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Samuel Piette : « Je ne regrette rien du tout »

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ORLANDO, Floride – Un parfum familier flotte dans l'air d'Orlando, où le CF Montréal vient de déposer ses valises pour le dernier droit de son camp d'entraînement. Serait-ce l'odeur des gaufres en forme de Mickey Mouse qui émanait du lobby de notre chic hôtel au lendemain de notre arrivée?

Non. On parle d'effluves plus subtiles, perceptibles seulement par les narines les plus aguerries. Celles du renouveau, de l'optimisme prudent, de l'espoir retrouvé.

Dans le sport professionnel, de tels arômes accompagnent généralement les premiers pas d'un nouvel entraîneur. Chez l'Impact, un club qui s'y connaît en nouveaux entraîneurs, ces sensations semblent amplifiées cette année par le souvenir encore frais de leur nature éphémère, ou plus précisément de la vitesse à laquelle elles s'étaient dissipées la saison dernière.

En fait, s'étaient-elles jamais vraiment installées?

La récapitulation des faits se lit comme suit : le club avait embauché Hernán Losada pour succéder à Wilfried Nancy, mais le stratège argentin n'a pas réussi à vendre son projet à la majorité de ses troupes. Une confusion d'abord justifiable par l'arrivée de nouvelles idées a rapidement gagné en ampleur pour éventuellement se transformer en frustration. Éventuellement, les voix discordantes sont devenues assez bruyantes pour effacer de l'équation les bons coups de l'entraîneur, qui a été congédié après sa seule saison aux commandes.

Dans l'apaisant climat de renaissance dans lequel baigne l'équipe depuis l'arrivée de Laurent Courtois à sa barre, Samuel Piette a accepté, sans se faire prier, de revenir sur les semaines qui ont précédé la sortie de Losada. Le capitaine avait joué un rôle déterminant dans l'escalade de la grogne à l'endroit de l'entraîneur. Après une défaite de 4-1 à Atlanta, il avait affirmé que les Montréalais avaient été « détruits tactiquement », que l'adversaire semblait « à des années lumières » dans sa préparation et qu'il avait eu l'impression de l'affronter « avec un joueur en moins ».

La sortie, venant d'un vétéran toujours loquace mais respectueux de la ligne de parti, a marqué les esprits, d'autant plus que Piette l'a assumée sans broncher dans les jours, voire les semaines qui ont suivi. Il serait exagéré d'affirmer que le Repentignois a eu la tête de son entraîneur et il n'est pas question ici de suggérer qu'il s'agissait de son intention. On peut toutefois supposer que ses critiques ont contribué à le pousser un peu plus près du précipice.

Depuis que Losada s'était retrouvé au chômage, la question nous démangeait. Avec le recul, Piette avait-il l'impression d'être allé trop loin? Changerait-il quoique ce soit à sa livraison si c'était à refaire?

« Zéro. Pareil. Même affaire », répond-il sans hésiter lorsqu'on entame la discussion dans le lobby de l'hôtel où logera l'équipe pour les trois prochaines semaines.

« On n'était pas les seuls fautifs »

« Ça faisait une couple de matchs que ça allait plus ou moins bien pour nous, les résultats n'étaient pas là, enchaîne le numéro 6. C'était crunch time, dans le sens où la fin de la saison approchait et on n'allait pas chercher les résultats que ça nous prenait. Ça devenait de plus en plus important, on ressentait de plus en plus de pression. Et tu sais, je reconnais à 100% que nous, les joueurs, on a eu notre part de blâme à prendre sur cette fin de saison-là. On n'a pas été bons. »

« Mais je voulais le faire pour essayer de potentiellement enlever un peu de pression sur les joueurs. On commençait à manquer de temps pour faire les séries et oui, c'était à nous de livrer la marchandise. Mais je voulais juste laisser savoir au monde qui ne sont pas à l'interne qu'on n'était pas les seuls fautifs. Alors je ne le regrette pas. »

Piette reconnaît que son discours était gorgé d'émotion, qu'il venait des tripes, mais il apporte une nuance qu'il juge importante : il ne l'a pas livré sur un coup de tête. Le coup était prémédité, calculé.

« Tu sais, je ne suis pas arrivé dans le vestiaire avant pour dire : "Eille les gars, je m'occupe de vous autres, je sais que vous êtes tous d'accord..." Je n'en ai parlé à personne. 

Oui, après le match on se parle un peu. Des fois, ça prend cinq minutes avant d'aller voir [les médias], des fois c'est 20 minutes. Même si ça avait été une minute après, sans avoir parlé aux autres, je l'aurais dit quand même. »

« Je suis content de mes propos dans le sens que c'était réfléchi, c'était pensé. Ça faisait longtemps que c'était le ressenti, autant le mien que celui du groupe, que ça n'avançait pas et qu'il y avait des trucs qui fonctionnaient plus ou moins. Ça a sorti à ce moment-là parce que j'étais fâché de mon match et de la situation de l'équipe. »

L'histoire a-t-elle pris des proportions plus grandes qu'il ne l'avait prévu?

« Ce n'était pas une déclaration juste pour faire du bruit. Ça en a mené large, on en parle encore aujourd'hui. Hernán n'est plus là. Est-ce que c'est à cause de ça? Je ne pense pas. Je ne sais pas si Olivier [Renard], ou peu importe qui a pris la décision, s'est dit : "si Sam dit ça, et qu'il est en quelque sorte le messager de son vestiaire, ça en dit gros". Moi, dans le moment, je pensais que c'était opportun de le faire, que c'était important. Ça a fait beaucoup jaser, mais je pense que ça devait être fait, autant pour nous que pour l'organisation. »