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Départ d'Hernán Losada : une déconnexion difficile à expliquer

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MONTRÉAL – Dans un bilan de fin de saison bien garni en petites bombes en tous genres, Olivier Renard en avait lâché une qui illustrait avec une efficacité particulière l'écart qui s'était créé entre son entraîneur-chef de l'époque, Hernán Losada, et lui.

« C'est ce qui m'a marqué le plus en début de saison, [l'équipe jouait] un style de football qu'il n'était absolument pas prévu de faire, avait déploré le vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal. Je vous l'avais dit quand j'avais présenté Hernán, c'était quelqu'un qui normalement devait rentrer dans la continuité. Et au début de la saison, on a tout fait sauf ça. »

Cet étrange bégaiement entre la philosophie de jeu de Losada et celle du club qui l'a embauché aura été l'une des histoires d'une saison ratée qui aura finalement été la seule du tacticien argentin dans la métropole québécoise. Renard a enfoncé ce clou à maintes reprises en point de presse jeudi, quelques heures après l'annonce de la « fin de la relation professionnelle » entre l'Impact et le neuvième entraîneur de son histoire en MLS.

« Ma décision n'est pas basée sur le mécontentement des joueurs. C'est beaucoup plus large que ça. C'est le style de jeu qu'on voulait faire et que je n'ai pas assez vu », a notamment glissé le dirigeant belge au début de son échange avec les journalistes.

Comment expliquer qu'un tel malentendu se soit installé entre le principal messager du vestiaire et le grand patron des opérations soccer? Pourtant, depuis le premier jour de son règne, jamais Losada n'a été décrit comme un disciple du style de jeu que préconisait son prédécesseur. Alors que Wilfried Nancy aimait « cuisiner » patiemment l'adversaire en possession du ballon, Losada s'était bâti la réputation d'un coach qui aimait le jeu direct et rapide. Jamais le mot « verticalité » n'a été aussi souvent prononcé dans l'entourage du Bleu-blanc-noir.

Peu importe l'entente sur laquelle était basée la première poignée de main entre Renard et Losada, l'erreur n'a-t-elle pas été de courtiser un entraîneur qu'on allait chercher à dénaturer plutôt que de dénicher un profil qui cadrait sans ambigüité avec la continuité désirée?

« C'est sûr que c'est toujours difficile, quand tu parles avec quelqu'un, de pouvoir vérifier [ce qu'il dit] dans la minute suivante, s'est défendu le dirigeant belge. Évidemment que maintenant, avec dix mois de recul, oui on peut parler d'erreur. Mais "erreur" pour moi est un mot trop difficile à entendre parce que je le répète, je ne veux pas mettre toute la responsabilité sur Hernán. Mais c'est certain que [s'il avait fait] tout ce qui était prévu, on ne serait pas là à en parler maintenant. »

En résumant l'ère Losada, Renard s'est plaint d'une « préparation ratée » qui a mené à une récolte de trois sur les sept premiers matchs de la saison et à un match décisif à Columbus où « je pense qu'on n'a pas tout donné ». Il a réitéré que les résultats n'ont pas fait foi de tout dans sa décision, établissant une comparaison avec les écueils rencontrés lors de la première saison de Nancy à la barre de l'équipe.

« On n'avait pas remercié Wilfried parce qu'on voyait où on voulait aller et ça s'est vérifié lors de la deuxième année. Mais ici, il y a trop de détails importants qui manquent pour être presque certains qu'on risque d'avoir un changement l'année prochaine. »

« Un entraîneur est ici pour entraîner »

En ce qui concerne la suite, Renard a entonné le refrain de circonstance : la réflexion pour trouver le prochain entraîneur du CF Montréal est déjà entamée et aucune option ne sera négligée dans le processus. Que les candidats identifiés proviennent de la MLS, d'un autre championnat ou de l'équipe nationale canadienne – le nom de Mauro Biello a été suggéré dans une question du collègue Olivier Brett – les approches et les étapes subséquentes seront faites dans les règles de l'art.

L'élu pourrait-il venir de l'interne? « On va regarder toutes les possibilités, dit Renard. Il y a des gens aussi qui n'ont pas forcément l'envie de devenir coach. Je sais que des fois les gens de l'extérieur vont penser à "x" ou "y", mais cette personne est peut-être bien où elle est. Mais c'est vrai que ça peut être une solution aussi. »

Sebastián Setti, qui était arrivé à Montréal en compagnie de Losada, a lui aussi perdu son boulot dans la dernière opération. Renard a précisé que les contrats de l'entraîneur-adjoint Hervé Diese et du préparateur physique Barthélémy Delacroix arrivaient à échéance en décembre et que leur retour en 2024 allait dépendre des volontés du prochain entraîneur-chef.  

Le patron a aussi été clair sur ce point : il n'attendra pas d'avoir trouvé son homme avant de commencer la restructuration de son effectif en vue de la prochaine saison.

« C'est important de l'avoir le plus tôt possible pour préparer la saison, ça peut aider. Mais je l'ai déjà déclaré plusieurs fois, même l'année qui s'est très bien passée avec Wil, il n'est pas intervenu dans les choix de joueurs. C'est sûr que quand l'entraîneur est là, on lui propose. On l'a fait avec Hernán, il était d'accord sur tous les joueurs qui sont arrivés. Mais à la fin un entraîneur est ici pour entraîner, pas pour faire autre chose. »

Et entraîner en suivant les règles de la maison, oserait-on ajouter. Ne reste qu'à en trouver un qui saisira le message, ou que celui-ci sera transmis avec un maximum de clarté.