devant ce constat. La difficulté de l'Impact à forger son identité autour de sa capacité à défendre avec assurance et en toutes circonstances est un thème récurrent.
En ce début de saison imparfait, c'est l'élément qui empêche l'équipe d'atteindre un palier supérieur.
« Par rapport à ce qu'on veut faire sur le terrain, je crois que bien des équipes ne seront pas en mesure de nous approcher, prédit Waterman. Si on parle de philosophie de jeu et de tactiques, on a fait énormément de progrès [depuis l'arrivée de Courtois]. On est plus avancés qu'on ne devrait l'être. Il nous reste à adopter la bonne mentalité. »
« On le dit toujours, les matchs se gagnent sur les plus petits détails. Il faut garder ça en tête à chacun de nos matchs. On travaille là-dessus, on s'approche du but, mais on n'y est pas encore. »
L'artillerie lourde dans Hochelaga
Le CF Montréal affrontera mercredi le Crew de Columbus, une équipe qui a ses propres problèmes à gérer. Les hommes de Wilfried Nancy n'ont pas gagné en MLS depuis le 16 mars, une séquence de sept matchs au cours de laquelle ils ont arraché cinq matchs nuls.
Samedi dernier, le Crew a subi une rare défaite à domicile en s'inclinant 2-1 devant le FC Cincinnati dans le derby de l'Ohio.
C'est la deuxième fois en moins de trois semaines que les deux équipes s'affrontent. Le 27 mars à Columbus, elles s'étaient laissées sur un nul de 0-0. Ce soir-là, le Crew avait reposé la majorité de ses titulaires habituels pour se préparer pour sa demi-finale en Coupe des Champions de la CONCACAF.
Ce problème ne se pose pas cette semaine et il faut donc s'attendre à voir le Crew débarquer dans Hochelaga-Maisonneuve avec l'artillerie lourde.
« [La dernière fois], on avait réussi à les empêcher de mettre de la vitesse dans leur jeu et à minimiser les avantages qu'ils tentent de se créer avec leur jeu de passes rapides en possession, a rappelé Courtois. Le dilemme, cette fois, c'est d'essayer d'être un peu plus agressifs dans nos intentions sans leur concéder trop d'espace en transition. En général, je m'attends à un match similaire. Ça devrait être bon. J'espère qu'on va gagner. »