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CF Montréal : une éclosion et une déception pour Rida Zouhir

Rida Zouhir Rida Zouhir - Vincent Ethier
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Mise à jour

MONTRÉAL – Fin août au Stade Saputo. Le CF Montréal se bombe le torse alors que six joueurs québécois font partie de sa formation partante dans une victoire contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. À peu près à la même période, à des milliers de kilomètres de sa ville natale, le jeune Rida Zouhir fait un tabac en USL, le deuxième championnat de soccer en importance aux États-Unis.    

Au cœur de l'été, une semaine ne pouvait se conclure sans qu'une séquence mettant en vedette l'ancien académicien de l'Impact ne surgisse sur les médias sociaux. Entre le 8 juillet et le 17 août, il a cumulé cinq buts et deux passes décisives en sept parties. Dans la chaleur du Texas, c'était lui l'astre le plus brillant.

En repensant à cette période faste de la saison qu'il vient de passer en prêt au San Antonio FC, une saison au terme de laquelle il a été désigné comme l'un des meilleurs jeunes joueurs de sa ligue, mais qu'il a aussi terminée sur le banc, sans son mot à dire en matchs éliminatoires, Zouhir s'autoévalue froidement.

« Je dirais que je ne me prends pas la tête avec ça, assure le jeune homme de 19 ans pendant un entretien avec RDS. C'est le jeu des médias sociaux. Demain, si je ne suis pas performant, on dira peut-être de moi que je suis le pire joueur sur la terre. Il ne faut pas prendre ça à cœur. C'est le jeu et c'est comme ça. »

« Est-ce que je jouais mon meilleur foot? », répète-t-il pour lui-même devant notre insistance. « Je ne sais pas encore c'est quoi mon meilleur foot. Je suis encore jeune, ça va prendre encore du temps pour savoir tout ce que je sais faire, ce que je ne sais pas faire, où je me sens à l'aise, là où je ne me sens pas à l'aise. Mais c'est sûr que quand tu enchaînes les minutes, il n'y a que le meilleur qui peut ressortir. »

Les minutes, le nerf de la guerre pour tout jeune joueur. C'est ce qui a convaincu Zouhir d'aller voir ailleurs. On ne lui avait donné que des miettes en 2022. C'était mieux parti cette année. Hernán Losada l'avait notamment titularisé pour le premier match à domicile. Qui sait s'il aurait éventuellement bénéficié de l'ouverture du stratège argentin à envoyer ses joueurs locaux dans la mêlée?

Zouhir reste vague sur les raisons qui l'ont motivé à partir en avril plutôt qu'à la fin du camp d'entraînement. Il remet aussi entre les mains de son agent sa décision d'avoir opté pour l'USL plutôt que la Première Ligue canadienne, que plusieurs jeunes coéquipiers au CF Montréal avaient pourtant déjà testée comme tremplin.

Peu importe, l'avenir lui a souri. Il a foulé le terrain environ deux semaines après son arrivée dans sa nouvelle équipe et s'y est dès lors imposé comme un incontournable.  

« Dès que je suis arrivé, on m'a mis dans le bain. On m'a donné beaucoup de responsabilités. La première phrase qu'on m'a dite c'est : "Rida, on veut que tu te sentes bien ici, fais-nous gagner". Et je pense que ça n'a pas été trop mal, ça a été plutôt bien. On n'a pas été capable de gagner le championnat et les séries, mais je dirais que je n'ai pas eu besoin de m'intégrer. J'ai été un peu surpris, quand même, parce que je me disais peut-être qu'aux États-Unis, dans une nouvelle culture, ça allait peut-être prendre du temps. Et finalement, premier match à la maison, je marque et j'ai été très aimé des supporteurs là-bas. J'avais ma petite section, la section 112, qui criait mon nom pendant que je prenais les corners. »

Une fin en queue de poisson

Zouhir a terminé sa saison avec 25 matchs, dont 20 sur le onze partant, et 1755 minutes au compteur, exactement ce qu'il cherchait pour justifier son exil. Sa contribution aux succès de son équipe a été indéniable : il a marqué huit buts et ajouté quatre passes décisives.

« Est-ce que ça aurait pu être mieux? Ouais, c'est sûr que ouais, juge-t-il, reconnaissant avec humilité que derrière les chiffres et les images tape-à-l'œil se cachent toujours des travers sur lesquels plancher. Mais j'ai appris, j'ai beaucoup appris. »

Le temps de jeu de Zouhir a commencé à baisser en fin de saison. Il a commencé les deux derniers rendez-vous du calendrier régulier sur le banc. En éliminatoires, l'entraîneur-chef Alen Marcina n'a même pas fait appel à ses services. Zouhir résume cette rétrogradation en trois mots : choix du coach.

« Cinq jours avant le premier match de playoffs, changement de formation, explique-t-il. On retire le [milieu central] pour jouer avec deux [milieux défensifs] et trois attaquants. Pour vrai, c'est sûr que ça a fait un peu mal après toute la saison. T'as envie de jouer les matchs importants, t'as envie de jouer ces matchs de séries. Mais je ne lui en veux pas. Il a pensé que c'était peut-être la meilleure option, de jouer un dispositif plus défensif. Je suis parti en bon terme. »

Champions de la saison régulière et des séries éliminatoires il y a un an, le San Antonio FC a terminé sa saison 2023 avec une seule victoire en dix matchs et a été éliminé en demi-finale d'association. Nous avons tenté d'entrer en contact avec Alen Marcina pour discuter de la saison de sa recrue montréalaise, mais nos démarches n'ont pas produit de résultat.

Qu'est-ce que tout ça veut dire pour l'avenir de Rida Zouhir? Le jeune milieu de terrain affirme qu'il aimerait faire partie des plans du CF Montréal en 2024 comme ce fut le cas pour Mathieu Choinière, Nathan Saliba, Jonathan Sirois et tant d'autres Québécois dans la dernière année. Mais dans le contexte d'incertitude dans lequel le club a entamé son entre-saison, qui pourrait le blâmer de ne pas en savoir plus?

« Je ne sais pas encore c'est quoi mon meilleur foot à Montréal, mais j'espère être capable de le montrer dans le futur. On verra comment ça se passe parce que c'est ça le foot, on ne sait jamais quand ça va être ton temps. Mais quand ça l'est, il faut y aller. »