CF Montréal : une constance bienvenue, mais encore fragile
MONTRÉAL – Le Canadien a eu son mot en « P », il y a un an, pour désigner un objectif que sa direction n'osait pas viser ouvertement. Chez le CF Montréal, la saison 2024 pourrait être définie par le mot en « C » : constance.
Constance dans les résultats, mais aussi dans l'identité des joueurs qui étaient envoyés au front pour les récolter. Dans les deux cas, elle a été absente. Et pour plusieurs, la corrélation entre ces deux réalités est évidente. Si l'Impact a été incapable d'accumuler les résultats positifs, c'est que l'entraîneur Laurent Courtois a peiné à façonner un groupe de titulaires capable de répéter, d'une semaine à l'autre, les performances constructives.
Ces mauvaises langues ont de nouveaux arguments depuis une semaine. Pour une rare fois cette saison, Courtois a reconduit la même formation pour des matchs successifs à domicile contre Charlotte et Chicago. Ses joueurs ont répondu avec deux victoires salvatrices en pleine lutte pour une place en éliminatoires.
Le gardien Jonathan Sirois a lui-même vanté les vertus de la stabilité quand, dans une éclairante énumération des clés des récents succès de son équipe, il a noté : « Je pense qu'une des plus grosses choses aussi, c'est que pour une des rares fois cette année, [le trio de défenseurs] est resté le même. Pour moi, ça a fait énormément de bien et pour les gars aussi je pense. Ça fait en sorte que de match en match, tu gardes une certaine constance. »
En effet, les trois derniers matchs du CF Montréal ont été caractérisés par la présence de Gabriele Corbo, Fernando Alvarez et George Campbell en défense centrale. C'est la première fois depuis le mois de mars que le dernier rempart demeure inchangé sur une aussi longue période.
Il est tentant de prendre ce constat et de l'ajouter au contexte pour assimiler cette autre citation de Sirois : « Je pense que d'un point de vue défensif, on est plus pragmatiques. On essaie de moins surfaire les choses. Quand on a besoin de dégager le ballon, que ça soit en corner ou en touche, il n'y a plus d'hésitation. Ça c'est du point de vue défensif. Après, je pense que d'un point de vue général, il y a plus de cohésion, il y a plus de communication aussi. »
Mais où certains voient dans cette continuité nouvelle une cause des résultats du moment, l'avocat du diable pourrait arguer qu'il en ressent plutôt la conséquence. Et si les joueurs, par leur réponse inspirante, avaient finalement convaincu leur entraîneur qu'ils étaient dignes de mandats répétés?
Parce qu'en plus des blessures qui ont miné son effectif pendant une bonne partie de la saison, Courtois n'a souvent pas été gâté par la qualité de la réponse de ses hommes à ses consignes.
Sirois, qui a pris le temps de rencontrer la presse pendant une quinzaine de minutes après l'entraînement de mercredi, a pris soin de soulever cette nuance lorsqu'on lui a demandé si cette conversation autour du onze partant dit « type » ne prenait pas des proportions un peu exagérées.
« Je pense qu'il y a toujours du positif à avoir une certaine constance dans les joueurs qui jouent, une certaine régularité. Mais là où il fait faire une distinction, c'est que ça doit venir avec une performance. Il faut performer pour pouvoir garder ça. Si t'as un XI type qui ne marche pas, ça ne sert un peu à rien. À l'inverse, si tu changes à chaque fois mais que tu continues à gagner des matchs, avoir un XI type ça ne sert pas à grand-chose. Donc je pense qu'il faut lui donner sa juste valeur. Ça ne sert à rien de trop en parler. Le plus important, c'est d'avoir des joueurs sur le terrain qui sont performants et qui sont surtout confiants. »
Les pieds sur terre
Forts d'une récolte de sept points sur les neuf qui étaient à leur portée dans la dernière semaine, les joueurs du CF Montréal se sont entraînés dans une allégresse palpable mercredi. Les effets de la victoire ne se font pas ressentir qu'au classement.
« Maintenant qu'on a un peu de succès, il faut en profiter », a dit Sirois, tout de même désireux de rester prudent. « Il faut surtout essayer de rester rationnels, les deux pieds sur terrain, parce qu'on sait qu'on a encore beaucoup de travail à faire. »
La vérité, c'est qu'une partie des récentes réussites montréalaises s'explique par la qualité de l'adversaire qui lui était proposé. Le Revolution de la Nouvelle-Angleterre et le Fire de Chicago sont les cancres de l'Association Est. Des cibles logiques pour une équipe qui dit aspirer aux séries. De la même façon, les Earthquakes de San Jose, qui débarqueront au Stade Saputo samedi avec le pire dossier de la MLS, doivent être pris au sérieux et considérés sans aucune pitié.
Sirois se souvient d'équipes négligées qui lui ont fait la vie dure, dans un contexte où l'erreur ne pardonnait pas, pendant ses deux saisons en Première Ligue Canadienne. Il puise des avertissements similaires dans les derniers matchs de son équipe.
« Avant de faire 2-2 en Nouvelle-Angleterre, ils nous ont battu 5-0 à la maison. Moi, ce n'est pas quelque chose que j'ai oublié. Contre Chicago, on a bien contrôlé le match, mais ça a été serré, on n'a pas largement dominé. Ça nous démontre qu'il ne faut pas prendre San Jose à la légère. »