Trois matchs, sept points et l'importance de la profondeur
MONTRÉAL – Depuis le début de la saison, Laurent Courtois ne rate pas une occasion d'insérer dans la conversation les joueurs qu'il laisse sur le banc, ceux qui ne sont même pas en uniforme et même les membres de son groupe d'adjoints. Le geste peut paraître banal, mais tous ses prédécesseurs n'ont pas eu la même considération pour les options mises à leur disposition.
Il est clair que pour l'entraîneur-chef du CF Montréal, il est impératif que tout le monde se sente vu et valorisé. Et après trois matchs, ses travailleurs de l'ombre le lui rendent bien.
À Miami, Sunusi Ibrahim a inscrit le but vainqueur avant même d'avoir eu le temps de tacher ses crampons. Le jeune Nigérian a fait fructifier un effort de Josef Martínez, qui était entré à la mi-temps. On pourrait ajouter que l'action est partie du pied droit de Dominic Iankov, entré à la 70e, qui avait aussi provoqué la faute qui avait mené au but sur coup franc de Matías Cóccaro trois minutes plus tôt.
Victor Wanyama et Raheem Edwards, les autres substituts utilisés par Courtois, ont fait du solide boulot défensif dans l'acquisition de trois précieux points contre les anciens du Barça. Sans compter la prestation du jeune défenseur central Fernando Álvarez, qui a brillamment relevé George Campbell dans le XI partant.
Ce véritable travail d'équipe était la continuation de ce qui avait été observé dans les semaines précédentes quand, chacun à leur façon, Martínez, Kwadwo Opoku et Jules-Anthony Vilsaint avaient su se faire remarquer après que leur numéro soit apparu sur le tableau du quatrième officiel.
Le défenseur Joel Waterman, qui a été au cœur de l'action pour les 270 minutes jouées par son équipe, pousse un soupir d'admiration lorsqu'on le questionne sur l'importance d'une telle complémentarité entre titulaires et remplaçants. « Il n'y a rien de plus important (It's everything) », répète-t-il.
« On a des joueurs de qualité qui méritent d'être sur le terrain. Chacun aborde chaque journée avec l'approche consciencieuse d'un partant. Pour nous, les gars qui obtiennent jusqu'ici la majorité des minutes, c'est une grosse source de confiance. On sait qu'ils seront capables de faire le travail et de faire une différence chaque fois qu'ils seront appelés. C'est ce qu'on a vu contre Miami, tout le monde a pesé sur le match. C'est fantastique de voir ça. C'est la marque des équipes championnes. »
Courtois, dont l'embauche a été annoncée un mois et demi avant le début de la saison, est encore en train de se familiariser avec les joueurs qu'il a sous la main. « On apprend tous à se connaître », dit-il. En ce sens, le contexte lui est favorable : tout le monde veut se montrer sous son meilleur jour devant un entraîneur fraîchement entré en poste.
Mais réduire à un simple effet de nouveauté le rendement d'autant d'individualités impliquerait d'ignorer un chapitre important du livre de Courtois.
« Pour moi, ça a toujours été une priorité d'impliquer le plus de gens possible le plus souvent possible, a expliqué Courtois jeudi. Malheureusement, on ne peut pas faire jouer tout le monde et donner des opportunités à tout le monde, mais au moins on essaie de faire en sorte qu'on leur a porté assez d'attention et donné assez d'outils pour être performants quand c'est leur tour. »
La réflexion que Courtois souhaite que ses joueurs gardent en tête rappelle le célèbre discours d'un ancien président américain : « ce n'est pas tant "combien de fois tu vas jouer?", mais "qu'est-ce que tu vas faire avec le temps qui va t'être donné?"», nuance-t-il.
« On essaie de les sensibiliser, de les responsabiliser parce qu'au bout du compte, ce sont eux qui donnent la mentalité du groupe. Je n'ai pas encore pu donner des occasions à certains comme j'aimerais le faire. Je veux juste qu'ils soient prêts quand ça sera leur tour. »
« Après, c'est à moi et au staff de les fédérer pour qu'ils sentent que c'est vrai. »
Martinez : « Il faut lui laisser le temps »
Outre le fait que ses six premiers matchs sont sur la route, le CF Montréal profite d'un calendrier plutôt clément pour commencer la saison. Après son match à Chicago dimanche, il bénéficiera d'une semaine de congé et ne rejouera pas avec le 30 mars à Washington. Son premier match en milieu de semaine n'est pas prévu avant la mi-mai.
Dans ces circonstances, et en supposant que son collectif demeure relativement en santé, il sera intéressant de voir comment Courtois s'y prendra pour intégrer des vétérans comme Wanyama et Edwards, auxquels il a jusqu'ici préféré Samuel Piette et Ariel Lassiter. Ses prochains choix sur la ligne arrière entre George Campbell, Joaquín Sosa et Álvarez sont également difficiles à prédire.
La rotation dans le secteur offensif contient aussi sa part d'intrigue. Acquis à grand bruit au milieu du camp d'entraînement, Josef Martínez n'a pas encore joué plus de 46 minutes dans un match. Son impact n'a quand même pas été banal : un but et une passe décisive en 114 minutes.
Quand on lui a demandé si sa gestion de son attaquant vedette était reliée à sa forme physique ou si elle était basée sur des considérations purement sportives, l'entraînement a répondu : « Un peu de tout ça. »
« On sait qu'il fait des choses différentes des autres. Il faut aussi lui laisser le temps. Il a eu une grosse période d'arrêt et il est en train de digérer la charge de travail, l'aspect mental, le déménagement. Il y a beaucoup d'éléments et un peu de personnel aussi. Donc il faut lui laisser le temps. Mais bien sûr qu'on a tous hâte d'avoir la version de Josef qu'on connaît. »
Courtois a été plus concis dans sa mise à jour de l'état de santé de Campbell et Nathan Saliba, offrant un simple « ça va mieux » avant de passer à la prochaine question.