Sous la pluie, le CF Montréal se prépare à affronter « Messi et ses amis »
MONTRÉAL – C'était frisquet dans la métropole mercredi matin. Pas assez pour empêcher le CF Montréal de s'entraîner dehors, mais assez pour rendre méconnaissables les plus frileux, qui pendant deux grosses heures de travail ont à peine laissé entrevoir leurs yeux entre leur tuque et leur cache-cou.
« Je ne déteste pas ça, confiait la recrue Grayson Doody, un petit gars de la Californie qui avait l'air un peu crispé à son entrée au Centre Nutrilait. Il y a quelque chose là-dedans qui vous endurcit. J'aime bien. »
Les Montréalais seront au chaud en fin de semaine. Mais ils auront aussi besoin de dureté. De beaucoup de dureté.
Prochain arrêt de la longue tournée nord-américaine qui précède l'inauguration de leur saison locale : Miami. Une ville qui rime avec le nom d'un petit joueur argentin qui, pardonnez-nous cette autre incursion dans le champ lexical météorologique, y fait la pluie et le beau temps depuis qu'il y a été recruté.
La dureté se définit de plusieurs façons, selon le Larousse. « Caractère de ce qui est dur, de ce qui résiste au choc, à la pression », propose d'abord notre référence linguistique. « Caractère de ce qui est pénible à supporter », aussi, ou encore « caractère intransigeant d'une action ».
Le CF Montréal devra personnifier tout ça pour avoir des chances de vaincre l'Inter Miami ce dimanche.
Le premier défi en sera un de détachement. Jouer contre « Messi et ses amis », comme Samuel Piette s'est amusé à baptiser l'Inter Miami mercredi, viendra assurément titiller l'admirateur fini qui sommeille dans les tripes de certains joueurs.
« À la base, je suis un grand fan de Barcelone, alors c'est sûr que d'affronter ces joueurs-là qui ont joué pour mon club préféré, qui ont connu énormément de succès sur la scène internationale, qui font partie des meilleurs joueurs de l'histoire du sport, ça va être particulier », ne cache pas Piette.
Natif de l'Uruguay, Matías Cóccaro a grandi en suivant les exploits de Diego Forlán, Luis Suárez et Edinson Cavani. Des trois, il admet avoir eu un faible pour Suárez, qu'il pourrait croiser sur le terrain dans quelques jours.
« Je m'identifie beaucoup à son style de jeu, je sens aussi que sa personnalité est très semblable à la mienne. Quand vous allez me voir jouer, vous allez vous rendre compte que nous avons beaucoup de similitudes », nous avait-il dit lors d'une longue discussion au camp d'entraînement de l'Impact à Orlando
« C'est certain que de pouvoir partager un terrain avec mon idole uruguayenne, ça me remplirait de fierté. Je suis très reconnaissant envers la vie pour cette opportunité de réaliser un rêve. »
Un match « comme les autres »
Pour avoir des chances de soutirer un résultat d'un troisième déplacement consécutif, les joueurs du Bleu-blanc-noir devront toutefois rapidement trouver le moyen de renvoyer leurs sentiments au vestiaire. Piette parle de l'importance de se préparer froidement pour « un match comme un autre ».
« Peut-être que pendant quelques secondes, voire quelques minutes au début du match, quand on va être sur le terrain avec ces joueurs-là, on va être un peu éblouis [starstruck]. Mais après, quand le match va commencer et qu'on va trouver notre rythme, je pense que tout le monde va revenir à la tâche, à ses responsabilités. »
Miami ne s'est pas montré invincible depuis le lancement de la saison 2024. Après avoir disposé de Real Salt Lake 2-0 en ouverture, les Roses ont joué de chance pour soutirer un nul au Galaxy de Los Angeles. Mais leur dernière performance donne froid dans le dos : une dégelée de 5-0 servie aux Lions d'Orlando, une équipe considérée comme l'une de leurs plus sérieuses oppositions dans l'Association Est.
Suárez a marqué deux buts et en a préparé deux autres. Messi en a marqué deux. Tout ça sur seulement six tirs cadrés, signe que contre une pareille armada, la moindre erreur ne pardonne pas.
Le CF Montréal, lui, se démarque par la solidité de sa défensive en ces premières semaines de l'ère Laurent Courtois. Il a lui aussi blanchi Orlando pour commencer sa saison et a su résister aux assauts de Dallas pour mettre en banque une première victoire la semaine dernière. L'étanchéité de son rideau défensif, combinée à la grande forme du gardien Jonathan Sirois, est source d'optimisme à l'aube d'un périlleux périple.
« Ça va être difficile, mais je pense que justement notre force, ce n'est pas l'individualisme, mais vraiment notre groupe, s'encourage Piette. Ça va être à nous d'être super solidaires, de faire les efforts les uns pour les autres. On ne joue pas un style qui est homme à homme, on est plus dans un genre de zone. On se parle beaucoup, la communication est importante pour se passer des joueurs, faire en sorte qu'on ne court pas pour rien non plus. Ça va être un peu la même stratégie. »
Autre source d'espoir pour Montréal : l'Inter Miami sera à Nashville jeudi pour un match de Coupe des Champions de la CONCACAF. Cette présence sur deux tableaux pourrait l'inciter à reposer certains joueurs pour la quatrième journée de la MLS.
Il s'agira du premier match du CF Montréal contre Miami depuis l'arrivée de Messi en MLS. La saison dernière, les deux équipes s'étaient affrontées en février et en mai.
La troupe de Laurent Courtois affichait presque complet à l'entraînement de mercredi. Outre Kwadwo Opoku, qui a semblé se blesser sérieusement dans la victoire à Dallas, seul le défenseur George Campbell était absent. Dominic Iankov, qu'une blessure avait empêché de voyager au Texas, et Cóccaro, qui n'avait pu terminer la première demie, étaient des participants actifs à la séance.